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La cellule Beaubassin entend revenir à la charge?
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Philippe Ricard - 1 novembre 2002
Depuis la publication du document, vendredi dernier, dans L’Acadie NOUVELLE, les cinq membres de la cellule Beaubassin – Marie-Claire Dugas, Charles Emmrys, Isabelle Dugas, Donatien Gaudet et Mario Toussaint – disent avoir reçu des réactions positives de la part de la population. «On a eu beaucoup de feed-back de la population. Des gens de tous les milieux, de tous les âges, nous ont appelés pour nous féliciter. D’autres nous ont dit merci, parce que l’on a dit des choses que personne auparavant n’avait dit. On n’a jamais sorti ces horreurs-là du tiroir pour les mettre sur la place publique», explique la porte-parole de la cellule, Marie-Claire Dugas. Le groupe veut maintenant poursuivre ses activités, en tentant de faire connaître le manifeste et en essayant de susciter la réflexion chez les Acadiens, mais également chez les anglophones et les Mi’kmaqs. «C’est clair que l’on va continuer. Le manifeste, ce n’est qu’un début», indique Mme Dugas. Entre autres choses, la cellule Beaubassin entend distribuer son manifeste au plus grand nombre de gens possible. Le document sera disponible dans Internet à l’adresse www.manifeste-beaubassin.org. De plus, le manifeste sera traduit en anglais et en mi’kmaq, histoire de faciliter les discussions avec ces deux peuples. «On invite aussi les anglophones et la nation mi’kmaq à faire leur propre réflexion. On est en train de traduire le manifeste en anglais et il va aussi être traduit en mi’kmaq. Le manifeste, c’est un outil de réconciliation et on veut que les trois peuples aillent revisiter l’histoire. On aimerait aussi que les Mi’kmaqs partagent avec nous leur vision de leur génocide. Parce qu’ils ont payé très cher en vies humaines cette amitié avec les Acadiens», soutient Marie-Claire Dugas. Le groupe souhaiterait aussi que les Acadiens se réunissent en petits groupes, partout en Acadie, pour discuter du contenu du manifeste.
Commémorer Dans son manifeste, la cellule Beaubassin voulait d’abord et avant tout crever un abcès qui, à son avis, ronge le peuple acadien depuis trop longtemps: celui de ne pas parler de la Déportation publiquement. «On voulait faire sortir le méchant. Après deux ans de réflexion, on est persuadés qu’il y a un problème sur le territoire, entre les Anglais et les Acadiens et entre les Mi’kmaqs et les Acadiens qui se battent pour les derniers homards à Burnt Church. Il y a un traumatisme et une amnésie totale sur la Déportation. Pour oublier, il faut se souvenir. Les gens ne connaissent pas les faits sur la Déportation et on veut regarder les faits en face. Arrêtons de nier, sinon ça nous mènera à notre disparition», estime Marie-Claire Dugas. Maintenant que cela est fait, la cellule Beaubassin voudrait que l’action – la vraie – commence, en érigeant un monument aux morts pour commémorer les victimes de la Déportation, en déclarant une journée pour commémorer la Déportation (le 27 octobre serait une bonne date puisque c’est le jour où les premiers navires ont quitté Beaubassin). De plus, le groupe demande que les responsables de la Déportation soient déclarés coupables de crimes contre l’humanité. «Ce que l’on souhaiterait, c’est qu’une “Commission de vérité” soit mise sur pied, un peu comme cela a été le cas en Afrique du Sud, une commission où les responsables de la Déportation soient déclarés coupables de crimes contre l’humanité. Il faudrait que la vérité sorte une fois pour toutes sur la Déportation, devant un “Tribunal de la vérité”», soutient Mme Dugas.
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