Elle visitera la province en octobre 2002 : La reine pourrait être confrontée à la motion d'excuses

Marjorie Pedneault, L'Acadie Nouvelle - 27 septembre 2001

CAMPBELLTON - La visite au Nouveau-Brunswick de la reine Élisabeth II, en octobre 2002, sera inévitablement associée à la demande d'excuses officielles pour la déportation des Acadiens, affirme Stéphane Bergeron, député bloquiste de Verchères-Les-Patriotes et initiateur de la motion M-241.

Selon le député, il est trop pour penser demander une rencontre avec la reine ou lui demander de formuler des excuses lors de son passage en sol canadien. La motion de demande d'excuses, explique-t-il, doit tout d'abord être débattue à la Chambre des communes à Ottawa. La deuxième lecture aura lieu le 3 octobre prochain, alors que la dernière heure consacrée à ce débat avant un vote final n'est prévue que pour décembre, indique-t-il. «Présentement, on ne peut pas présumer du sort réservé à la motion. Si la motion est adoptée, il y aura sans doute une démarche du gouvernement auprès de la Couronne pour savoir si elle veut s'excuser. Si oui, la Société nationale de l'Acadie sera associée étroitement à la démarche. Si la motion est rejetée, il faut reconnaître que la question ne peut pas tomber dans l'oubli. Ce sera une véritable onde de choc dans la communauté acadienne. La visite, en tout cas, sera empreinte de ce débat, et la reine sera sensibilisée. Peut-être voudra-t-elle, elle-même, s'excuser, poser ce geste attendu depuis fort longtemps. Le débat va se poursuivre de façon différente.»

Par un député libéral?

Une résolution d'appui à la motion a été adoptée par la SNA lors de sa dernière assemblée générale, rappelle M. Bergeron. Dans l'éventualité d'une motion rejetée, la SNA voudra peut-être prendre à son compte une autre motion de demande d'excuses qu'elle soumettra à un député libéral acadien, pense-t-il. Selon M. Bergeron, cette façon de procéder satisferait peut-être les attentes du ministre fédéral responsable des langues officielles, Stéphane Dion. Le président de la SNA, Euclide Chiasson, croit aussi que le sort de la motion aux Communes doit tout d'abord être réglé avant de penser pouvoir obtenir ces excuses lors du prochain passage de la reine. «Elle ne vient pas ici à tous les ans. L'occasion serait bonne», lance-t-il. Dans l'éventualité d'un rejet de la motion, M. Chiasson ne sait pas encore les recours qu'aurait la SNA par rapport à la Couronne. Le rapport de la vaste consultation du comité mis sur pied par la SNA concernant la motion pourra, d'ici quelques jours, donner un meilleur aperçu des options qui s'offrent au regroupement, indique-t-il.

Des jeux de coulisses?

Le gouvernement Chrétien, affirme Stéphane Bergeron, s'est d'abord opposé à la motion parce que l'initiateur était un bloquiste. Maintenant, ce même gouvernement s'y oppose encore en disant que des excuses spontanées seraient préférables à des excuses sollicitées ou «quémandées». «Y a-t-il des jeux de coulisses entre le gouvernement du Canada et la Couronne britannique pour faire en sorte qu'elle présente des excuses sans qu'on ait besoin de les lui demander? Est-ce qu'on devrait voir un lien entre la visite de la reine et cette nouvelle ligne directrice des libéraux?» se demande le député bloquiste. «Warren Perrin, avocat louisianais, fait circuler une pétition pour obtenir ces excuses depuis dix ans. La Couronne est au courant de cet enjeu et ne fait rien. Alors faut-il attendre que les excuses viennent spontanément de la Couronne? Est-ce qu'on va attendre encore mille ans avant que la Couronne réalise qu'il y a eu des torts causés et qu'elle en assume la responsabilité historique?»

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