Steve Hachey - 14 juin 2002

DIEPPE - Le souhait du président de la Société nationale de l'Acadie, Euclide Chiasson, s'est réalisé. L'Assemblée nationale du Québec a voté unanimement, hier, en faveur des démarches visant à obtenir de la Couronne britannique une reconnaissance des torts causés lors de la Déportation.

Steve Hachey L'Acadie NOUVELLE

shachey@acadienouvelle.com Le premier ministre québécois, Bernard Landry, avait déjà promis qu'il appuierait la démarche des Acadiens. Hier, ila tenu promesse en déposant une motion en ce sens devant les élus. «Que l'Assemblée nationale du Québec exprime sa solidarité envers la démarche que mène la Société nationale de l'Acadie auprès de la Couronne britannique afin que celle-ci reconnaisse officiellement les torts historiques infligés inutilement en son nom au peuple acadien lors de la Déportation», stipule la motion déposée par le premier ministre Landry. Contrairement à ce qui s'était produit l'automne dernier à la Chambre des communes, le vote a été facile et clair, sans tiraillements de nature politique. Le Parti libéral du Québec s'est prononcé en faveur de la motion, alors que les libéraux à Ottawa s'étaient prononcés contre une motion demandant à la Couronne de reconnaître les torts du Grand Dérangement. En entrevue avec L'Acadie NOUVELLE, le porte-parole de l'opposition officielle à Québec en matière d'affaires intergouvernementales canadiennes, Benoît Pelletier, a fait remarquer qu'il était inhabituel pour l'opposition de voter dans le même sens que le gouvernement. Mais lorsqu'il s'agit «d'enjeux fondamentaux» comme celui-ci, dit-il, on ne peut faire autrement. «On ne peut pas dire que c'est régulier, que c'est fréquent. Cependant, lorsque certains enjeux nous semblent fondamentaux, on essaie autant que possible que l'Assemblée nationale ne parle que d'une seule voix», a-t-il précisé.

Un message de solidarité Selon M. Pelletier, il s'agit d'un message de solidarité des Québécois envers les Acadiens dans leur lutte pour que justice soit faite et que finalement, après deux siècles et demi, ils obtiennent une reconnaissance officielle. «Habituellement on est très très méfiants, mais puisqu'ici on fait la promotion de la solidarité pancanadienne pour la francophonie (...) on a mis de côté nos intérêts strictement partisans, strictement tactiques, qui habituellement nous commandent de ne pas voter avec le gouvernement, pour envoyer un beau message à nos amis acadiens», a analysé le député québécois. Euclide Chiasson était évidemment comblé, au moment d'apprendre la nouvelle. Il a qualifié la motion de «merveilleuse», de «formidable», d'«extraordinaire». «C'est extraordinaire! Personne ne pourra dire qu'il s'agit d'un complot du Parti québécois ou des méchants séparatistes; les trois partis sont unanimes. S'ils avaient fait la même chose au niveau fédéral, ça aurait été tout à leur honneur», a confié le président de la SNA. Comme autre souhait, M. Chiasson dit seulement vouloir que le gouvernement fédéral, qui a rejeté la motion M-241 l'année dernière, ne vienne pas poser d'obstacles à la démarche si la Couronne vient lui demander son avis sur la question. «Il y a un consensus formidable dans les communautés acadiennes. Il me semble que la députation fédérale devrait le respecter et même s'en réjouir», dit-il.