[L'ACADIE NOUVELLE] Opinion : Une enquête pour la Déportation

DONATIEN GAUDET

L'Acadie Nouvelle - 15 août 2001

Y a-t-il lieu, à ce moment-ci, de demander, au nom du gouvernement canadien, comme le veut le député Bergeron, des excuses à la Couronne britannique en ce qui à trait à la Déportation de 1755? Y a-t-il lieu de demander de telles excuses sans expliciter ce sur quoi elles devraient porter? Certains prétendent même que l'ordre de déportation n'a jamais été révoqué, et qu'en conséquence, nous sommes tous et toutes encore visés par cet ordre. Selon les plus récentes découvertes, l'ordre serait venu des autorités de Londres, alors que certains livres d'histoire ont prétendu, pendant longtemps, que les seuls responsables auraient été les autorités britanniques postées à Halifax. Comment a-t-on interprété les clauses du traité d'Utrecht (1713)? Des auteurs américains réputés (Max Savelle, Université de Washington et Robert Middlekauff, Université de la Californie à Berkeley) prétendent que ledit traité, pour des raisons politiques, n'a jamais été signé par les représentants britanniques). Si tel est le cas, comment cet état de choses a-t-il pu influer sur la suite des événements? Si, comme le dit le traité d'Utrecht (que les Français, eux, ont vraisemblablement signé), l'Acadie constituait un pays, et les Acadiens, un peuple, y a-t-il lieu de voir comment l'Angleterre pourrait devoir non seulement s'excuser, mais aussi et surtout dédommager le peuple acadien pour tous les torts qui lui ont été causés? Alors là, la requête de M. Bergeron semble être bien en deçà des règles de justice distributive. Et une enquête judiciaire en règle, étendue et exhaustive serait peut-être dans l'ordre, non?

DONATIEN GAUDET Moncton