Éditorial : Bouchés!

Michel Doucet - 10 février 2003

Michel Doucet micheld@acadienouvelle.com

L'entêtement de certaines personnes n'a apparemment pas de limite. Organisées en parti politique, ces personnes deviennent alors d'une mauvaise foi qui frôle la malhonnêteté. C'est le cas des libéraux à Ottawa, dans le dossier de la reconnaissance des torts infligés au peuple acadien lors de la Déportation. On en a eu un autre exemple, aussi triste que les précédents, vendredi, aux Communes. Visiblement aussi entêté que les troupes de Jean Chrétien, le député de Verchères-Les Patriotes, Stéphane Bergeron, est revenu à la charge. On savait qu'il devait le faire, devant les échecs répétés de ses efforts visant à rappeler à la Couronne britannique qu'elle n'a toujours pas fait amende honorable dans cette affaire qui ne veut pas - et ne doit pas - mourir. M. Bergeron ne demande plus à Buckingham Palace de présenter des excuses au peuple acadien pour les événements que l'on sait. Sa nouvelle démarche devant ses collègues du Parlement fédéral, la Motion M-238, consiste maintenant à obtenir «que la Chambre reconnaisse officiellement les préjudices dont a souffert le peuple acadien, de 1755 à 1763». Plus bornés et majoritaires que jamais, les libéraux ont eu tôt fait d'étouffer la nouvelle initiative. Le «débat» (il faudra un jour trouver un terme plus juste pour qualifier les sornettes auxquelles nous avons eu droit vendredi) aura duré une heure à peine. M-238 est allée retrouver M-241 au musée des horreurs du Parti libéral du Canada. Certes, les libéraux fédéraux ont autre chose à faire ces temps-ci. La pagaille au sein du parti, on le sait, a atteint des proportions qui ont depuis longtemps dépassé le stade du ridicule. Mais puisqu'on affirme qu'il ne tue pas... C'est donc une illustre inconnue, Carole-Marie Allard, secrétaire parlementaire de la ministre du Patrimoine Sheila Copps, qu'on a chargée, cette fois-ci, de faire le sale travail. Et sa performance a été à la hauteur des «arguments» des libéraux depuis le tout début. «Désolant», a dit M. Bergeron. Nous ajouterons que Mme Copps, si elle n'ose plus s'en mêler, de peur de se caler davantage, devrait se garder de contaminer son entourage. Ses collègues acadiens suffisent déjà bien à la tâche. Le manque de courage des libéraux cache évidemment quelque chose. Il doit y avoir bien plus que la peur de déplaire à Londres ou à la droite canadienne. À moins qu'on se complaise dans l'ignorance crasse. De toute façon, ce n'est guère édifiant pour qui que soit. Stéphane Bergeron a encore une fois promis de ne pas lâcher devant les lâches. Force est d'admettre cependant que ses efforts s'annoncent ardus devant tant d'insignifiance. La Société nationale de l'Acadie maintiendra elle aussi ses démarches. Elle peut se consoler à l'idée qu'elle n'a pas à dévisager chaque jour les indolents qui ne comprennent rien sur les banquettes libérales. Celles de derrière comme celles de devant.

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