La deuxième motion sur les Acadiens battue elle aussi

l'Acadie Nouvelle - 10 février 2003

OTTAWA - La deuxième motion sur les Acadiens a été rejetée par les libéraux encore plus rapidement que la première. Elle n'a même pas pu se rendre à l'étape du vote à la Chambre des communes.

L'Acadie NOUVELLE

La motion M-238 se lisait ainsi: «Que cette chambre reconnaisse officiellement les préjudices dont a souffert le peuple acadien, de 1755 à 1763». Le débat a eu lieu vendredi, à la Chambre des communes. Tel qu'anticipé, les députés libéraux présents, particulièrement la secrétaire parlementaire de la ministre du Patrimoine, Carole-Marie Allard, se sont opposés à ce que la motion soit soumise à un vote de la Chambre. Le débat n'a donc duré qu'une heure, au terme de laquelle la motion est morte au feuilleton. Le député de Verchères-Les Patriotes et parrain de la motion, Stéphane Bergeron, en avait long à dire. «Le discours de la secrétaire parlementaire du Patrimoine a été désolant, a-t-il déclaré. Elle a déclaré que le principal défaut de la motion est d'avoir été présentée par un séparatiste. C'est donc dire que pour les libéraux, même si la cause est juste et légitime, ils refusent d'y souscrire lorsqu'elle est promue par un “séparatiste”.» Mme Allard a paru manifestement embarrassée, selon le député bloquiste, lorsqu'on lui a demandé si elle aurait appuyé la motion si elle avait été présentée par le député d'Acadie-Bathurst, Yvon Godin.

Godin furieux Carole-Marie Allard a rendu furieux Yvon Godin en faisant une présentation pour le moins bucolique et pastorale du peuple acadien. «(Elle) a décrit les Acadiens comme ayant appris à récolter des patates, à bûcher le bois, à se lever à cinq heures du matin, à aller à la pêche et à prendre du poisson», a raillé M. Godin. «On est smart, nous les Acadiens! On a appris à travailler dans des emplois saisonniers, seulement dix semaines par année. On parle de déportation, mais la déportation existe encore aujourd'hui, ne serait-ce qu'au plan économique», a-t-il ajouté. «Personne n'a d'emploi chez nous, tranche le député Godin. Les quelques emplois qu'on retrouve dans les PME sont payés à 6,50 $ l'heure. Et le gouvernement fédéral est venu chez nous pour couper les prestations d'assurance-emploi. Les gens sont encore obligés de s'en aller; la déportation se poursuit tous les jours chez nous.» Stéphane Bergeron a complété son allocution en remerciant toutes les personnes et associations qui l'ont aidé ou appuyé dans sa démarche, en ajoutant qu'il n'entend pas en rester là. «Je n'entends pas abandonner tant que cette tragédie innommable n'aura pas été dûment reconnue. J'ai bon espoir qu'à terme, la Couronne britannique en viendra à poser le seul geste noble et (...) présentera des excuses au peuple acadien.» Ce n'était pas la première tentative de M. Bergeron. En novembre 2001, sa motion M-241 demandait que la reine d'Angleterre «reconnaisse officiellement les préjudices» causés aux Acadiens par la déportation. Les députés libéraux, avec en tête le caucus acadien et le député de Beauséjour-Petitcodiac, Dominic LeBlanc, avaient contribué à la défaite de la motion. Cinquante-neuf députés (y compris une poignée de libéraux) s'étaient prononcés en faveur, alors que 182 députés s'étaient prononcés contre.

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