SUPPORT D'OTTAWA re PROCLAMATION ROYALE DÉSIGNANT LE 28 JUILLET, DATE DE COMMÉMORATION DE LA DÉPORTATION

RADIO-CANADA Atlantique - Le 7 octobre 2003

LA UNE

Le bulletin de nouvelles - 12h00

DENIS ROBICHAUD - … appui la démarche de la Société nationale de l'Acadien d'amener la Couronne britannique à reconnaître les torts causés aux Acadiens lors de la Déportation. La ministre Copps a accepté de défendre la démarche au Cabinet. Lors d'une rencontre ce matin à Ottawa avec le président de la SNA, Euclide Chiasson. Marc Poirier est en studio pour nous en parler. Bonjour Marc.

MARC POIRIER - Bonjour Denis.

DENIS ROBICHAUD - Alors Marc, c'est un appui de taille pour la SNA. Qu'est-ce qui devrait se passer concrètement ?

MARC POIRIER - Bien le tout devrait prendre la forme d'une proclamation royale. C'est proposition de la SNA, une proclamation royale qui désignerait le 28 juillet, date de commémoration de la Déportation, parce que c'est à cette date que l'ordre de la Déportation a été signé. Et dans le préambule de cette proclamation, il y aurait une reconnaissance de torts. Donc, lors d'une rencontre, hier et aujourd'hui, la SNA a présenté une proposition de proclamation et c'est ce que la ministre Copps a accepté de défendre au Cabinet. On peut écouter ce qu'elle a à dire là dessus.

SHEILA COPPS - J'avais su… de retourner au Cabinet avec une proposition précise qui serait endossée par le Cabinet d'ici les prochaines semaines. En ça, il y a la possibilité d'une proclamation royale. Une proclamation royale exige que le gouvernement du Canada demande un acte de la Couronne, mais c'est toujours un acte qui est demandé suite à une résolution du Conseil des ministres d'un gouvernement. Ce qui garantie que toutes gestes politiques posés au Canada pour régler la question soit une question à l'intérieur de notre coin de pays et pas guidé par une politique d'un autre pays.

DENIS ROBICHAUD - Bien voilà, c'était la ministre Sheila Copps. Alors Marc, si je comprend bien, le Cabinet doit accepter la demande pour que le tout se concrétise. Quelles sont les chances que cela arrive ?

MARC POIRIER - Le président de la SNA, Euclide Chiasson, lui est très confiant avec les discussions qu'il a eu avec d'autres ministres depuis quelques jours à Ottawa. On l'écoute.

EUCLIDE CHIASSON - Ça prend toujours une personne qui devient eh, qui prend le leadership politique pour ça, pis là, on sent que Mme Copps est prête à faire ça. Et puis, on est très content. C'était ici d'ailleurs que, parce que c'est le ministère du Patrimoine canadien qui est responsable des relations protocolaires avec la Couronne, et puis eh, il fallait que ça soit faite ici. On a aussi rencontré les ministres acadiens et d'autres ministres aussi hier. Eh puis, il semble y avoir une volonté évidente de faire bouger ce dossier là. Pis, on pense qu'il y aura pas trop de problèmes du côté du Cabinet.

DENIS ROBICHAUD - Voilà, et Marc, autres choses à ajouter ?

MARC POIRIER - On en parlera plus longuement au cours de l'émission avec des extraits d'interview de Mme Copps et de monsieur Chiasson.

DENIS ROBICHAUD - Merci beaucoup Marc Poirier.

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LA UNE

ANDRÉ MARTINEAU - Il y a la Société nationale de l'Acadie qui obtint un appui de taille au sein du Cabinet Chrétien afin d'obtenir de la Couronne britannique une reconnaissance des torts causés aux Acadiens lors de la Déportation. La ministre du Patrimoine canadien, Mme Sheila Copps a accepté de défendre la démarche au sein du Cabinet. Alors, c'est une victoire pour les dirigeants de la SNA qui sont à Ottawa depuis deux jours, entre autre de faire avancer ce dossier, Marc Poirier.

MARC POIRIER - Oui, bonjour André. Donc, les dirigeants de la SNA qui sont à Ottawa pour faire avancer plusieurs dossiers et en on profité pour parler de cette démarche là. Vous savez, au début de l'été, on nous en parlait plutôt au cous des dernières semaines, la SNA avait reçu une réponse du Cabinet de la Reine à leur requête qui a été envoyée en 2002 et qui indiquait que la Reine avait besoin de l'opinion de ses ministres canadiens, donc finalement du gouvernement du Canada, avant d'évaluer cette requête là de reconnaissance de torts et que la SNA par la suite, vers la fin du mois d'août a relancé, pardon, a relancé le gouvernement canadien sur cette question là pour essayé d'obtenir son appui. Et puis, depuis ce temps-là, il y a eu beaucoup de discussion qui s'est fait, beaucoup de lobbying, puis, donc, on a finalement réussi à intéresser Mme Copps à cette démarche là, et vous allez voir dans cette interview que j'ai fait avec le président de la SNA, monsieur Euclide Chiasson, il va vous expliquer un peu ce que cherche à obtenir, la façon que veut procéder la SNA, c'est-à-dire que ça prendrait cette reconnaissance de torts là serait inscrite dans une proclamation royale, a une vue un peu plus large. Alors, si vous voulez bien, on va l'écouter.

