Opinion : Moncton, capitale du Nouveau-Brunswick?

l'Acadie Nouvelle - 26 août 2002

Demander à Fredericton, la capitale de la seule province bilingue au Canada, de se déclarer bilingue semble une aberration. La proportion de la population de cette ville se disant francophone est trop minime pour qu'on puisse s'attendre à y instaurer un bilinguisme effectif. Non, la solution pour obtenir une capitale bilingue n'est certes pas d'obliger Fredericton à faire une fausse déclaration. Toutefois, si le gouvernement Lord, qui vient de réaffirmer sa foi au bilinguisme avec sa révision sur la Loi des langues, voulait être logique jusqu'au bout, il déménagerait la capitale de la province à Moncton. Il me semble normal que la seule province officiellement bilingue au Canada ait comme capitale la seule ville officiellement bilingue de ce beau et grand pays. Ce serait trop cher? Peut-être pas. Stéphane Dion, ce ministre influent qui adore le bilinguisme, ne demanderait probablement pas mieux que de faire des pieds et des mains au niveau fédéral pour y décrocher les fonds couvrant en partie les coûts de ce déménagement nécessaire. Un autre moyen de recouvrer la totalité des frais de cette passionnante aventure serait de faire appel au renommé député bloquiste Stéphane Bergeron. Au lieu de demander à l'Angleterre de présenter des excuses pour les torts causés aux Acadiens, il lui réclamerait une compensation monétaire défrayant les coûts de ce déménagement réparateur. La facture ne représenterait donc pas un obstacle insurmontable. Il resterait pourtant un problème de taille: amener le gouvernement à prendre la décision qui s'impose. Là encore, tout semble possible. Moncton s'est bien proclamée ville bilingue. Il est vrai que ce miracle est moins l'oeuvre de son maire, Brian Murphy, que celle de la décision Charlebois. Enfin, si en 1755 il a été possible de déporter 10 000 Acadiens, pourquoi, en 2002 ne serait-il pas possible de déménager la capitale d'une province?

CLARENCE PITRE Val-D'Amours

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