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Motion M-382 : M. Lorne Nystrom (Regina-Qu'Appelle, NPD)
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37e LÉGISLATURE, 3e SESSION
HANSARD RÉVISÉ • NUMÉRO 022
Le mardi 9 mars 2004
[Traduction]
L'hon. Lorne Nystrom (Regina-Qu'Appelle, NPD): Madame la Présidente, je signale d'entrée de jeu que j'appuie la motion dont la Chambre est saisie aujourd'hui, et je recommande à tous d'en faire une lecture très attentive. Cette motion ne réclame pas d'excuses, mais demande plutôt que la Reine reconnaisse officiellement les torts causés au peuple acadien entre 1755 et 1763, et que, lorsqu'elle viendra en 2005, elle reconnaisse qu'un grand tort et une grande injustice ont été causés au peuple acadien.
C'est ce que demande la motion. Je n'y vois pas un grand problème. La motion est bien rédigée. C'est une motion très polie qui demande que notre Gouverneure générale informe la Reine que le Parlement désire qu'elle reconnaisse, lorsqu'elle s'adressera au peuple acadien, qu'un grand tort a été causé de 1755 à 1763.
J'invite fortement la Chambre à appuyer cette motion aussi massivement que faire se peut. Ce n'est pas une motion partisane. C'est une motion de reconnaissance d'un tort. C'est l'un des plus grands torts de notre histoire. Des Acadiens ont été déportés en Louisiane, dans le sud des États-Unis. Cette déportation a causé la séparation des familles et le déracinement des Acadiens. Ils ont perdu de ce fait leurs propriétés, leurs amis et leurs communautés.
[Français]
Cela a été un moment très triste de l'histoire du Canada. Il y a longtemps, beaucoup de choses très tristes se sont produites, que l'on pense par exemple au traitement des Canadiens d'origine japonaise, des Canadiens d'origine autochtone, les aborigènes du Canada. Beaucoup d'injustices ont été commises par nos prédécesseurs.
La population acadienne est parmi les groupes qui ont été traités d'une manière très injuste par le gouvernement de ce temps-là. C'était un gouvernement colonial; ce n'était pas le gouvernement du Canada. C'est le gouvernement colonial qui a procédé à l'expulsion de cette population vers les États-Unis.
[Traduction]
Ce fut une grande injustice. Des communautés ont été déchirées. Des gens ont été déportés. Ils ont été envoyés à l'extérieur du pays. Tout cela a été fait par le gouvernement colonial. À mon avis, nous ne devrions pas nous montrer aussi timides et aussi craintifs. Ce n'est pas une insulte que nous faisons à la Reine en lui demandant de reconnaître qu'une situation terrible s'est produite il y a bien des années.
J'aimerais préciser très clairement que cette motion qui a été proposée par le député de Verchères-Les-Patriotes et appuyée par le député d'Acadie-Bathurst, du Parti néo-démocrate, devrait obtenir l'appui de tous.
Certains se demandent pourquoi nous devrions le faire. J'étais à la Chambre en 1984 lorsque Pierre Trudeau en était à sa dernière journée au Parlement à titre de premier ministre. Brian Mulroney, qui était alors chef de l'opposition à la tête du Parti conservateur du Canada, s'est levé et a posé cette question. Le député conservateur de la région d'Ottawa a lu la réponse qu'a faite l'ancien premier ministre Pierre Trudeau. Je n'étais pas d'accord avec lui. Je crois qu'il est très important pour le bien-être de tous nos concitoyens que nous reconnaissions les torts qui ont été commis et que nous tentions de nous excuser--et cette motion ne présente même pas d'excuses--pour ces graves torts et injustices qui ont été commis il y a bien longtemps.
Il est parfois un peu triste de voir comment les hommes évoluent. Les êtres humains ont souvent agi de façon très peu humaine les uns envers les autres. De nombreux génocides se sont produits de par le monde. Des déportations massives ont eu lieu. Nous, humains, avons fait périr des milliers et des milliers de personnes dans le monde. Nous sommes devenus un peu plus civilisés, du moins le croyons-nous. L'une des façons de le prouver est de reconnaître que la façon dont les Acadiens ont été traités par le passé est inacceptable. C'est historiquement inacceptable. C'est moralement inacceptable et cela n'aurait jamais dû se produire.
Nous ne pouvons concrètement rien y faire maintenant, mais nous pouvons dire officiellement, au nom du Parlement du Canada que ce qui s'est produit était inacceptable et demander que lorsque la Reine, notre souveraine, s'adressera aux Acadiens, elle reconnaisse elle aussi que c'était une chose inacceptable, que c'est regrettable et que cela n'aurait jamais dû se produire. Je crois que cela permettrait de faire comprendre aux Acadiens que nous les respectons, que nous les considérons comme des partenaires à part entière dans notre grand pays et que ce qui s'est produit était inacceptable. Le moindre que nous puissions faire, c'est de demander à la Reine de reconnaître cela en 2005 lorsqu'elle s'adressera aux Acadiens.
[Français]
J'ai suivi très attentivement l'histoire de notre pays. Une grande contribution a été faite depuis 300 ans dans notre pays, par les francophones acadiens et acadiennes. Il s'agit d'une grande contribution. Il reste beaucoup d'Acadiens dans notre pays, et le député de Acadie-Bathurst est parmi ceux qui ont pris part à cette grande contribution. Je félicite le député du Bloc québécois de Verchères-Les-Patriotes pour sa motion, et j'espère que les députés de tous les partis de cette Chambre donneront leur appui à cette motion lors du vote.
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