EUCLIDE CHIASSON - Disons que le dossier chemine bien ici, à Ottawa, que Mme Copps a pris le leadership dans le dossier. Eh, on a proposé nous, une proclamation royale, un texte, donc un libellé qui va être étudié ici, passé à la loupe par tout le monde. Nous, on l'a faite circulé parmi nos associations dans les quatre provinces de l'Atlantique. On l'a faite aussi vérifier par les historiens du Centre d'études acadiennes à Moncton. Bien nous, on est satisfait avec le texte. Maintenant, il y aura peut-être quelques petites négociations sur des virgules, mais à part de ça pour nous ça serait acceptable comme libellé et pis ça, disons que ça mettrait un terme à la saga des reconnaissances des torts, parce que la, on aurait cette reconnaissance là. Ça serait un document dûment signé par Sa Majesté, qui, aussi reconnaîtrait, pas reconnaîtrait, mais qui proclamerait aussi qu'il y aurait une journée, qui serait le 28 de juillet à chaque année, jour de commémoration du Grand Dérangement. Ce serait un ajout en plus de la reconnaissance des torts, ça serait une pierre deux coups. On aurait aussi, parce que c'est la date que l'ordre de la Déportation a été signé, le 28 juillet 1755.

MARC POIRIER - C'est que au début, vous parliez que la proclamation proposée serait justement, aurait pour but de proclamer cette date là. Dans les préambules on parlerait de reconnaissance des torts. C'est toujours ça le plan.

EUCLIDE CHIASSON - C'est ça. C'est qu'il y a un des Attendu Que qui dit que la Couronne, et Attendu Que la Couronne britannique reconnaît officiellement les torts historiques infligés en son nom au peuple acadien au moment du Grand Dérangement, et qu'elle souhaite permettre au peuple acadien de tourner la page sur cette période sombre de l'histoire, de son histoire. Or, c'est un des Attendu Que qui est central dans tous ça.

MARC POIRIER - Et pourquoi avoir choisi cette méthode là plutôt, cette façon de faire là plutôt que d'avoir une proclamation qui, directement, reconnaîtrait les torts?

EUCLIDE CHIASSON - C'est ce que ça fait. Alors là, lorsque l'on proclame, l'on proclame comme un jour, une journée disons de commémoration, tu sais. Mais, juste de un paragraphe qui dirait ce que je vient de dire, par exemple, je pense que ça aurait pu être dans une lettre aussi, ç'aurait pu être, il y a plusieurs façons de le faire. Là, c'est une façon, on pense qui serait très très acceptable et qui donnerait en même temps, la (possibilité?) par rapport à la commémoration du 28 juillet là.

ANDRÉ MARTINEAU - Voilà, c'était encore une fois, monsieur Euclide Chiasson, qui est le président de la Société nationale de l'Acadie. Si on vient un petit peu en arrière, Marc, les réactions qu'on avait entendu d'Ottawa, on tout cas, on semblait pas très favorable à ça. Mais maintenant la ministre Copps donne son appui.

MARC POIRIER - Oui, c'est un peu, bon, flou ce qui s'est passé à Ottawa depuis la fin du mois d'août. Les premières réactions que l'on avait entendu de Mme Copps d'ailleurs et du ministre acadien Robert Thibault, c'était qu'on ne voulait pas vraiment mêlé la Reine à une question qu'on considérait comme une question de politique canadienne.

ANDRÉ MARTINEAU - Interne.

MARC POIRIER - Oui, on avait entendu Mme Copps proposé à la Société nationale de l'Acadie d'établir une table de réinitialisation comme le gouvernement canadien a fait pour les Ukrainiens. Alors, la position, cette position là en tout cas de Mme Copps semble avoir évoluée, mais vous allez voir avec cette interview que j'ai fait avec elle ce matin, que la façon que l'on veut procéder, par, bon vote du Cabinet au niveau de la proclamation royale, le gouvernement arriverait un peu à ses mêmes fins de faire en sorte que oui la Reine serait impliquée parce qu'elle va éventuellement signer cette proclamation là, mais que c'est un peu un geste automatique qu'elle le ferait, parce que le gouvernement l'acceptait. En tout cas.

ANDRÉ MARTINEAU - On va l'entendre verbalement, même si elle est dans la proclamation.

MARC POIRIER - Alors Mme Copps nous raconte un peu tout ça et puis, elle nous dit ce qu'elle veut faire avec ce dossier là.

