Opinion: Les séquelles de la Déportation

l'Acadie Nouvelle - 19 décembre 2001

Même si les Acadiens et les Acadiennes avaient voulu oublier, de nombreuses composantes de la société canadienne ont bien vu à ce que ce soit impossible. Chaque jour, à qui veut le voir, les raisons et les séquelles de la Déportation sont relancées, que ce soit par l'Anglo Society, par le parti allianciste, par la majorité des commerçants, par de nombreux centres d'appels, par la plupart des organismes sociaux dits «bilingues», par de nombreux ministères fédéraux et provinciaux, et j'en passe. Pas facile d'oublier une blessure qu'on s'obstine à rouvrir et à flageller régulièrement. Des excuses de la part de la Couronne britannique au peuple acadien pourraient servir à refroidir le fanatisme de ceux et celles qui continuent de traiter les Acadiennes, les Acadiens et les autres francophones du Canada de «conquis» et de citoyens et citoyennes de classe inférieure, d'affranchis conditionnels à peine tolérés, sans tenir compte du fait que leurs droits aient été inscrits dans la Charte canadienne des droits et des libertés. Les Acadiennes et les Acadiens eux-mêmes en recevraient un message valorisant, rehaussant leur estime de soi. La reconnaissance officielle et publique de ces injustices porterait un dur coup au sens d'infériorité très répandu en Acadie, qui, à lui seul, explique une bonne partie du phénomène d'assimilation et la pratique presque maladive d'être «accommodant» envers les anglophones qui font abstraction de notre présence, de nos besoins et de nos droits.

CYRILLE SIPPLEY Saint-Louis-de-Kent

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