Motion M-241 :
M. Mauril Bélanger (Ottawa--Vanier, Lib.)

37e Législature, 1ère Session
HANSARD RÉVISÉ • NUMÉRO 117
Le jeudi 22 novembre 2001

LES ACADIENS

[Français]

M. Mauril Bélanger (Ottawa--Vanier, Lib.): Monsieur le Président, j'ai suivi attentivement les trois heures de débat sur la motion M-241. D'emblée, je dois dire que je suis d'accord avec les commentaires de la députée de Churchill et du député de Richmond--Arthabaska, à savoir que ce n'est pas parce qu'une motion émane du Bloc québécois qu'il faut s'y opposer.

Mauril Bélanger

Je rejoins leurs commentaires sur cette question. J'espère que mes collègues d'en face accepteront que, quel que soit mon vote, mardi, si je devais voter contre, ce ne serait pas parce qu'il s'agit d'une motion présentée par un député du Bloc québécois, tout comme si je décidais de voter en faveur. Mais nous verrons à ce moment-là.

J'aimerais parler brièvement du cheminement de la motion, car je pense que c'est important pour comprendre le contexte dans lequel nous nous retrouverons mardi.

Le député de Verchères--Les-Patriotes a déposé cette motion, son nom ayant été tiré au sort, et la première heure de débat a eu lieu au printemps. Nous avons reconnu, à ce moment-là, lui y compris, qu'il n'y avait pas eu de consultations, qu'il avait fait cela sans vraiment chercher l'aval de la communauté acadienne.

Je dois féliciter le député pour le travail qu'il a fait durant l'été. Il est allé visiter les communautés acadiennes, leur présenter sa motion, les inviter à en débattre, et il est revenu avec un certain appui. Il ne faudrait pas exagérer; mon collègue de Repentigny parlait de 92 p. 100. Il faut savoir que c'est 92 p. 100 de 140 interventions. Il ne faut pas exagérer, il faut faire la part des choses.

Je pense que là où le gouvernement a manqué à sa tâche, s'il était contre cette motion, c'est de ne pas être allé sur le terrain lui-même, cet été, et de faire le même genre de travail qu'a fait le député de Verchères--Les-Patriotes. Le gouvernement ne l'a pas fait; le député de Verchères--Les-Patriotes est allé chercher un certain appui, il faut le reconnaître.

J'ai également suivi la deuxième heure de débat sur cette motion. Des arguments intéressants ont été mis de l'avant.

J'ai aussi suivi le débat d'aujourd'hui. Je dois dire que j'abonde dans le sens des propos du député de Beauséjour--Petitcodiac qui affirme essentiellement que l'ère des excuses est révolue.

C'est personnel, et j'en ai discuté avec des gens de l'Acadie au cours des dernières semaines, mais j'aurais de beaucoup préféré que l'on respecte ce qui se produit présentement en Acadie, cette vivacité, ce désir d'aller de l'avant. Au lieu de demander des excuses ou autre chose, selon l'amendement proposé, le gouvernement du Canada, avec la Société nationale des Acadiens et ses composantes, pourrait inviter la reine à venir célébrer la vitalité de la communauté acadienne, peut-être lors du troisième Congrès mondial des Acadiens, qui aura lieu en 2004, à Grandpré.

À mon avis, cela aurait été tellement mieux, tellement plus subtil aussi, tellement plus élégant de le faire ainsi. Malheureusement, ce n'est pas le cas.

Le député de Verchères--Les-Patriotes aura l'occasion de conclure le débat. Je l'invite à considérer cela. D'ici à ce que l'on vote sur la motion, mardi, il y a peut-être moyen d'aller chercher un consentement unanime pour changer le sens de la motion, pour aller dans un sens positif, vers l'avenir, ce que nous dit d'emblée la communauté acadienne. Je pense que tout le monde peut être d'accord là-dessus.

On verra à ce moment-là. J'espère qu'il aura une chance de considérer cette suggestion. Je voterais volontiers en faveur d'une telle motion. Mais, en passant, même si elle est amendée, je ne suis pas convaincu que celle-ci soit adoptée lors du vote par appel nominal mardi prochain. On verra à ce moment-là. J'attends les propos de conclusion du député pour décider de la façon dont je vais me prononcer sur cette question.

Même si la motion, telle qu'amendée, était rejetée par cette Chambre, cela ne veut dire qu'il n'y a pas place à une initiative. Ce que je respecte le plus de la communauté acadienne, que ce soit celle du Nouveau-Brunswick, de l'Île-du-Prince-Édouard ou de la Nouvelle-Écosse, c'est la vitalité et le désir d'aller de l'avant.

J'aimerais suggérer deux ou trois initiatives, et j'espère que quelqu'un écoute, que ce soit le gouvernement ou les fonctionnaires du ministère du Patrimoine, pour les mettre de l'avant.

Premièrement, j'aimerais voir, en 2004, une tournée nationale, peut-être même internationale, des talents artistiques musicaux que l'on retrouve en Acadie. Il pourrait y avoir ceux que l'on connaît déjà, comme Angèle Arseneault, Edith Butler, Marie-Jo Thériault, ou des groupes comme «1755», Barachois, et un des tout derniers, Zéro Degré Celsius. On pourrait faire une tournée nationale ailleurs au pays. Ce sera l'année où on reconnaîtra le 400 e anniversaire de la francophonie au Canada; eh bien, lors du Festival franco-ontarien, ici, à Ottawa, ce serait le fun d'inclure le thème acadien.

