Éditorial : Les lents d'Ottawa

Michel Doucet - 5 juillet 2002

Michel Doucet

micheld@acadienouvelle.com

Les célébrations entourant le 400e anniversaire de la fondation de l'Acadie débuteront dans exactement 18 mois. Une année et demie avant d'accueillir le monde autour de ce moment marquant de notre histoire collective. Depuis des mois maintenant, les organisateurs des imposantes célébrations attendent de connaître l'engagement financier des instances gouvernementales, les fédérales en particulier. Mais on tarde et on tarde, au point où quelque chose doit se passer. Et vite. La Société nationale de l'Acadie est chargée de la coordination des activités de 2004. Elle n'en peut donc plus d'attendre et lançait, hier, un cri d'alarme destiné à réveiller qui de droit. Paralysé par la situation actuelle, l'organisme «parrain» de l 'événement se demande bien ce qu'il faudra pour faire bouger les choses. C'est au gouvernement fédéral de prendre l'initiative dans le dossier. Les provinces concernées attendront de jauger l'engagement d'Ottawa avant de se compromettre à leur tour. On ne semble toujours pas l'avoir compris du côté des fédéraux. Si rien actuellement ne permet de douter de l'intérêt des gouvernements à l'endroit de cet important anniversaire, nous sommes tout de même en droit de nous demander ce qu'on attend, à Ottawa, avant d'agir. On n'organise pas un événement de cette envergure dans une pareille incertitude. Les scandales entourant le programme de commandites du gouvernement Chrétien semblent avoir gelé bien des choses dans la capitale fédérale. Est-il possible que le bourbier dans lequel les libéraux se sont eux-mêmes enfoncés retarde à ce point la progression normale des dossiers? Quand peut-on espérer qu'on fasse le nécessaire pour ramener un semblant d'ordre au gouvernement? Qu'il s'agisse du fédéral ou des provinces concernées, on ne sent pas un grand enthousiasme vis-à-vis d'Acadie 400. Autrement, il y a longtemps que les machines se seraient mises à tourner plus rondement. La classe politique de ce pays n'aime guère qu'on fasse des remous. Les démarches d'un bon nombre d'Acadiens, dans le dossier de la reconnaissance des torts de 1755 par la Couronne britannique, seraient-elles de nature à déranger des élus qui ne souffrent pas que l'on pense différemment de la doctrine des partis? Ces gens sont-ils rendus bas au point de mettre en péril des célébrations aussi significatives pour le Canada en entier? La susceptibilité a-t-elle atteint ce plancher? À Ottawa, certains ministres auraient avantage à faire un peu moins la morale aux Acadiens et à bouger. Pour une fois, c'est le temps de se mêler de nos affaires! Quant aux députés fédéraux qui représentent les Acadiens, un simple calendrier devrait suffire à les convaincre de l'urgence d'agir. On les a pourtant vus moins timides lorsque venait le temps de nous asséner leurs lumières... La Société nationale de l'Acadie insiste que la situation «devient critique», qu'il est impératif de poser des gestes concrets. Elle aurait pu ajouter qu'encore une fois, il y a des gens qui prennent un malin plaisir à faire traîner les chose indûment. Faut-il vraiment s'en surprendre?

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