Opinion: La langue coincée

l'Acadie Nouvelle - 19 mars 2002

Le Nord se vide, mais Dieppe est en pleine expansion. La commissaire aux langues officielles déplore l'absence de politique d'immigration de francophones au Nouveau-Brunswick, alors que nos jeunes continuent de s'expatrier. Serait-ce la déportation qui se poursuit? Le gouvernement du Nouveau-Brunswick aurait une obligation constitutionnelle de réviser sa Loi sur les langues officielles, pourtant il faut encore que nos militants fatigués fassent circuler des pétitions pour rappeler que nous sommes tannés de vivre en citoyens de seconde zone. Où sont les politiciens qu'on a élus pour qu'ils se tiennent debout en notre faveur? Côté fédéral, il faut se farcir un processus de plaintes pour mener les ministères et les agences du gouvernement à respecter leurs propres obligations linguistiques. La GRC ne se plie pas aux sommations de la commissaire; Air Canada traîne de la patte. Côté privé, on n'en parle même pas: they hardly speak French. Et, dans le Sud, les entrepreneurs francophones cachent leur langue dans un tiroir sous la caisse. La reine du Canada ne demandera pas à la reine d'Angleterre des excuses pour les agissements de ses agents en 1755. Et nos bons chefs acadiens ne poursuivront pas non plus la Couronne britannique pour qu'on nous dédommage. On parle de 15 milliards $. «On n'en a pas besoin», disent-ils. Les nouvelles ne sont pas trop bonnes. Heureusement qu'on s'est promis le paradis à la fin de nos jours.

JEAN-GUY DUGUAY Moncton

.