Interview d'Herménégilde Chiasson par un journaliste de CKRO

CKRO, le 19 août 2003

JOURNALISTE : En entrevue, je m'entretiens avec M. Herménégilde Chiasson, le nouveau lieutenant gouverneur du Nouveau-Brunswick. Bonjour monsieur Chiasson.

HERMÉNÉGILDE CHIASSON : Bonjour !

JOURNALISTE : Vous allez devenir le 21ième lieutenant gouverneur du Nouveau-Brunswick monsieur Chiasson. C'est tout un honneur pour l'Acadie. Ce fut également une surprise pour vous.

HERMÉNÉGILDE CHIASSON : Je ne m'attendais pas du tout à ça. J'avais déjà toute organisé ma vie pour l'automne, puis une partie du printemps. Ehhh! J'avais des voyages à l'étranger, entre autres en l'Europe, que je vais devoir canceller. Alors, je ne m'attendais absolument pas à ça.

JOURNALISTE : De quelle façon vous avez accueilli cette nouvelle ? Vous allez représenter la reine au Nouveau-Brunswick. C'est un peu surprenant pour un ardent défenseur de l'Acadie.

HERMÉNÉGILDE CHIASSON : Oui, mais je veux dire, ce n'est pas incompatible. Je pense qu'on vie dans une monarchie constitutionnelle, qui incombe à la reine d'Angleterre, et je pense que l'Acadie ne va pas changer la monarchie constitutionnelle. Et si on veut contribuer, si on veut faire une contribution, bien, je veux dire, il faut se résoudre à l'idée.

JOURNALISTE : Est-ce que l'on peut compter sur vous pour passer un message concernant des excuses potentielles de la Couronne britanniques pour la Déportation ?

HERMÉNÉGILDE CHIASSON : Je vais vous dire une chose. Moi, j'ai jamais été trop partisan des ehhh, du ressassement du passé, parce que tout le travail que j'ai fait, en fait tout mon travail au niveau culturel a été justement pour imposer le présent et la modernité. Je pense que en Acadie on s'est beaucoup concentré sur le passé, on en a fait un fétiche, on est vraiment devenu des gens qui sont très préoccupé par ça, mais je me dit quant on va regarder vers l'arrière, on n'ira jamais vers l'avant. Tout mon travail, en fait, si vous avez vu les pièces de théâtre, entre autres Aliénor, dans lequel il y a une phrase où elle dit : je pense qu'il faut écrire le passé et enterrer ce livre là en terreet continuer à vivre. C'est à dire on ne peut pas vire avec le poids des morts.

JOURNALISTE : Monsieur Chiasson, c'est un honneur pour une personne originaire de Saint-Simon de combler ces fonctions de lieutenant gouverneur du Nouveau-Brunswick. On a déjà deux autres Acadiens qui ont agi comme lieutenant gouverneur. On a qu'à penser à Hédard Robichaud et également Gilbert Finn.

HERMÉNÉGILDE CHIASSON : Ah! Oui, oui, absolument. D'ailleurs, je trouve ça très intéressant. C'est comme ci on avait découvert les grands secteurs Moi, j'ai toujours considéré qu'il y trois grands secteurs dans la vie : la politique, et l'économie et la culture. Et monsieur Robichaud venait du secteur politique, monsieur Finn du secteur économique, et moi je proviens du secteur culturel. Alors, on a fait le tour. Hi! Hi!

JOURNALISTE : Justement, pourquoi croyez-vous que le premier ministre Chrétien a choisi quelqu'un du côté culturel, comme vous ?

HERMÉNÉGILDE CHIASSON : Oui, c'est très surprenant. Mais, je pense que la nouvelle vision de l'Acadie contemporaine et moderne a surtout été défini par le secteur culturel. Et je pense que dans ce sens là, à l'aube de 2004, justement, on a voulu souligner cette contribution majeure là. Parce que je pense qu'à l'heure actuelle, le fait que l'Acadie s'impose à l'international, le fait qu'elle ait un nouveau discours, le fait qu'elle soit confiante, je pense qu'en grande partie c'est dû en grande partie au secteur artistique.

JOURNALISTE : Vous étiez au Québec lorsque on a appris la nouvelle ?

HERMÉNÉGILDE CHIASSON : Oui, moi je poursuivais ma vie comme d'habitude. J'avais un symposium international de Baie-Saint-Paul. J'étais un des dix artistes cette année qui faisait partie de cet événement-là, qui était un événement vraiment prestigieux au niveau culturel, et j'ai dû quitter à mi-chemin. Alors, j'avais commencé une peinture. Mais, malheureusement cette peinture ne sera pas terminée par moi.

JOURNALISTE : Est-ce que vous savez quant est-ce qu'il va y avoir assermentation ?

HERMÉNÉGILDE CHIASSON : Je crois que l'assermentation va se faire d'ici deux semaines. Mais je ne sais pas exactement de la date. Lorsque j'avais parlé avec le premier ministre, il avait dit dans dix jours, ce qui mettait au 24, mais je ne sais pas si ça va être cette date là. J'ai l'impression que ça va être un peu plus tard.

JOURNALISTE : Parlez-moi de ce qui s'est dit lors de cette conversation téléphonique avec le premier ministre, monsieur Chrétien.

HERMÉNÉGILDE CHIASSON : Monsieur Chrétien m'a demandé si cela m'intéressait d'abord d'être le prochain lieutenant gouverneur. Alors là, évidemment (hi! hi!) j'étais un peu décontenancé, parce que je ne m'attendais absolument pas à ça. Et puis après ça, on a parlé un peu de choses et d'autres, entre autres, il savait que j'étais écrivain, et je pense que ça, ça l'intéressait. Aussi, je crois qu'il est assez content de la nomination de Madame Clarkson. Et aussi, il y a eu plusieurs nominations dans le secteur culturel, entre autres Jean Lapointe et Jean-Louis Rioux au Québec, et plus près de nous Viola Léger.

JOURNALISTE : Merci beaucoup monsieur Chiasson et bonne chance dans vos nouvelles fonctions.

HERMÉNÉGILDE CHIASSON : Merci !


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