SHEILA COPPS - Mais on a eu une réunion très fructueux aujourd'hui sur la question, et on attend d'avoir une analyse de la proclamation, des propositions mis de l'avant par la SNA pour essayer d'avoir une résolution. Parce que moi, personnellement, j'ai de la famille des renvoyés. J'aimerais bien que ça soit régler avant que je termine mon travail au Patrimoine.

MARC POIRIER - Et puis, le discours qui semblait avoir lieu là, tout de suite à Ottawa, c'était que, faudrait trouver une espèce de solution canadienne interne et que on ne voulait pas trop mêler la Couronne britannique à tout ça. Est-ce que ça, ç'a changé comme position ?

SHEILA COPPS - Non, parce que la décision doit être pris par le peuple canadien. On ne peut pas donner des décisions politiques du Canada à une Couronne qui représente symboliquement notre pays et qui ne prend pas des positions politiques. Moi, comme canadienne, j'aurais bien préféré, et je préférerais que nous décidons ensemble qu'elles seront les solutions et que ça soit remis au Conseil des ministres. Alors, je vais essayer de retourner au Cabinet avec une proposition précise qui serait endossée par le Cabinet d'ici des prochaines semaines.

MARC POIRIER - Mais qui serait envoyée, si j'ai bien compris, à (Mme Copps lui coupe la parole).

SHEILA COPPS - Mais on cherche d'avoir la possibilité d'avoir une proclamation royale, et une proclamation royale exige que le gouvernement du Canada demande l'acte de la Couronne. Mais, c'est toujours un acte qui est demandé suite à une résolution du Conseil des ministres d'un gouvernement. Ce qui garantit que toutes gestes politiques poser au Canada pour régler une question, soit une question à l'intérieur de notre coin de pays est pas décidé par une politique d'un autre pays.

MARC POIRIER - Est-ce que cela veut dire que si le gouvernement, le Cabinet donne son appui qu'automatiquement est tenu de signer cette proclamation là, où qu'elle a le choix de décider oui ou non ?

SHEILA COPPS - Non, les proclamations royales qui sont envoyées par le Conseil des ministres, doivent être signées par la Reine en tant que représentante de la eh, du gouvernement eh, du Canada, pas en tant que Reine de la Grande-Bretagne, si vous voulez. On va passer, et si vous examinez la lettre qui a été envoyée par la Reine après la demande envoyés par la gouverneure générale, elle exige que toutes décisions du Conseil des ministres, ce sera la décision qu'elle suivra, et c'est comme ça que ça marche.

MARC POIRIER - Et vous, vous allez défendre cette demande là, donc au Cabinet.

SHIELA COPPS - Oui, absolument, et que ça soit au sein du Conseil des ministres du Canada qu'on exige une confirmation royale.

MARC POIRIER - Quand pensez-vous que le Cabinet pourra prendre une décision ?

SHEILA COPPS - Bien, on cherche d'avoir une reconnaissance, évidemment dans les plus brefs délais. J'estime pouvoir régler ce dossier avant la fin de novembre en même temps d'avoir une possibilité d'avoir une proclamation pour l'année prochaine.

MARC POIRIER - … Pour la fin de novembre, et vous aurez peut-être remarqué qu'elle a dit, qu'elle m'a dit, bien avant que je termine mon mandaT à Patrimoine Canadien. Donc, ça laisse sous-entendre que, de toute évidence, elle veut régler avant le changement de régime qui s'en vient. On sait que Paul Martin va devenir chef du parti libéral et premier ministre du Canada, alors on voit que on veut régler ce dossier là, parce que, peut-être, monsieur Martin … ça ne serait pas dans ses priorités et Mme Copps ne sera plus ministre, on ne sait pas ce qui va se passer…

ANDRÉ MARTINEAU - Est-ce qu'il y a d'autres ministres qui se sont prononcés par rapport à ça ? Ce n'est pas clair, clair pour tout le monde.

MARC POIRIER - Non, on avait entendu, comme je l'ai dit tantôt le ministre acadien, Robert Thibault, en Nouvelle-Écosse, il y a quelques semaines, exprimer certaines réserves, mais c'était les mêmes réserves que Mme Copps a exprimé. Donc, on peut croire qu'il aura la même position que la ministre Copps, surtout que le président de la Société nationale de l'Acadie, monsieur Chiasson, disait qu'ils avaient rencontré d'autres ministres acadiens, il n'a pas nommé de noms, mais que, il semblait que leur position était assez favorable. Alors, on verra ce qui se passera au Cabinet, ça devrait se passer comme on a dit, assez rapidement. Entre temps, il y a toujours cette motion de Stéphane Bergeron sur cette même reconnaissance des torts à la Chambre des Communes, qui elle, doit être soumise au votes, normalement au cours de ce mois-ci. Mais avec tout ce qui se passe, il serait peut-être, monsieur Bergeron avait dit lui-même que si il y avait du mouvement au sein du gouvernement, peut-être qu'il retirerait sa motion, puisque elle deviendrait caduque.

ANDRÉ MARTINEAU - Merci beaucoup Marc Poirier.

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