Déportation de 1755 : Lord ne s'attend pas à des excuses de la reine

Charles-Antoine Gagnon - 10 octobre 2002

FREDERICTON - Le premier ministre Bernard Lord, qui doit accueillir la reine Elizabeth II demain à Fredericton, ne croit pas que la Couronne britannique présentera des excuses au peuple acadien pour les événements de 1755.

Charles-Antoine Gagnon L'Acadie NOUVELLE

«Je n'ai pas l'impression qu'il y a beaucoup d'Acadiens qui s'attendent à cela. Je n'ai aucune information comme quoi cela devrait se produire. Je serais même surpris si cela devait arriver», a indiqué M. Lord, qui s'attend à ce que des milliers de personnes suivent les déplacements du couple royal dans la province. Il n'est d'ailleurs pas prévu que la reine fasse un discours public lors de son passage à Fredericton, Sussex et Moncton. Plusieurs voix se sont élevées au cours des derniers mois afin que la Couronne britannique admette les torts causés au peuple acadien pendant et après la Déportation de 1755. Le chef de l'opposition à Fredericton, Shawn Graham, a écrit une lettre à la reine Elizabeth II, au mois d'août, afin qu'elle profite de son passage au Nouveau-Brunswick, dans le cadre du 50e anniversaire de son couronnement, pour convenir des torts qu'a causé le Grand dérangement. La Société nationale de l'Acadie a déposé une requête auprès de la Couronne britannique qui demande de reconnaître les torts causés par les sinistres événements. La requête de la SNA a été envoyée à Londres par l'entremise de la gouverneure générale du Canada. Le directeur général de la SNA, Euclide Chiasson, précisait plus tôt cette année que la démarche avait été endossée à l'unanimité par plusieurs institutions membres de l'organisme, dont la SAANB, la FANE, ainsi que les membres associés de Saint-Pierre et Miquelon, de la France, de la Louisiane et des Îles-de-la-Madeleine. La Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada et l'Assemblée nationale du Québec ont aussi appuyé la démarche de la SNA. Le premier ministre néo-brunswickois a fait preuve de prudence quant à la pertinence de la monarchie britannique en tant qu'institution, refusant d'émettre des propos comme ceux qui hantent aujourd'hui le vice-premier ministre fédéral John Manley. «Je crois que la reine a un rôle dans la constitution monarchique que nous avons et je crois que cela se reflète dans l'attrait que démontrent les Canadiens à l'égard de la reine. Je crois que la plupart des gens au Canada acceptent la monarchie comme elle est aujourd'hui», a-t-il déclaré. M. Lord a qualifié «d'horrible» le moment choisi par M. Manley pour remettre en question la pertinence de la Couronne britannique au Canada. Par ailleurs, le député de Verchères-Les Patriotes, Stéphane Bergeron, sera dans la province durant le séjour de Sa Majesté.

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