Dominic LeBlanc accusé de penser à ses intérêts avant ceux de l'Acadie

Madeleine Blanchard - 19 juin 2002

MONCTON - Un ministre québécois dénonce les propos de Dominic LeBlanc concernant la motion d'appui de l'Assemblée nationale du Québec aux démarches de la SNA, accusant le député de Beauséjour-Petitcodiac de ne rien comprendre à la chose politique.

Madeleine Blanchard L'Acadie NOUVELLE

Jean-Pierre Charbonneau, ministre délégué aux Affaires intergouvernementales et responsable des relations avec les communautés francophones et acadienne, affirme que le gouvernement québécois ne peut laisser passer une accusation de la sorte de la part d'un député qui a la responsabilité de représenter son peuple au gouvernement canadien. «Il est clair que l'on ne voit pas cela comme une accusation formulée par les Acadiens, s'empresse de spécifier M. Charbonneau, mais par un individu davantage préoccupé par sa ligne de parti que de voir l'intérêt commun à développer et maintenir des relations étroites entre l'Acadie et le Québec.» Dans une interview publiée par L'Acadie NOUVELLE hier, le député libéral avait qualifié d'hypocrisie le fait que l'Assemblée nationale du Québec ait adopté une motion d'appui aux démarches de la SNA qui visent à faire reconnaître auprès de la Couronne britannique les torts causés par la Déportation de 1755 à 1763. «C'est la même Assemblée nationale qui passe son temps à enlever des droits à sa minorité anglophone, alors qu'ils ne viennent pas donner des leçons aux francophones du N.-B.», a déclaré M. LeBlanc. «On nous reproche d'avoir été solidaires avec nos frères acadiens et d'avoir marqué le coup en indiquant que, oui, il y a eu des torts immenses causés envers les Acadiens», lance le ministre Charbonneau. Celui-ci trouve qu'il «est assez difficile de comprendre la réaction de quelqu'un qui devrait profondément vibrer de l'histoire de son peuple et être solidaire». «Il est invraisemblable d'avoir un député acadien qui siège dans une équipe politique qui refuse de reconnaître l'existence du peuple acadien, tout comme elle refuse de reconnaître l'existence du peuple québécois», tranche-t-il en faisant référence aux libéraux de Jean Chrétien. Selon M. Charbonneau, il faut décider si c'est la patrie qui passe avant le parti ou l'inverse. «Je pense que Dominic LeBlanc a démontré clairement que pour lui, la patrie ne compte pas beaucoup.» Jean-Pierre Charbonneau estime que les déclarations de M. LeBlanc vont simplement choquer les Québécois. «Que l'on soit libéral, bloquiste ou péquiste, tout le monde reconnaît que les événements que l'on tente d'amener la Couronne britannique à reconnaître sont indéniables, dit-il. «Dans sa requête, la SNA demande la reconnaissance tout court du peuple acadien. Si l'on demande une reconnaissance, c'est qu'on considère que la non-reconnaissance crée des problèmes.» Il estime qu'il est important pour les Acadiens et les Québécois de se tenir ensemble, puisqu'ils représentent des communautés francophones perdues dans une mer anglophone. Le ministre Charbonneau affirme que si le député LeBlanc déclare ne pas avoir de temps et d'énergie à dépenser afin que les Acadiens trouvent un respect plus grand auprès de leurs compatriotes du Canada anglais, c'est parce qu'il ne comprend rien en politique.

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