Dominic LeBlanc traite les députés du Québec d'hypocrites

Steve Hachey - 18 juin 2002

MONCTON - Le député libéral de Beauséjour-Petitcodiac, Dominic LeBlanc, qualifie «d'hypocrisie totale» la motion de l'Assemblée nationale du Québec appuyant unanimement la démarche que mène la Société nationale de l'Acadie.

Steve Hachey L'Acadie NOUVELLE

Mercredi dernier, la SNA annonçait qu'elle allait approcher la Couronne britannique pour obtenir une reconnaissance officielle des torts et préjudices causés par les déportations de 1755 à 1763. Son président, Euclide Chiasson, annonçait alors que, forte de l'appui de toutes ses associations membres, la SNA ne demanderait pas l'appui des gouvernements, mais que tous étaient plus que bienvenus de le faire. Le lendemain, tous les partis politiques représentés à l'Assemblée nationale du Québec, suivant une motion du premier ministre Bernard Landry, appuyaient unanimement la démarche des organismes acadiens. «Ça c'est de l'hypocrisie. C'est la même Assemblée nationale qui passe son temps à enlever des droits à sa minorité anglophone, alors qu'ils ne viennent pas donner des leçons aux francophones du Nouveau-Brunswick», a déclaré hier le député LeBlanc, en entrevue avec L'Acadie NOUVELLE. L'automne dernier, Dominic LeBlanc s'était farouchement opposé à la motion du député Stéphane Bergeron, du Bloc québécois, qui demandait des excuses à la reine Elizabeth II. M. LeBlanc dit n'éprouver aucune gêne devant le fait que lui, en tant que député acadien, ait voté contre la motion du député Bergeron, et que les députés québécois, libéraux et péquistes confondus, aient appuyé une motion allant dans le même sens. «Moi, ça ne me met pas dans l'embarras pour une minute. Parce que mes propres collègues du Québec ont voté contre la motion du Bloc québécois, eux aussi représentaient les Québécois», souligne-t-il. Pour ce qui est de l'Assemblée nationale, il dit ne pas attacher «d'importance à aucune motion de l'Assemblée nationale du Québec, point». «Ça ne leur enlève rien, de donner des beaux becs aux Acadiens, analyse-t-il. Ça ne leur enlève rien de dire nos amis du Nouveau-Brunswick, mais quand il s'agit de donner quelque chose de concret à leur propre minorité, ils ne font pas le geste.» Pour ce qui est de la démarche de la SNA, il soutient que maintenant qu'elle n'est plus dans son arène politique, il ne s'en mêlera pas. «Personnellement, je trouve que c'est tout à fait légitime que la SNA le fasse, mais moi je n'ai pas l'intention d'y consacrer du temps. Je n'ai pas l'intention de m'impliquer, mais je n'ai pas l'intention de dépenser de l'énergie pour l'empêcher non plus», assure-t-il. Le Nouveau-Brunswick non plus n'appuiera pas la démarche de la SNA, à en croire le ministre responsable de la Francophonie, Paul Robichaud. Cependant, M. Robichaud va même jusqu'à souhaiter «bonne chance» à la SNA. Il indique néanmoins que son gouvernement n'a aucune intention de dépenser du temps et des énergies sur une telle question. Il estime que c'est justement à la «société civile» d'entreprendre une telle démarche, et non au gouvernement. Le gouvernement doit plutôt se concentrer sur des gestes concrets qui «vont changer la vie des gens». «Je trouve que c'est formidable comme stratégie de la part de la SNA. Je leur souhaite toute la chance possible, et ceci c'est bien plus qu'un appui moral», soutient Paul Robichaud.

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