Rioux exhorte les libéraux fédéraux à réviser leurs positions

Philippe Ricard - 19 août 2002

CARAQUET - Les libéraux fédéraux devraient réviser leurs positions en ce qui a trait à la reconnaissance des torts causés aux Acadiens lors de la Déportation, estime le président de la SAANB, Jean-Guy Rioux.

Philippe Ricard L'Acadie NOUVELLE

De passage à Caraquet la semaine dernière, la ministre du Patrimoine canadien a affirmé partager les opinions du premier ministre Bernard Lord sur la question et ce, au détriment du chef de l'opposition provinciale, le libéral Shawn Graham. À la suite de la défaite de la motion M-241, en décembre dernier, les libéraux fédéraux pensaient peut-être ne plus jamais avoir à reparler du dossier des excuses de la Couronne britannique pour les torts causés aux Acadiens lors de la Déportation. Huit mois plus tard, il n'y a pas que la SNA et le député bloquiste Stéphane Bergeron qui sont revenus à la charge, en demandant respectivement à la Couronne britannique et à la Chambre des communes de reconnaître les torts causés par le Grand dérangement. Il y a aussi le chef du Parti libéral, Shawn Graham, qui s'est joint au mouvement en envoyant une lettre à la reine Elizabeth II. «Nous ne voulons pas des excuses, ni de compensation financière. Nous voulons seulement que la reine (Elizabeth II) reconnaisse cette partie de notre histoire», souligne M. Graham. Questionnée à savoir si elle appuyait la position du chef de l'opposition du N.-B., la ministre du Patrimoine canadien, Sheila Copps, en a surpris plus d'un. «Je partage les opinions de Bernard Lord sur ce sujet. Y a-t-il d'autres questions?», a-t-elle sèchement laissé tomber. M. Lord a déjà affirmé que son gouvernement ne se pencherait pas sur le sujet, préférent s'attarder à des questions «plus pressantes».

Assumer le passé Selon M. Graham, la population du N.-B. est prête à reconnaître publiquement les torts et les préjudices causés par les événements de 1755. «Tout le monde au Nouveau-Brunswick sait que cela est arrivé. Cela fait partie de notre histoire et on ne peut pas cacher ce qui est arrivé. C'est pour cela qu'on doit reconnaître les faits. Je pense que la reine devrait mentionner les faits dans un de ses discours, de façon à ce que l'on puisse progresser en tant que société», avoue M. Graham. Quant au président de la SAANB, Jean-Guy Rioux, il croit que le gouvernement fédéral devrait penser à réviser sa position sur le sujet. «Il y a des positions (au gouvernement fédéral) qui devraient être révisées, non pas pour qu'il y ait des excuses ou des réparations (financières), mais une reconnaissance des torts. Je ne pense pas qu'on puisse nier le fait qu'il y a eu des torts causés aux Acadiens», estime M. Rioux. «Il est temps que les gens se penchent sur le dossier pour savoir s'ils doivent maintenir les mêmes positions étant donné que la motion déposée (M-495) est différente de la motion initiale», ajoute-t-il. Après avoir tenté, en vain, de persuader les députés fédéraux d'exiger des excuses de la reine pour la Déportation, le député du Bloc québécois Stéphane Bergeron demande désormais au Parlement canadien de reconnaître les torts causés aux Acadiens.

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