Éditorial: Aucune surprise

Michel Doucet - 16 janvier 2002


Michel Doucet micheld@acadienouvelle.com

Le premier ministre Jean Chrétien a enfin procédé, hier, à un remaniement ministériel d'importance, un geste attendu depuis des mois. Outre le poids de l'Ontario, attribuable à son bassin démesuré de 101 députés libéraux, à quoi faut-il s'attendre de ce nouveau conseil des ministres? Commençons d'abord par les bonnes nouvelles, ou du moins celles où des individus ont pris du galon. Claudette Bradshaw, par exemple. En plus de garder ses fonctions de ministre du Travail, la députée de Moncton-Riverview-Dieppe assumera les fonctions de secrétaire d'État au Multiculturalisme et à la Situation de la femme. Mme Bradshaw ne fait pas grand bruit, mais elle est efficace. En politique active depuis 1997, elle ne traîne pas derrière elle plusieurs mesures impopulaires des libéraux fédéraux en Atlantique, dans le domaine de l'assurance-emploi par exemple. Depuis qu'elle a été appelée à relever Andy Scott (encore «oublié» hier...), Claudette Bradshaw a tout de la politicienne à l'écoute de son monde. Si elle peut maintenant se décider à être un peu plus visible dans l'ensemble de la province - qu'elle est censée représenter au complet au Conseil des ministres, ne l'oublions pas -, son nouveau mandat lui permettra de progresser en tant que femme politique. Jusqu'à maintenant, Mme Bradshaw a travaillé avec acharnement au dossier du logement pour les démunis. Le coeur et la vigueur qu'elle met à la tâche en font une ministre qui, si elle préfère rester un peu en retrait, donne aux Canadiens le sentiment qu'Ottawa n'attire pas que des carriéristes en mal de publicité. De nos jours, c'est déjà beaucoup. Un bon coup du premier ministre! Robert Thibault - un Acadien de la Nouvelle-Écosse qui, comme Mme Bradshaw, ne s'est pas élevé lors du récent débat sur les excuses de la Couronne britannique - accède quant à lui au ministère des Pêches et des Océans. On ne sait s'il faut l'en féliciter ou plutôt faire preuve de compassion à son égard. Opiner qu'il arrive à son nouveau poste à une époque difficile pour cette industrie en perte de vitesse, ce serait répéter ce qu'on aurait pu dire de ses prédécesseurs des récentes années. Il y a belle lurette que les titulaires se succèdent à ce ministère, sans qu'on sente que quelque chose s'améliore. Les décisions qu'il prendra dans le dossier des régions et des individus qui ont souffert à tort des décisions d'Ottawa, relativement à l'inclusion des autochtones dans les pêches, nous en diront un peu plus sur ses capacités. Au Nouveau-Brunswick, les gens de l'industrie souhaiteront très certainement que M. Thibault ne devienne pas un autre étiqueté qui favorisera les pêcheurs de sa province au détriment de tous les autres. Mais ne lui prêtons aucune mauvaise intention avant l'heure. Souhaitons-lui plutôt bonne chance, il en aura bien besoin. Et Frank McKenna? Jean Chrétien vient de voir partir Brian Tobin, il n'avait sans doute que faire d'un autre «dauphin». Mais il peut se passer bien des choses d'ici aux prochaines élections, générales ou complémentaires... Quant au «poids» que perdrait l'Atlantique avec le départ de l'ex-premier ministre terre-neuvien, au fond, que perdons-nous vraiment?

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