Graham désire que la reine se prononce sur la Déportation

Charles-Antoine Gagnon - 14 août 2002

FREDERICTON - Le nombre de voix qui demandent à la Couronne britannique de reconnaître la Déportation des Acadiens de 1755 à 1763 augmente.

Charles-Antoine Gagnon L'Acadie NOUVELLE

Le chef de l'opposition officielle à Fredericton, Shawn Graham, a à son tour écrit une lettre à la reine Elizabeth II. Il lui demande de profiter de son passage au Nouveau-Brunswick, en octobre, lors de sa visite célébrant le 50e anniversaire de son couronnement, pour convenir des torts qu'a causé la Déportation. «L'histoire des Acadiens et des Acadiennes est marquée par le Grand dérangement, un événement tragique et malheureux. Nous voulons aujourd'hui confirmer notre appui aux diverses démarches faites auprès de la Couronne britannique pour que celle-ci reconnaisse les torts infligés au peuple acadien», a indiqué M. Graham. Le chef du Parti libéral du N.-B. précise qu'il ne recherche pas des excuses ni des compensations financières de Buckingham, mais plutôt la reconnaissance d'un événement tragique qui a marqué l'histoire du peuple acadien. «Ce serait un geste de grande compassion de la part de la reine Elizabeth II en cette année de son jubilé d'or. Nous voulons qu'elle reconnaisse que la Déportation a eu lieu et que ce n'était pas la bonne chose à faire. Nous ne pouvons pas changer le cours de l'histoire, mais nous avons fait des grands pas depuis 250 ans», a précisé M. Graham. Il estime que les chances sont bonnes que la monarchie britannique prononce une quelconque déclaration à l'égard de la Déportation puisqu'elle a déjà reconnu des erreurs par le passé, ajoute-t-il. La Société nationale de l'Acadie applaudit la démarche du leader de l'opposition officielle. Le directeur général de la SNA, Euclide Chiasson, signale que l'appui envers cette reconnaissance est unanime. La SNA a déposé une requête auprès de la Couronne britannique, lui demandant de reconnaître les torts causés par la Déportation. «Si je regarde toutes les associations acadiennes des quatre provinces de l'Atlantique membres de la SNA, comme la SAANB, la FANE, plus nos membres associés de Saint-Pierre et Miquelon, de la France, de la Louisiane et des Îles-de-la-Madeleine, tous ont signé la requête de la SNA», a mentionné M. Chiasson. «En plus de cela, a poursuivi le directeur général de la SNA, il faut ajouter la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada et l'Assemblée nationale du Québec qui a appuyé à l'unanimité la démarche de la SNA. «Maintenant, que l'opposition officielle du N.-B. le fasse aussi ne fait que démontrer que la demande est tout à fait légitime et qu'il est temps que la Couronne britannique fasse cette reconnaissance», a poursuivi Euclide Chiasson. La requête de la SNA a été envoyée à Londres par l'entremise de la gouverneure générale du Canada. La réponse se fait toujours attendre, mais Euclide Chiasson se montre toutefois optimiste. «Je crois qu'il va se passer quelque chose. C'est évident aussi que la Couronne britannique va consulter le gouvernement du Canada, donc le ministre des Affaires intergouvernementales, Stéphane Dion. M. Dion nous a déjà dit qu'il ne s'opposerait pas à cela. Par contre, on sait que ces choses-là prennent du temps. Cela fera 250 ans en 2005. On n'est pas pressés, mais si cela était fait pour 2005, et de façon officielle, ce serait très bien», a indiqué M. Chiasson.

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