Excuses: la SNA continue sans l'aide d'Ottawa

Philippe Ricard - 18 février 2002

MONCTON - Deux mois après la défaite de la motion M-241 à la Chambre des communes, la Société nationale de l'Acadie a officiellement décidé de poursuivre les démarches visant à obtenir de la Couronne britannique «une reconnaissance des torts» causés aux Acadiens lors de la Déportation de 1755.

Philippe Ricard L'Acadie NOUVELLE

Le président de la SNA, Euclide Chiasson, a confirmé au journal que le conseil d'administration de l'organisme avait voté unanimement, en fin de semaine, pour continuer ses démarches afin que la Couronne britannique reconnaisse les préjudices infligés au peuple acadien entre 1755 et 1763. «On a évidemment décidé de poursuivre. Nous allons écrire une lettre qui va beaucoup s'inspirer du document du comité d'étude qui avait été mis sur pied en août dernier. On va expliquer à la Couronne britannique ce qui s'est vraiment passé et on va demander la reconnaissance des torts qui ont été causés à la suite des événements qui ont eu lieu entre 1755 et 1763. Les gens sentent maintenant que c'est notre dossier, qu'on n'est pas à la merci d'agendas politiques ou autre. On fait nos affaires et on ne demande la permission à personne», a expliqué M. Chiasson. Les démarches en question prendront la forme d'une lettre qui sera envoyée à la représentante de la Couronne britannique au pays, la gouverneure générale du Canada Adrienne Clarkson. On y demandera entre autres que la Couronne reconnaisse, avant la commémoration du 250e anniversaire des tristes événements qui aura lieu en 2005, les torts causés aux Acadiens lors de la Déportation. «On va expliquer dans la lettre que la commémoration du 250e anniversaire de la Déportation aura lieu en 2005 et qu'on apprécierait d'avoir cette reconnaissance avant ces événements. Si la reine juge que le moment approprié (pour reconnaître les torts causés aux Acadiens lors de la Déportation) serait lors de son voyage cet automne, elle pourrait le faire à ce moment», estime le président de la SNA. «Si ça ne fonctionne pas avec Mme Clarkson, on pourra peut-être essayer avec le Haut commissariat de la Grande-Bretagne à Ottawa. Mais on aimerait que ça fonctionne avec Mme Clarkson parce que c'est elle qui représente la Couronne britannique au Canada, tandis que le Haut commissariat représente le gouvernement britannique», dit-il. Par ailleurs, il n'est pas question que la SNA demande réparation financière à la Couronne britannique pour les préjudices dont les Acadiens furent victimes entre 1755 et 1763. Contrairement à Christian Néron, un spécialiste en droit constitutionnel qui avançait que les Acadiens pourraient exiger une compensation financière entre 50 et 100 milliards $ à la suite des événements que l'on connaît, Euclide Chiasson, lui, juge qu'il s'agit d'une question d'honneur et que l'argent n'est pas en cause. «Lorsqu'on avait sollicité l'opinion des gens par le biais du comité d'étude (août dernier), c'était évident que la majorité des commentaires des 128 personnes qui étaient en faveur des excuses ne voulaient pas de réparation financière. Plusieurs ont affirmé qu'ils retireraient leur appui si on demandait ça (réparation)», soutient-il.

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