ENTREVUE AVEC STÉPHANE BERGERON

Radio-Canada, Moncton

Le Réveil

Vendredi, le 5 décembre 2003, 8 h 22

MICHEL DOUCET - C'est mercredi prochain que la gouverneure générale du Canada, Adrienne Clarkson, apposera sa signature sur la proclamation qui reconnaît les torts fait au peuple Acadien lors de la Déportation, des événements qui ont entourés la déportation de 1755. Nous recevons ce matin monsieur Stéphane Bergeron, député de Verchères-Les-Patriotes, il est député du Bloc québécois, comme on le sait, c'est lui qui a amené tout ce dossier, il y a de cela environ deux ans. Monsieur Bergeron bonjour.

STÉPHANE BERGERON - Bonjour.

MICHEL DOUCET - Vos premières réactions lorsque la SNA et le fédérale ont conclu cet accord. Est-ce que c'est une victoire pour vous ?

MICHEL DOUCET - Elle est la représentante officielle de la reine cependant.

STÉPHANE BERGERON - Tout à fait, mais en tant que reine du Canada. Je sais que Madame Copps et monsieur Chiasson ont indiqué qu'une invitation avait été envoyée à Sa Majesté pour qu'elle vienne, le cas échéant, lire la proclamation à Grand-Pré en 2005, ce qui m'apparaîtrait, à ce moment-là, éminemment positif, et on peut difficilement demander rien de plus à la reine que de venir devant la diaspora acadienne à Grand-Pré pour lire la Proclamation, qui constituerait à ce moment-là, je dirais un espèce d'endossement de la proclamation royale canadienne par la Couronne britannique, un endossement de facto. Mais, jusqu'à ce que Sa Majesté vienne à l'invitation du gouvernement canadien lire la proclamation, il s'agit d'une proclamation de la Couronne du Canada, ce qui laisse la question carrément ouverte, puisque l'autorité qui doit à tout le moins porter la responsabilité morale des événements entourant la Déportation, la Couronne britannique, ne se sera toujours pas prononcée sur la question.

MICHEL DOUCET - Si je comprend bien, monsieur Bergeron, depuis l'échec de la motion M-241 et des motions subséquentes, et de vos efforts subséquents à la Chambre des Communes, si je comprend bien, vous avez été écarté du processus, tant par la SNA que par le fédéral, les libéraux fédéraux.

STÉPHANE BERGERON - Je pense que l'on peut dire les choses comme cela, mais d'un autre côté, il y a peu à se surprendre, puisque vous le savez, la procédure, la démarche a été teintée d'un peu de mesquineries politiques dès le départ. Il ne faut donc pas se surprendre de voir cela continuer maintenant. Ceci dit, je dois dire que ça m'importe peu de savoir si je suis ou non associé à la décision du gouvernement fédéral. Ce qui m'apparaît important, en bout de piste, c'est que le geste soit posé, quelque soit l'autorité ou quelque soit l'initiateur de la démarche. En dernière analyse, ce qui m'intéresse, c'est de savoir que les faits entourant la déportation, les préjudices causés au peuple acadien soient finalement reconnus. Alors, si le gouvernement décide de me doubler, en évitant d'avoir à se prononcer sur la dernière motion en liste qui sera vraisemblablement soumise aux voix quelque part en février ou mars, c'est à dire en tout début d'année de célébration du 400e anniversaire de l'Acadie, bien ça m'importe peu qu'on ait voulu éviter que le gouvernement ait à agir suite à une motion adoptée plutôt qu'à me devancer, comme il le font présentement.

MICHEL DOUCET - Stéphane Bergeron, en terminant, est-ce que vous sentez que les libéraux fédéraux ont récupéré tout ce dossier. On se rappelle, ils étaient complètement contre. Il n'était pas question, on disait qu'on ne voulait pas regarder vers le passé, mais vers l'avenir. Est-ce que ça sent la récupération selon vous ?

STÉPHANE BERGERON - Moi, je vous dirais simplement que, comme je vous le signalais, il y a une motion déposée, qui est actuellement sur le parquet de la Chambre, qui sera votée vraisemblablement en février ou mars, donc, en tout début des célébrations du 400e anniversaire de l'Acadie. Vous savez également que c'est une année électorale. Peut-être que certains collègues acadiens souhaitaient éviter de traîner cet espèce de squelette dans le placard et de voter une nouvelle une fois contre une motion concernant la reconnaissance des torts entourant la Déportation, en pleine compagne ou à la veille d'une compagne électorale. Il y a un certains nombres d'éléments objectifs qui ont peut-être amené mes collègues à la raison et j'en suis fort aise. Comme je vous le disais tout à l'heure, quelques que soit les raisons mes collègues libéraux ont cheminés et sont arrivés finalement à vouloir adopter une position plus positive à l'égard de cette question, bien, ça m'importe peu. L'important, c'est qu'il l'ait fait, que le cheminement se soit effectué et qu'on en vienne effectivement à reconnaître les torts, mais maintenant que le Canada le fasse tout comme la Louisiane et l'état du Maine, ça m'apparaît évidemment positif.

MICHEL DOUCET - Monsieur Bergeron, merci beaucoup.

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