On pourrait faire la même chose au Manitoba, au Yukon et à Vancouver, en Colombie-Britannique, pour faire valoir la richesse de cette culture et de cette communauté artistique qui se manifeste de plusieurs façons très intéressantes et très alléchantes. C'est ma première suggestion.

Ma deuxième suggestion est celle qui a été présentée par une sénatrice de l'autre Chambre. Je ne sais pas, monsieur le Président, si je peux l'identifier. Je vais le faire et vous me réprimanderez. Il s'agit de la sénatrice Losier-Cool. Elle suggère qu'on fasse du 15 août, qui est la Journée nationale des Acadiens, une fête nationale. Je suis d'accord avec cela.

Je pense qu'il faudrait, comme on le fait pour le 24 juin, reconnaître la valeur symbolique de cette journée du 15 août pour la communauté acadienne. Qu'on le fasse et pas seulement en Acadie, mais également ici, à Ottawa, peut-être sur le parterre du Parlement, d'une façon ou d'une autre. Je pense qu'il serait approprié, selon la suggestion de la sénatrice, de célébrer cette Acadie et de ne pas le faire seulement en Acadie.

Je présente ici ma troisième suggestion. C'est un peu saugrenu, me dira-t-on, mais il y a deux ans, le 15 août, j'ai eu l'occasion de me rendre à Caraquet où j'avais entendu parler de ce qui s'appelle le Grand Tintamarre. On m'avait dit que des gens se réunissaient dans la rue pour faire du bruit. À Caraquet, il y a environ 4 500 ou 5 000 habitants. Le 15 août, à 18 heures, on ferme un grand bout de rue devant l'hôtel de ville. Là, se réunissent de 15 000 à 20 000 personnes, soit quatre fois la population de Caraquet, qui font du bruit pendant une heure. Quand j'y suis allé, il y avait notamment le maire de Caraquet, le député de Acadie--Bathurst et le premier ministre Lord.

Au début, j'avoue que c'était un peu bizarre de voir ces 15 000 ou 20 000 personnes faire du bruit et un tapage d'enfer avec tous les instruments imaginables et inimaginables. Au bout de quelques minutes, on embarque dans le jeu. Cela devient un défoulement collectif, une célébration collective. J'aimerais qu'on le fasse sur le parterre du Parlement. On fait beaucoup de bruit ici, mais je pense que ce jour-là, ce serait un bruit différent, un bruit d'entrain, qui signifierait la volonté de reconnaître, d'applaudir et d'encourager cette communauté acadienne qui, en fin de compte, est la nôtre.

Ce sont des idées que je voulais mettre de l'avant. Je suis axé sur des idées positives et sur l'avenir. Je reconnais la valeur des commentaires de mon collègue qui dit que l'ère des excuses est révolue. Je peux comprendre qu'il y en a qui s'accrochent à cela et qui préfèrent des excuses formelles. Personnellement, ce n'est pas une opinion que je partage. De me faire dire par la suite que c'est parce que cela vient de tel endroit, je n'accepte pas ce genre d'argument. J'espère que mes collègues le réaliseront.

À mon avis, il aurait été préférable que l'initiative, quelle qu'elle soit, vienne de la communauté acadienne. Je pense que tous les députés peuvent se rejoindre à cet égard.

Mon collègue, le député de Verchères--Les Patriotes, dit qu'il est prêt à partager sa motion, qu'il est prêt à la céder à quelqu'un d'autre, mais uniquement si elle demeure essentiellement la même. Il y aurait peut-être une volonté de voir quelque chose de plus positif. J'espère qu'il acceptera cette notion. Je la lui présente de bonne foi. Je pense qu'il y a un désir à la Chambre de refléter la volonté de la population acadienne de cette façon. S'il voulait le faire, je pense que cela serait de bonne guerre. Je l'invite donc à cette réflexion.

Je remercie mes collègues d'avoir accepté de m'accorder le temps nécessaire, comme à mon collègue de Repentigny, pour faire part de ces quelques propos.

M. Stéphane Bergeron: Monsieur le Président, j'invoque le Règlement. Dans ce même esprit de collaboration qui a présidé à la décision d'accorder du temps supplémentaire pour que nos collègues de Ottawa--Vanier et de Repentigny puissent prendre la parole, je tiens à mentionner qu'il ne reste qu'un seul député à vouloir s'exprimer sur la question, soit notre collègue de South Shore. Je demande une fois de plus le consentement unanime de la Chambre pour permettre à ce dernier de pouvoir s'exprimer sur cette question.

Le vice-président: Y a-t-il consentement unanime de la Chambre?

Des voix: D'accord.

Des voix: Non.

Le vice-président: Comme il est 16 h 50, la période réservée au débat sur cette motion est expirée.

La Chambre est-elle prête à se prononcer?

Des voix: Le vote.

Le vice-président: Le vote porte sur l'amendement. Plaît-il à la Chambre d'adopter l'amendement?

Des voix: D'accord.

Des voix: Non.

Le vice-président: Que tous ceux qui appuient l'amendement veuillent bien dire oui.

Des voix: Oui.

Le vice-président: Que tous ceux qui s'y opposent veuillent bien dire non.

Des voix: Non.

Le vice-président: A mon avis, les oui l'emportent.

Et plus de cinq députés s'étant levés:

Le vice-président: Conformément à l'ordre adopté le mardi 20 novembre 2001, le vote par appel nominal est différé jusqu'au mardi 27 novembre 2001, à la fin de la période prévue pour les questions orales.

Conformément à l'ordre adopté le 31 octobre 2001, la Chambre s'ajourne jusqu'au lundi, 26 novembre 2001, à 11 heures, conformément à l'article 24 du Règlement.

(La séance est levée à 16 h 53.)

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