Opinion : Un prétexte pour la Déportation

l'Acadie Nouvelle - 8 août 2002

Le 1er août, Alphée Duguay écrivait que «les Acadiens ont été déportés, nous dit-on, parce qu'ils refusaient de prêter serment d'allégeance». Cette excuse, utilisée pour justifier la Déportation des Acadiens, a surtout été mise de l'avant par des historiens anglophones et, malheureusement, copiée par quelques historiens acadiens. Placide Gaudet l'avait déjà dénoncé en 1922 dans son livre Le Grand Dérangement: «On sait que la prestation du serment n'était qu'un prétexte pour pouvoir chasser les Acadiens.» Plusieurs documents le prouvent. Dans ses instructions au colonel Monckton, Lawrence lui demandait de ne pas faire prêter le serment d'allégeance aux Acadiens après la prise du fort Beauséjour, «vu que la prestation du serment nous lierait les mains et nous empêcherait de les chasser». Le 4 juillet 1755, les députés acadiens réunis à Halifax demandaient à Lawrence de prêter le serment d'allégeance, mais celui-ci refusa et les fit emprisonner sur l'île George et ne les libéra que pour les déporter. Le colonel Winslow obéissait aux ordres de Lawrence et ce dernier aux ordres de la Couronne britannique. Lawrence et son conseil n'avaient pratiquement aucun pouvoir, même pas celui d'imposer une petite taxe sur l'alcool et le tabac. Ses ordres et son budget venaient de Londres. Le roi récompensa Lawrence pour avoir déporté les Acadiens en lui donnant une promotion. La France n'a donc aucune responsabilité dans la Déportation, puisque les Acadiens de la Nouvelle-Écosse en 1755 étaient, depuis deux générations, des citoyens britanniques.

FIDÈLE THÉRIAULT Fredericton

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