Motion M-382 :
: M. Ken Epp (Elk Island, Alliance canadienne)

37e Législature, 2e Session
HANSARD RÉVISÉ • NUMÉRO 123
Le vendredi 19 septembre 2003

Les préjudices causés au peuple acadien

[Traduction]

Ken Epp

M. Ken Epp (Elk Island, Alliance canadienne): Madame la Présidente, je n'avais pas vraiment l'intention d'intervenir dans le débat sur cette motion, mais un certain nombre de pensées m'ont traversé l'esprit au cours des dernières minutes et, avec votre permission, j'aimerais les partager avec vous.

Tout d'abord, je me suis rappelé avoir vu le film Racines il y a un certain nombre d'années. Je ne sais pas si ceux qui appartiennent à la plus vieille génération s'en souviennent. Je me suis rappelé le traitement brutal infligé aux noirs d'Afrique lorsqu'ils étaient capturés pour être vendus comme esclaves. Je me souviens d'être allé au travail le lendemain; j'enseignais alors au Alberta Institute of Technology. Il y avait un certain nombre d'étrangers qui étudiaient à cet établissement et, en apercevant un étudiant noir, j'ai senti le besoin d'aller vers lui, de le serrer dans mes bras et de lui dire ceci: «Arriverez-vous un jour à nous pardonner, nous les blancs, de ce que nous vous avons fait?» C'est vraiment ce que je ressentais, même si je n'étais pas présent lors de ces événements et que je n'avais rien fait. J'ai senti le besoin de lui dire: «Je suis désolé de ce qui s'est produit et je tenais à ce que vous le sachiez.»

Je réfléchissais aussi, ces dernières minutes, à l' expérience qu'a vécue ma propre famille. En un sens, je souhaiterais sans doute que le peuple russe présente des excuses à ma famille et à moi pour avoir abattu trois frères de mon grand-père, mais je me souviens aussi que ma grand-mère, la belle-soeur des hommes qui ont été tués disait: «Nous devons continuer à vivre. La seule chose que nous puissions faire, c'est de pardonner et de continuer à vivre.» Elle revenait souvent sur le bonheur qu'elle éprouvait d'avoir pu venir au Canada avec sa famille. Je suppose qu'au fond d'eux-mêmes, mes grands-parents n'éprouvaient ni haine ni rancoeur pour ce que le peuple russe leur avait fait.

En somme, il faut toujours garder le juste milieu. Il est vrai que nous ne pouvons pas récrire l'histoire. Il est probablement vrai que ces choses sont arrivées, mais je crois que nous devons sincèrement regretter les déplorer et espérer qu'elles ne se reproduisent pas. Je pense que nous devons nous concentrer sur l'avenir, tout en faisant preuve d'un grand respect pour nos semblables.

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