L'Association des municipalités appuie la motion d'excuses

Philippe Ricard, L'Acadie Nouvelle - 20 septembre 2001

MONCTON - L'Association francophone des municipalités du N.-B. exhorte les membres de la Chambre des communes de cesser d'avoir peur des «manigances» bloquistes et d'appuyer la motion M-241, qui vise à obtenir des excuses officielles de la Couronne britannique pour les torts causés au peuple acadien lors de la Déportation.

En conférence de presse à l'Institut de Memramcook, hier, le vice-président de l'AFMNB, Roland J. Martin, a prié les députés fédéraux, et particulièrement les élus néo-brunswickois, de faire front commun afin que la motion déposée par le bloquiste Stéphane Bergeron soit adopté à l'unanimité, le 3 octobre prochain. Car si même le député de Verchères-Les Patriotes en a surpris plus d'un en déposant la motion M-241, M. Martin affirme qu'il serait discourtois, voire regrettable, de discréditer cette dernière sur le simple fait que Stéphane Bergeron est un membre du Bloc québécois. «Tous les membres de la Chambre des communes étaient en droit de poser ce geste avant que ne le fasse le député Bergeron», a fait remarquer le vice-président de l'association qui représente 40 municipalités de la province et près de 100 000 Acadiens. «Le député Bergeron a tout simplement fait son devoir, puisqu'il est lui même d'origine acadienne», d'ajouter M. Martin. Au cours de l'été, on s'en souviendra, tous les députés acadiens d'allégeance libérale avait fustigé la motion d'excuses du député bloquiste. La ministre du Travail et députée de Moncton-Riverview-Dieppe, Claudette Bradshaw, s'était notamment dit outrée de la façon dont M. Bergeron voulait «utiliser» le peuple acadien. «Je ne voudrais jamais voir les Acadiens être utilisés pour des choses politiques. On ne joue pas de jeu avec les cultures acadiennes, surtout pas des séparatistes», avait lancé Mme Bradshaw. Quant au ministre responsable de l'APÉCA, Robert Thibault, et au député de Beauséjour-Petitcodiac, Dominic LeBlanc, ils ont tout deux tenu le même discours, à l'effet que des excuses officielles de la Couronne britannique pour les préjudices causés au peuple acadien lors de la Déportation de 1755 ne créerait pas d'emplois dans la région. «Je ne m'intéresse pas tellement à ces questions-là, avait allégué le ministre Thibault. Ma vocation, c'est le développement économique du Canada atlantique. Des questions comme celles-ci, qui ne changeront rien à ce qui est arrivé à nos ancêtres, je ne passe pas de temps là-dessus.» Selon Roland J. Martin, les députés libéraux doivent cesser d'avoir peur «des manigances» des bloquistes. Parce que si jamais la motion était défaite, dit-il, l'Acadie et son peuple devraient faire face à un autre recul. «Ce serait une perte énorme pour le peuple acadien, ce serait un autre recul. On veut que les députés néo-brunswickois à la Chambre des communes fassent front commun pour appuyer cette motion-là, comme l'a fait le député (Yvon) Godin», soutient-il. D'ailleurs, si les excuses officielles ne créent pas d'emplois, elles auront au moins le mérite de mettre fin à un dossier qui traîne depuis trop longtemps déjà, poursuit le vice-président de l'AFMNB. «Ça ne créera peut-être pas d'emplois, mais ça va créer un calme, une fermeture sur ce dossier-là. Et on a vraiment besoin de ça si on veut progresser. Le fait d'obtenir des excuses de Sa Majesté nous confirmerait qu'il y a eu des erreurs graves commises dans le passé, et que maintenant on peut bâtir. Et c'est ce qu'on veut», argue M. Martin. Par ailleurs, le Comité consultatif sur la motion M-241 recevra les commentaires de la population acadienne et des institutions qui les représentent jusqu'au lundi 24 septembre. Pour faire part de vos commentaires, vous pouvez joindre le directeur du Centre d'études acadiennes, Maurice Basque, au (506) 858-4085. Vous pouvez également faire parvenir vos commentaires par télécopieur au (506) 858-4530 ou par courriel (basquem@umoncton.ca).

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