Des questions pour le ministre Dion

Jessica Ward - 19 février 2002

Vendredi dernier, le ministre des Affaires intergouvernementales, Stéphane Dion, était de passage à l'Université de Moncton notamment pour y annoncer la création de l'Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques. Après cela, le ministre Dion s'est rendu dans une classe de l'édifice Léopold Taillon où une centaine d'étudiants l'attendaient, questions en main. Poser des questions au ministre, tel était le but de cette rencontre. « Ne l'épargnez pas, malgré la bonne nouvelle de ce matin, », a lancé la vice-doyenne de la Faculté des arts et des sciences sociales Lise Dubois. Il a brièvement été question du rôle du ministère des Affaires intergouvernementales au sein du gouvernement fédéral qui consiste à assurer l'unité au sein du pays. Comme le ministre l'a lui-même indiqué, rien n'est acquis puisque le Canada est un des pays les plus décentralisés du monde. Le ministère des Affaires intergouvernementales intervient dans les dossiers qui concernent à la fois le fédéral et les provinces, et il vise une bonne collaboration entre les deux piliers de gouvernement, a fait savoir le ministre. « Notre pays est divisible », a indiqué Stéphane Dion lorsqu'il a été question de la sécession du Québec. Mais au sujet de la question référendaire, le ministre a été clair : un référendum a sa raison d'être seulement lorsque la majeure partie de la population veut se séparer et non lorsque 50 % et quelques poussières le veulent. Par ailleurs, on a fait remarquer que d'importants gains ont été obtenus grâce aux tribunaux et que la politique n'y a été pour rien. On n'a qu'à penser à l'hôpital Montfort en Ontario, aux parents de Summerside et au tout récent jugement Charlebois. Le ministre Dion n'a pu nier que ces recours à la justice de plus en plus fréquents révèlent une insatisfaction envers le gouvernement qui, forcément, ne joue pas toujours son rôle, sinon, il en serait évidemment autrement. Des étudiants ont voulu savoir que pensait le ministre des gestes posés par des membres de l'Anglo Society envers le drapeau acadien le 15 août dernier. Le ministre ne semblait pas au courant du dossier, mais il s'est tout de même empressé de répondre que de tels gestes sont inacceptables et que les symboles doivent être respectés. Quant aux excuses de la Couronne britannique pour la déportation des Acadiens, le ministre a défendu la position du gouvernement fédéral qui, rappelons-le, ne voyait pas le bien-fondé de demander des excuses à la reine. Toutefois, si la reine décide de s'excuser, personne ne refusera ses excuses, a-t-il indiqué. Stéphane Dion a comparé le gouvernement fédéral à une grande famille dans laquelle le travail d'équipe est primordial. Un étudiant a posé une question au sujet de la possibilité de travailler dans un climat sain lorsque les tensions et les divergences d'opinions que nous connaissons quant à la future tête dirigeante du parti se font de plus en plus évidentes au sein même du parti. Stéphane Dion a répondu avec fermeté que les jeux de coulisses ne l'intéressaient aucunement. Selon le ministre, il sera convenable de parler du successeur du premier ministre Jean Chrétien lorsque ce dernier envisagera son départ. Pas avant. À l'aise et décontracté, le ministre Dion semblait bien content de remettre les pieds dans l'institution où il a été professeur pour la première fois, au Département de science politique. Il est d'ailleurs reparti avec un chandail de l'Université de Moncton qu'il ajoutera à sa collection.

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