[L'ACADIE NOUVELLE] : Grand Dérangement : Bergeron souhaite qu'Ottawa s'approprie le projet d'excuses

Philippe Ricard, L'Acadie NOUVELLE - 13 août 2001

MONCTON - Le député bloquiste, Stéphane Bergeron, invite ses collègues libéraux à la discussion, dans le dossier des excuses officielles de la Couronne britannique pour les préjudices causés au peuple acadien lors de la Déportation. De plus, il souhaite que les libéraux cessent les procès d'intention à son égard.

Si Stéphane Bergeron savait que la motion privée qu'il a déposée en mars dernier ne recueillerait pas l'unanimité en Acadie, il était cependant loin de se douter qu'il aurait à affronter autant de résistance chez les députés acadiens. Mis à part l'appui du néo-démocrate Yvon Godin, tous les députés acadiens (libéraux) ont dénoncé vertement son initiative, l'accusant au passage d'être «un séparatiste», «un paternaliste» et «un tuteur autoproclamé». De l'avis du député de Verchères-Les Patriotes, il est temps que les députés libéraux cessent les procès d'intention à son égard, puisqu'ils ne servent qu'à envenimer le débat et non à l'alimenter. «Il y a un constant procès d'intention qui m'est fait depuis l'intervention (à la Chambre des communes) de M. Castonguay, au mois de mars dernier. Ces gens-là n'ont jamais pris la peine de discuter avec moi. Ils vous répondront que je n'ai jamais pris la peine de discuter avec eux non plus. Mais il n'en demeure pas moins que je n'ai jamais voulu prêter des intentions à qui que ce soit lorsque j'ai entrepris ces démarches», soutient-il. «Cessons les procès d'intention parce que ça ne s'appuie sur rien. Il faut que nous nous parlions, et il faut que nous faisions en sorte de travailler pour le meilleur intérêt du peuple acadien», ajoute le député bloquiste.

Discussion Pour Stéphane Bergeron, le fait que la Société nationale de l'Acadie ait décidé, le 2 juin, d'appuyer sa motion (elle qui s'y opposait initialement), prouve que de bonnes délibérations peuvent permettre une meilleure compréhension. «Avec la SNA, l'expérience a démontré que la meilleure façon d'éviter les malentendus et les mauvaises interprétations, c'est de s'asseoir et de discuter dans le blanc des yeux pour finalement arriver à se comprendre.» Dans une lettre rédigée en réponse aux propos tenus le mois dernier par la ministre du Travail, Claudette Bradshaw, M. Bergeron exprime le souhait que ses collègues libéraux laissent de côté les querelles médiatiques pour se pencher plus sérieusement sur la question des excuses officielles de la Couronne britannique. «Au fond, la véritable motivation de cette lettre-là c'est de dire: Écoutez madame la ministre, on peut bien se chicaner dans les médias indéfiniment, mais la meilleure chose à faire dans les circonstances c'est peut-être que nous nous rencontrions avec les gens de la SNA et les autres députés intéressés par la question», estime le député du BQ. À ses yeux, les réactions négatives émises par Claudette Bradshaw, Robert Thibault, Dominic LeBlanc et Jeannot Castonguay face à la demande d'excuses à Couronne britannique sont trop partisanes et pas assez orientées en fonction de l'intérêt général. «Ça nous donne l'impression qu'il y a une opposition parce que la motion ne vient pas du Parti libéral. Ça c'est très agaçant parce la vérité infuse ne vient pas nécessairement d'une formation politique ou d'une autre. La vérité vient de l'intérêt qu'on porte à la population qu'on défend; et lorsqu'on est capable de prendre en considération l'intérêt général, et non pas les intérêts simplement partisans, on peut s'entendre et voter de façon solidaire», indique-t-il. Pour témoigner de sa bonne foi en ce qui a trait à de futures discussions avec les députés libéraux, M. Bergeron affirme qu'il serait d'accord pour qu'un collègue acadien propose la motion d'excuses à sa place. «Ce n'est pas une question de vanité ou de gloriole personnelle. Moi je suis prêt à céder la motion pour que quelqu'un d'autre en soit le proposeur (sic). L'idée ce n'est pas de voir mon nom en tête de liste. De toute façon, une fois qu'une motion est adoptée par la Chambre, ce n'est plus la motion de tel ou tel député. L'initiateur disparaît derrière la motion lorsqu'elle est adoptée par la Chambre des communes puisque ça devient la motion de la Chambre», souligne-t-il. De plus, M. Bergeron espère que le gouvernement fédéral devienne partie prenante de sa démarche, voire qu'il en prenne l'initiative et le crédit. «Je n'ai aucune objection à ce que la motion soit amendée pour faire en sorte que d'autres personnes d'autres formations politiques s'associent et même s'approprient la démarche. Je souhaite que le gouvernement s'associe à la démarche, qu'il en soit partie prenante et même qu'il en prenne le leadership s'il le souhaite», laisse-t-il tomber. Par ailleurs, M. Bergeron entamera cette semaine une tournée dans les provinces de l'Atlantique. Sa visite le mènera à Caraquet (mardi et mercredi), à Moncton (jeudi), à Fredericton (vendredi), à Pubnico et à Grand-Pré (samedi) et à l'Île-du-Prince-Édouard (dimanche).