Warren Perrin laisse toute la place à la SNA

Philippe Ricard - 6 mai 2002

PUBNICO, N.-É. - Warren Perrin, ce Louisianais qui demande depuis une douzaine d'années que la Couronne britannique s'excuse pour les torts causés par la Déportation, passe le flambeau à la Société nationale de l'Acadie. À partir de maintenant, la SNA pilotera seule ce dossier qui a déjà fait couler beaucoup d'encre.

Philippe Ricard L'Acadie NOUVELLE

L'avocat louisianais a récemment décidé d'harmoniser sa démarche avec celle de la SNA, explique le président Euclide Chiasson. La SNA poursuivra donc sa requête, qui vise à obtenir une reconnaissance par la Couronne britannique des torts causés par la Déportation, au nom du peuple acadien. Une lettre, dans laquelle la SNA demandera à la Couronne britannique de «reconnaître les torts causés par la Déportation», sera acheminée d'ici peu à la reine d'Angleterre, soit par le biais du gouverneur général du Canada ou directement à Londres. «C'est une grande nouvelle parce que ça démontre que M. Perrin ne faisait pas ça pour sa gloire personnelle, mais parce qu'il y croit vraiment. Quand il a vu le sérieux de notre approche et l'appui de toutes les associations membres de la SNA, il a tout de suite écrit une lettre à l'avocat qui représente la Couronne pour lui dire que dorénavant toutes les actions (dans ce dossier) passeraient par la SNA», a mentionné M. Chiasson. Euclide Chiasson a confirmé que la SNA ne demanderait pas d'excuses officielles à Sa Majesté. «C'est une question de degré. La reine peut s'excuser, mais on n'a pas à lui demander ça. Ça met moins la personne sur la défensive si on demande une reconnaissance des torts (causés par la Déportation). Normalement, la phrase qui devrait suivre cette reconnaissance devrait être “on s'en excuse”. J'ai l'impression que c'est ce qui va arriver. Mais au lieu de lui demander, on lui suggère». Au dire de M. Chiasson, qui a été réélu pour un second mandat à la tête de la SNA, il est clair que son organisme n'exigera pas de compensation financière pour réparer les torts causé par le Grand Dérangement. Un spécialiste en droit constitutionnel, Christian Néron, avançait que le peuple acadien pourrait toucher entre 50 et 100 millions $ en dédommagement pour les événements survenus en 1755. «Si la Couronne décidait d'ériger des monuments (commémoratifs), ce serait bien. D'ailleurs c'est ce que Warren Perrin voulait. Peut-être qu'il va y avoir des négociations, des rencontres avec des représentants de la Couronne. S'ils nous offrent quelque chose, ce serait dans ce genre-là (monuments), ce ne serait sûrement pas une compensation pour les individus ou pour les organismes», a certifié M. Chiasson Le président de la SNA estime que la visite au Nouveau-Brunswick de la reine Elizabeth II, au mois d'octobre prochain, serait une bonne occasion pour elle de faire amende honorable. «Ce serait un bon temps si elle voulait faire ça à ce moment-là. Est-ce que son voyage est déjà tout planifié? Je ne le sais pas. Si elle reçoit notre lettre dans une couple de semaines, c'est peut-être possible», a commenté M. Chiasson. Par ailleurs, la SNA n'a pas encore de plan «B», en cas d'échec ou de refus face à la démarche. «On n'a pas encore discuté d'un plan “B”, si on ne reçoit pas de réponse ou si la réponse est négative. Tu ne peux pas forcer quelqu'un à faire des excuses. En tout cas, au moins la démarche est faite. Maintenant, ça fait partie de notre histoire. Deux cent cinquante ans après (la Déportation), on déposera notre demande. On n'a pas oublié et on ne veut pas qu'ils l'oublient eux autres non plus. Juste le fait d'entamer cette démarche est un signe que l'on est encore debout», estime le président de la SNA.

.