MONCTON - Un nombre croissant de francophones de la province sont favorables à des excuses de la part de la Couronne britannique.

Steve Hachey, L'Acadie Nouvelle - 3 octobre 2001

Le rapport final du Comité consultatif sur la motion M-241 révèle en effet qu'une majorité d'individus et d'organismes acadiens sont en faveur de la motion demandant des excuses britanniques aux Acadiens pour les torts et préjudices causés lors de la Déportation de 1755. Au total, 140 personnes, organismes ou associations ont participé à la consultation et ont ainsi fait part de leur position. De ce nombre, 129 avis reçus étaient en faveur, trois seulement étaient contre et huit restaient indécis. Des Acadiens d'un peu partout de la diaspora ont profité de l'occasion pour se prononcer. Le comité rapporte avoir reçu des commentaires en provenance de Terre-Neuve, de l'Île-du-Prince-Édouard, de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick, du Québec, de l'Ontario, de la Colombie-Britannique, des États-Unis et de la France. Après avoir étudié les aspects juridiques et historiques de la motion M-241 et avoir analysé les avis reçus, le comité a émis quatre recommandation. Parmi elles: «Que la Société nationale de l'Acadie poursuive les démarches afin que les torts historiques survenus au moment du Grand Dérangement soient officiellement reconnus par la Couronne britannique» et «Que la motion soit parrainée par l'ensemble de la députation acadienne à la Chambre des communes, abstraction faite des affiliations politiques». Il semble que ce dernier aspect, la partisannerie politique, sera précisément le principal obstacle à surmonter. Aujourd'hui même, la Chambre des communes débattra en deuxième lecture de la motion personnelle déposée par Stéphane Bergeron, un député du Bloc québécois issu d'une famille d'Acadiens déportés. La motion du député de Verchères-Les-Patriotes réclame l'appui de tous les partis en faveur d'excuses pour la Déportation, que plusieurs Acadiens considèrent comme une version ancienne de l'épuration ethnique. La proposition de M. Bergeron a reçu une fin de non-recevoir des libéraux au pouvoir à Ottawa. Le président de la Société nationale de l'Acadie (SNA), Euclide Chiasson, estime qu'il est du devoir des députés de considérer l'importance de la question pour le peuple acadien, et non sa provenance. «Ils ont réagi de façon émotive, c'est normal. Ce que l'on dit maintenant c'est: prenez le temps de réfléchir un peu... Voici matière à réflexion (le rapport), révisez votre position et ce sera très honorable», a dit M. Chiasson, hier, en conférence de presse. Même son de cloche de la part de l'historien Maurice Basque, président du Comité consultatif. «Les événements tragiques du Grand Dérangement n'appartiennent pas seulement au passé; ils continuent de hanter la mémoire collective acadienne et n'ont pas encore été touchés par un geste officiel de réconciliation, commente M. Basque. Cette démarche appartient à la communauté acadienne où qu'elle soit, et ne devrait pas être liée à un parti politique ou à la partisannerie politique.» De plus M. Chiasson met en doute le discours des députés libéraux fédéraux. «Lorsque les députés disent qu'ils reçoivent de nombreux appels de gens qui s'opposent à la motion, je ne sais pas qui les appelle, mais nous avons réussi à démontrer, avec le peu de temps accordé au comité, que les Acadiens sont favorables à la motion», de souligner M. Chiasson. Le rapport final peut être consulté sur le site Web de la SNA, au www.snacadie.com, sous la rubrique «Nouveautés».

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