La SNA demande à la reine de reconnaître les torts causés par la Déportation

Steve Hachey - 13 juin 2002

MONCTON - Sa Majesté Elizabeth II aura bientôt du courrier en provenance de l'Acadie.

Steve Hachey L'Acadie NOUVELLE

Par lettre, la Société nationale de l'Acadie invitera la reine d'Angleterre à reconnaître les torts et préjudices causés au peuple acadien lors de la Déportation, qui s'échelonna de 1755 à 1763. La requête sera d'abord acheminée au représentant de la Couronne en sol canadien, la gouverneure générale du Canada, Adrienne Clarkson, pour qu'elle la transmette à Elizabeth II. Le président de la SNA, Euclide Chiasson, souligne que cette requête a reçu l'appui unanime de ses membres dans les quatre provinces de l'Atlantique, et de ses membres associés de Paris, de Saint-Pierre et Miquelon, de la Louisiane et des Îles-de-la-Madeleine. «Dans ce cas-ci, c'est la société civile acadienne qui, dans son ensemble, avec ses institutions, fait cette requête. C'est une grande journée, une journée historique», s'est exclamé M. Chiasson. À titre récapitulatif, le président de la SNA, signataire de la requête, rappelle à la reine que «plusieurs milliers d'Acadiens périrent en mer en raison de maladies ou de naufrages, dans les camps de prisonniers de la Nouvelle-Écosse et de l'Angleterre, ainsi que dans les villes des Treize colonies». Il rappelle également que ceux qui avaient réussi à échapper aux rafles des soldats ne connurent guère un meilleur sort; pourchassés et démunis, ils succombèrent à la faim et au froid lors des rudes hivers qui suivirent. Les Acadiens ont subi ces affres pour avoir refusé de prêter allégeance à la Couronne britannique. «Des milliers de morts inutiles et des répercussion socio-économiques catastrophiques pour toute cette population», peut-on lire dans la lettre.

Avant 2005 On a inclus à la requête un document comprenant des éléments historiques et juridiques reliés à la Déportation, tirés du rapport du comité consultatif qu'elle a créé l'année dernière pour étudier la question. La SNA souhaite que la Reine se prononce avant 2005, année marquant le 250e anniversaire du Grand Dérangement. «Elle pourrait le faire à l'automne si elle veut (lors de sa visite prévue au Nouveau-Brunswick). Elle pourrait le faire directement ici, et même venir à Pointe-Verte si elle le désire. Mais je ne sais pas combien de temps ça peut prendre après la réception de la lettre, question de protocole», explique-t-il. M. Chiasson rappelle également que la Couronne britannique s'est déjà réconciliée avec certains peuples de son empire colonial pour des actes commis par le passé et que «les Acadiens s'en remettent donc respectueusement à son sens de la justice». Évidemment, cette requête fait suite au rejet de la motion M-241, à la Chambre des communes l'automne dernier, qui demandait au gouvernement canadien de s'adresser à la reine Elizabeth II pour obtenir pareille reconnaissance. Après de nombreuses tribulations politiques, la majorité libérale avait rejeté la motion personnelle déposée par le député Stéphane Bergeron du Bloc québécois, d'origine acadienne, pour des raisons que plusieurs, dont la SNA, attribuent à la provenance. Se référant à une recommandation en ce sens du comité consultatif, la SNA a donc entrepris de poursuivre les démarches avec ou sans l'appui d'Ottawa. Mais est-il trop tard pour obtenir l'appui d'un quelconque gouvernement, fédéral ou provincial? En entrevue, M. Chiasson souligne que la SNA n'a sollicité l'appui d'aucun gouvernement, mais que la porte était grande ouverte, faisant ainsi allusion au gouvernement du Québec, dont le premier ministre Bernard Landry s'était déjà prononcé en faveur d'excuses. «Il y a quelques mois, le premier ministre Landry avait promis qu'il l'appuierait, dans son envolée lorsqu'il avait reçu le prix Méritas de la Fédération des Acadiens du Québec», se souvient M. Chiasson.

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