BASQUE, MAURICE - DOSSIER DE LA RECONNAISSANCE DES TORTS CAUSÉS PAR LA DÉPORTATION

RADIO-CANADA - Le 9 octobre 2002

Le Réveil - 8h20

Chronique de Maurice Basque

MICHEL DOUCET - On revient ce matin sur ce dossier de la reconnaissance des torts causés par la Déportation, la Couronne britannique et tout cela. Il a été question, bon, le rôle de la Reine versus le rôle du Parlement canadien. Est-ce que c'est à la Reine de dire au Parlement, est-ce que c'est au Parlement de dire à la Reine. Bref, on ne s'y retrouve presque plus, Maurice Basque. Quel est le rôle de nos députés dans toute cette affaire ?

MAURICE BASQUE - Oui. Eh-eh-eh! Il faut dire que ç'a commencé très rapidement. Ce n'est pas une idée ou un mouvement qui avait été lancé en Acadie au tout début. Ç'a commencé par cet avocat de Lafayette, en Louisiane, monsieur Warren Perrin, qui avait quand même beaucoup d'appui en Acadie. Par la suite, lui ç'a fait quand même plus de dix ans qu'il travaille sur cette question, c'est passé au député du Bloc québécois, monsieur Bergeron et la Société nationale de l'Acadie l'a pris finalement comme l'un de ses projets. J'ai été impliqué, il faut que je le dise pour avoir plus de transparence, dans ce projet également. Dans un premier temps, lors que ç'avait été présenté à la Chambre des Communes, la majeure partie de la députation, non seulement acadienne, mais quand même, eh-eh-eh, à peu près de tous partis confondus, eh-eh, y avait vu un peu presque une perte de temps, quelque chose d'inutile. Pourquoi ressasser le passé? Pourquoi retourner en arrière? Pensons au dynamisme de la société acadienne d'aujourd'hui. Et tiens, depuis une semaine à peu près, on a un retournement de situation. On parle de torts et de préjudices, de reconnaissance de ces torts. Faut dire que, on parle toujours dans le quotidien d'excuses. Ce concept d'excuses n'a jamais été mis de l'avant par la Société nationale de l'Acadie (sic). C'est pas ça qui avait été recommandé. C'était demandé à la Couronne britannique. C'est là un peu le-le-le (sic) peut-être le propos de ce matin, à la Couronne britannique de reconnaître les torts et préjudices qu'avait causé tout les événements liés au Grand Dérangement, la Déportation.

MICHEL DOUCET - Quel est le rôle de nos députés la-dedans.

MAURICE BASQUE - Les députés ont changé. En partie, la députation acadienne a changé un peu son fusil d'épaule, si c'est une proclamation royale qui émane du gouvernement acadien, là, ça serait autre chose. Il semble que on se dirige vers cette proclamation royale émanant du gouvernement canadien. Et Sa Majesté, c'est en tant que Reine du Canada qu'elle le ferait et non en tant que Reine de Grande-Bretagne. La nuance est importante, parce que la Société nationale de l'Acadie, avait quand même fait parvenir sa requête à la reine de Grande-Bretagne, pas à la reine du Canada. On comprend que l'on a une monarchie constitutionnelle. Quand la reine est au Canada, elle est la reine du Canada, mais quand elle est au Canada, elle est une entité en soi là, elle demeure reine de Grande-Bretagne, mais elle a une autre fonction. Tout d'un coup, cette proclamation émanerait du gouvernement canadien. À mon avis d'historien, c'est très intéressant, ça permettrait comme on dit dans le texte de tourner la page. Ç'aura peut-être été un plus fort sur le plan symbolique que ça soit la reine en tant que reine de Grande-Bretagne qui le fasse. Ce qui est intéressant aussi, c'est que on aurait peut-être une réponse à cette question qui a quand même déchiré jusqu'à un certain point, eh-eh, certaines personnes. Et, je voudrais tout simplement conclure en disant depuis au moins dix ans, il y a énormément de volumes, de livres, d'articles, d'ouvrages qui paraissent sur cette question, pas seulement sur la question acadienne, mais sur ces questions de réparation eh de de de (sic) mémoire, de reconnaissance, de tourner la page, de réconciliation. C'est vraiment, quand on s'y intéresse, il y a énormément d'ouvrages là-dessus, et c'est vraiment très passionnant. C'est vraiment très intéressant. Il faudra suivre maintenant ce qu'il va se dérouler là-dessus. On peut le souhaiter que ça soit régler pour 2004, pour le 400e de l'Acadie.

MICHEL DOUCET - Maurice Basque, merci beaucoup.

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