En attendant le printemps

Rino Morin Rossignol - 6 mars 2002

Rino Morin Rossignol Chroniqueur morinrossignol@sympatico.ca

Enfin, le mois de mars est là! L'année peut commencer. D'ailleurs, je me demande pourquoi on tient tant à fêter le jour de l'An le premier janvier, plutôt que le premier mars. Le premier janvier, on est en plein hiver, il fait noir toute la journée, on gèle, pis on n'a pas encore fini de digérer la dinde de Noël qu'il faut déjà s'en taper une autre. J'envie les gens d'autres cultures, ou d'autres religions, qui célèbrent le jour de l'An au printemps. Me semble qu'il n'y a pas de moment plus indiqué pour commencer l'année. Quand le printemps arrive, on reprend espoir. Sentir la vie qui renaît autour de nous, ça donne un petit frémissement au coeur. En fait, c'est notre propre petite renaissance intime qu'on sent alors en nous. Ce serait si beau si l'on pouvait en rester là et s'abandonner sans complexe à la volupté d'une douce méditation sur la renaissance. Mais, ces jours-ci, même si mon horloge biologique m'indique que la vie reprend ses droits après le passage frigorifiant de l'hiver, je ne sais plus trop si je sens vraiment une quelconque forme d'espoir monter en moi. Ce n'est pas que je sois déprimé. Côté «feeling», je suis plutôt au neutre. J'en suis même à me demander si ma perception du réel est faussée. Depuis que je fais cette chronique, je me suis fait un devoir de m'intéresser à l'actualité. Toute l'actualité. Des mégaporcheries aux attentats du World Trade Center, en passant pas les Jeux olympiques et les excuses britanniques pour la Déportation. Non pas que je ne m'y intéressais moins auparavant. Seulement, j'y portais une attention moins engagée, moins soutenue. J'étais comme le commun des mortels: un homme qui écoute le téléjournal avant d'aller se coucher, soupirant sur les atrocités du jour tout en me demandant quelle chemise je porterais le lendemain. Depuis dix mois, à cause de cette chronique, je ne m'informe plus de la même manière. Et, je me sens plus intimement concerné par les bribes de la réalité du monde actuel qui filtrent jusqu'à moi via les médias. La raison en est bien simple: votre bonheur. Hé oui! Je fais tout ça pour que vous soyez heureux «zé» heureuses, zélés lecteurs «zé» lectrices. «Chu» fin, hein, madame!

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