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M. Rodger Cuzner (Bras d'Or--Cape Breton, Lib.)
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37e Législature, 1ère Session
HANSARD RÉVISÉ • NUMÉRO 091
Le mercredi 3 octobre 2001
LES ACADIENS
M. Rodger Cuzner (Bras d'Or--Cape Breton, Lib.): Monsieur le Président, je voudrais vous remercier de me donner l'occasion de répondre au député de Verchères--Les-Patriotes, qui a saisi la Chambre d'une motion demandant au gouverneur général d'intercéder auprès de Sa Majesté, la Reine d'Angleterre, pour qu'elle présente des excuses officielles au peuple acadien pour les torts causés en son nom entre 1755 et 1763.
L'histoire canadienne, comme celle de tout autre pays, recèle des événements dont nous ne sommes pas fiers. Ce sont des événements qui, comme dans le cas de la déportation des Acadiens, se sont produits il y a des centaines d'années. Certes, l'histoire peut parfois être cruelle, mais la nôtre ne comprend pas que des injustices. C'est une histoire qui, de façon générale, est faite de progrès et de croissance. Aujourd'hui, nous devons regarder vers l'avenir.
Il n'y a pas une mais plusieurs communautés acadiennes dans les provinces atlantiques. Au Nouveau-Brunswick, les Acadiens sont concentrés dans le sud-est, le nord-est et le nord-ouest, avec des groupes à Fredericton et à Saint John.
En Nouvelle-Écosse, on compte de dynamiques communautés à Baie-Sainte-Marie sur la côte sud-ouest et dans ma circonscription, Bras d'Or--Cape Breton. Les régions de l'Île-Madame et de Chéticamp comptent aussi de belles communautés, qui sont fières et progressistes.
À l'Île-du-Prince-Édouard, les Acadiens habitent la région d'Évangéline. À Terre-Neuve, on les trouve à Cape St. Georges, à St. John's et à Labrador City. Il y en a aussi aux Îles-de-la-Madeleine, en Gaspésie, dans la région de Montréal et dans l'ouest du Canada. Toutes ces communautés, petites et grandes, témoignent de la vitalité de la population du Canada et de ses deux langues officielles.
Il faut un courage et une force exceptionnels pour créer une communauté vivant dans une situation minoritaire. Les membres de la communauté acadienne ont fondé des écoles, des collèges et des universités. Ils ont créé des théâtres, des journaux et des maisons d'édition. Ils ont fait des pas de géant dans la culture, au théâtre, au cinéma, dans les arts visuels et la musique, aussi bien qu'en littérature. Ils ont donné au monde des écrivains, des poètes, des artistes, des danseurs, des musiciens et des chanteurs. Ils ont tissé un impressionnant réseau d'entreprises et créé des emplois.
Les Acadiens du Canada font partie des artisans du succès et de la prospérité du Canada. Le gouvernement du Canada reconnaît la contribution dynamique et vitale des Acadiens à la société canadienne. Les Acadiens font partie des sept millions de gens qui parlent, chantent, écrivent, travaillent et vivent en français. Ces francophones sont la preuve de la vitalité et de l'extraordinaire détermination à croître et à s'étendre dans un continent majoritairement anglophone.
La langue française et la langue anglaise, et ceux qui parlent ces langues, ont façonné le Canada et contribué à définir son identité. La dualité linguistique du Canada trouve sa source dans la nature même de notre pays. Aujourd'hui, il est difficile de concevoir le Canada sans constater l'importance de ces deux langues dans les collectivités de la société canadienne.
Les programmes de promotion des langues officielles du ministère du Patrimoine canadien visent à offrir aux Canadiens la possibilité de reconnaître pleinement notre riche patrimoine linguistique et d'en tirer parti. Le gouvernement du Canada estime que la vaste majorité des Canadiens partagent ces objectifs.
Rare sont ceux qui douteraient de l'importance de l'instruction pour toute localité. Par le soutien qu'il apporte à l'instruction dans la langue de la minorité, le ministère du Patrimoine canadien vise la pleine participation des deux groupes linguistiques à tous les aspects de la vie au Canada.
Ces programmes favorisent non seulement la contribution culturelle très importante des minorités francophone et anglophone, mais également l'accès à la vie économique. Par exemple, les progrès réalisés dans l'instruction dans la langue de la minorité francophone a largement contribué à réduire le taux d'analphabétisme et de décrochage scolaire, et à accroître le taux de fréquentation des établissements postsecondaires.
Il y a 30 ans, la qualité et l'accessibilité de l'instruction dans la langue de la minorité francophone étaient non seulement une honte nationale, mais aussi un obstacle important au développement et à la survie des collectivités francophones dans tout le Canada. Nous avons décidé de changer la situation. Ainsi, des écoles ont été construites là où il n'y en avait pas. Des centres communautaires ont été construits là où il n'en avait jamais existé. Des collèges ont été construits là où il n'y en avait jamais eu.
Nous avons collaboré avec les provinces et avec les parents francophones et acadiens d'un bout à l'autre du pays. On ne saurait sous-estimer l'importance économique d'une instruction publique de qualité dans la langue des 1,6 million de Canadiens qui font partie des communautés minoritaires de langue officielle.
