Warren Perrin ravi de la proclamation royale

Steve Hachey - 6 décembre 2003

DIEPPE - La proclamation prochaine du 28 juillet comme journée commémorative de la Déportation et la reconnaissance des torts causés aux Acadiens réjouissent le plus infatiguable promoteur de la première heure, l'avocat louisianais Warren Perrin.

Steve Hachey L'Acadie NOUVELLE

Les Cajuns sont descendants d'Acadiens déportés et plus que quiconque ils doivent vivre leur acadienneté dans le spectre de la Déportation, alors qu'ils ne sont jamais revenus en terre acadienne et que la survie de leur langue et de leur culture est un combat quotidien. Il ne faut donc pas s'étonner si c'est de cette terre lointaine qu'est venue la démarche qui a conduit au Canada à la proclamation du 28 juillet et une reconnaissance officielle des torts causés aux Acadiens. L'idée vient en fait de Warren Perrin, un avocat louisianais, fervent défenseur de la langue et de la culture cadienne. En entrevue avec L'Acadie NOUVELLE, M. Perrin rappelle que l'idée lui est venue de demander des excuses officielles de la reine d'Angleterre pour la Déportation, il y a 12 ans. Il raconte qu'il a été convaincu de la nécessité de cette démarche lorsque son fils, Bruce, lui a demandé si c'était vrai que les Acadiens avaient été déportés parce qu'ils étaient «des pirates, des criminels». Selon M. Perrin, il s'agit en Louisiane de la version historique courante pour justifier la Déportation. Afin de réhabiliter les siens et ses ancêtres, M. Perrin a décidé qu'il était plus que temps que la reine d'Angleterre admette les faits historiques, qu'elle reconnaisse les torts et qu'elle s'en excuse. Ce n'est pas tout à fait ce qui se produira la semaine prochaine à Ottawa, mais c'est tout près. Et M. Perrin s'en satisfait amplement, surtout si la reine Elizabeth II répond à l'invitation et se rend à Grand-Pré en 2005 pour lire la proclamation lors des cérémonies marquant le 250e anniversaire de la Déportation. «Il y a différentes manières de s'excuser. En 1995, la reine est allée voir les Indiens Maorie (en Nouvelle-Zélande) et a lu une proclamation. Une autre fois, elle est allée en Inde pour s'excuser parce que les soldats britanniques ont tué plus de 400 personnes en 1919. Elle n'a pas dit un mot, elle a seulement déposé des fleurs aux cercueils. Ce sont des excuses très symboliques», commente M. Perrin. M. Perrin raconte qu'il a été très ravi d'apprendre le dénouement de cette démarche, même si le résultat n'est pas exactement ce qu'il recherchait initialement. «Nous sommes tous contents, ici, en Louisiane. On a seulement reçu la nouvelle aujourd'hui (jeudi), mais tout le monde est content. Ça nous donne une grande chance d'encourager les Cadiens d'ici de faire des plans pour l'année prochaine lors du troisième Congrès mondial acadien. Ça va nous donner l'encouragement d'aller voir les parents au Nord», de commenter M. Perrin. En fait, il indique que la reconnaissance proposée aux Acadiens par le gouvernement canadien est même mieux que ce qu'il avait espéré. «Je voulais avoir quelque chose comme un symbole physique. Je crois qu'une journée (de commémoration) c'est mieux que ça», estime M. Perrin. En fait, il trouve l'idée d'une journée de commémoration si bonne qu'il tentera de l'importer en Louisiane, histoire également de se mettre au diapason avec les Acadiens du Canada. «Je suis toujours le président pour le Conseil de développement du français en Louisiane. Ça va être un autre projet pour nous. On vient d'élire notre première gouverneure, une femme, Mme Babineau-Blanco. Elle est venue avec nous lors du dernier congrès au Canada et je pense qu'on va avoir beaucoup de soutien de notre gouvernement», estime M. Perrin.

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