Les programmes d'enseignement dans la langue de la minorité intéressent tous les Canadiens. En leur absence, comme l'a fait remarquer la Commission royale d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme, les Canadiens minoritaires ne pourraient pas contribuer à la vie de la société. Le ministère du Patrimoine canadien, dont sa Direction générale des programmes d'appui aux langues officielles, a conclu une série d'accords très bénéfiques pour les populations acadiennes et francophones du Canada.
La collaboration entre les deux niveaux de gouvernement, dans le cadre du Programme des langues officielles dans l'enseignement, permet à plus de 150 000 jeunes des communautés de langue officielle minoritaire d'étudier dans leur langue dans 700 écoles primaires et secondaires réparties dans toutes les régions du Canada, et 18,5 p. 100 de ces écoles se trouvent dans les provinces de l'Atlantique.
Le Programme des langues officielles dans l'enseignement contribue au financement d'un réseau de 19 collèges et universités francophones à l'extérieur du Québec, dont un grand nombre se trouvent dans les provinces de l'Atlantique et servent la population acadienne. C'est aussi grâce à ces programmes que 2,7 millions de jeunes Canadiens apprennent la deuxième langue officielle, dont 318 000 dans des classes d'immersion, ce qui fait augmenter singulièrement le nombre de Canadiens qui savent apprécier la langue et la culture françaises.
Sans entrer dans les détails de tout le bon travail qui se fait, je voudrais signaler quelques réalisations remarquables dans le domaine de l'enseignement aux groupes minoritaires, réalisations dont ont profité directement les collectivités acadiennes ces dernières années.
En Nouvelle-Écosse, deux établissements ont joué un grand rôle dans l'enseignement en français: le Collège de l'Acadie, dont je parlerai plus longuement, et l'Université Sainte-Anne, qui a été financée pendant de longues années par le gouvernement fédéral.
Créé en 1988, le Collège de l'Acadie est maintenant une institution centrale pour les localités francophones et acadiennes. Comme j'en ai deux dans ma circonscription, je suis bien placé pour parler de leur rôle.
Les grandes distances qui séparent les différentes régions acadiennes de la province auraient pu faire problème pour la prestation des services, mais les Acadiens ne se sont pas découragés. Ils se sont adaptés et ont mis en place dans tout le territoire des centres de formation rattachés au Collège de l'Acadie. On en compte maintenant sept, et il est certain que ces centres de formation contribuent directement à l'expansion économique et au développement des localités acadiennes.
Le collège et les centres de formation possèdent des moyens technologiques ultramodernes, comme des installations de vidéoconférence et de téléconférence, pour offrir des programmes de télé-enseignement de qualité supérieure. Au moment où l'on s'apprête à insister encore plus sur le savoir et les communications, la capacité d'assurer le télé-enseignement en français est sûrement un signe de prospérité pour les francophones et les Acadiens du Canada.
Aussi en Nouvelle-Écosse, des fonds fédéraux ont servi à soutenir la construction et l'agrandissement de l'école et du centre communautaire Carrefour du Grand Havre, à Dartmouth. Dans la circonscription voisine, la mienne, Sydney--Victoria, l'ouverture de l'école et du centre communautaire Étoile a aussi permis de célébrer une victoire pour la population francophone de la région du Grand Sydney. En plus d'offrir de l'enseignement de qualité en français, ce centre offre aux Acadiens un lieu pour se réunir et pour faire connaître la culture acadienne.
Au Nouveau-Brunswick, le gouvernement fédéral a aussi largement et constamment appuyé le développement d'institutions bien établies, par exemple l'Université de Moncton. Comme tout autre établissement d'enseignement, cette université joue un rôle important à titre de locomotive du développement social, économique et culturel des collectivités acadiennes.
Fondée en 1963, l'Université de Moncton est la deuxième en importance au Nouveau-Brunswick et la plus importante université de langue française à l'extérieur du Québec. Elle compte trois campus: Moncton dans le sud-est, Edmundston dans le nord-ouest et Shippagan dans le nord-est. Il ne fait aucun doute que l'Université de Moncton contribue directement à la vitalité et au dynamisme des communautés francophones et acadiennes du Canada.
Au Nouveau-Brunswick, des fonds fédéraux ont facilité la construction de trois centres communautaires et écoles, à Fredericton, Miramichi et Saint-Jean, ainsi que le financement de quatre collèges communautaires. À l'Île-du-Prince-Édouard, un autre centre communautaire a été créé. En outre, les Acadiens de Terre-Neuve vont bientôt pouvoir célébrer la signature d'une entente avec le gouvernement fédéral dans le dossier de la gestion des écoles francophones.
Le gouvernement fédéral appuie aussi les associations acadiennes qui rassemblent les institutions et organisations acadiennes.
Ces associations travaillent sans relâche pour la cause acadienne et, au fil des ans, elles ont donné lieu à de nombreux changements favorables. Il ne fait aucun doute que la déportation des Acadiens est l'une des grandes tragédies de l'histoire du Canada.
Ce fait et ses répercussions ne doivent jamais s'effacer ou s'estomper de nos mémoires. Les sites historiques et commémoratifs, Grand Pré par exemple, ont été créés afin que les Canadiens se souviennent toujours de cet épisode de leur histoire.
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