La Fête nationale des Acadiens bientôt reconnue au pays

Steve Hachey - 13 juin 2003

MONCTON - La Chambre des communes a enfin reconnu le 15 août comme étant la Fête nationale des Acadiens, quoique le mot national a fait sourciller plusieurs personnes à Ottawa.

Steve Hachey L'Acadie NOUVELLE

Il y a environ un an et demi, à la suite de l'amère défaite de la motion qui demandait à la Couronne britannique de reconnaître finalement les torts causés aux Acadiens lors de la Déportation, la sénatrice libérale, Rose-Marie Losier-Cool avait eu l'idée de demander au gouvernement canadien de reconnaître les Acadiens par le biais de leur fête nationale. La reconnaissance du 15 août voulait ainsi souligner l'apport du peuple acadien à la vitalité économique, culturelle et sociale du Canada. Le gouvernement canadien a écouté la demande de la sénatrice, et la Chambre des communes a justement adopté, hier, le projet de loi S-5, «Loi instituant la journée de la fête nationale des Acadiens et des Acadiennes». Dans le projet de loi, l'article 3 stipule que «dans tout le Canada, le 15 août de chaque année est désigné comme la Journée de la fête nationale des Acadiens et des Acadiennes». Une fois que le projet de loi aura reçu l'assentiment royal, il n'aura quand même de signification que la reconnaissance de la fête. Il ne stipule aucunement que le 15 août sera une journée fériée, prévient le député libéral de Beauséjour-Petitcodiac, Dominic LeBlanc. «C'est un jour de fête pour les Acadiens de tous le pays, a déclaré à la Presse Canadienne le sénateur Gérald Comeau, de la Nouvelle-Écosse. Seule l'utilisation du terme «national» a eu de quoi alimenter un débat parmi les parlementaires à Ottawa. Certains d'entre eux, craignant sans doute d'alimenter un nationalisme autre que canadien, prétendent que le terme «national» se limite à ce qui représente le Canada. En fait, il a fallu spécifier dans la présente loi que «nationale» s'entend de ce «qui intéresse tous les citoyens du pays sur l'ensemble du territoire canadien». Pour le député du Bloc québécois Stéphane Bergeron, initiateur de la demande d'excuses, pareille spécification «banalise le caractère national du peuple acadien, puisqu'on travestit le terme “national” en lui donnant la signification de pancanadien». M. Bergeron se dit tout à fait d'accord qu'on célèbre la fête d'un océan à l'autre, mais pour éviter d'enlever le caractère national du peuple acadien il aurait fallu faire de la fête la «Journée canadienne de la Fête nationale des Acadiens». M. Bergeron a également invité le gouvernement canadien à décréter l'année 2004, célébrant le 400e anniversaire de la fondation de l'Acadie, comme étant l'Année de l'Acadie. Sa demande fait suite à la résolution unanime de l'assemblée générale de la Société nationale de l'Acadie de nommer l'année 2004 l'Année de l'Acadie. «Je ne me ferai certainement pas le promoteur, de crainte qu'on m'en fasse encore une fois le reproche et que le gouvernement fasse encore une fois faux bond aux Acadiens, simplement parce que le porteur n'est pas teint rouge foncé», a commenté le député. Pour sa part, Dominic LeBlanc a commenté qu'il trouvait la question intéressante et qu'il était d'accord avec l'idée. «Je trouve que le gouvernement national doit encourager l'ensemble du Canada à célébrer le 400e anniversaire de l'Acadie. N'importe quelle idée qu'on peut utiliser pour rendre la célébration de 2004 une célébration nationale, est une bonne idée. Si donner un statut particulier à 2004 (le permet), je trouve que c'est une très bonne idée», a commenté M. LeBlanc. Il indique toutefois qu'il faudrait vérifier les procédures à suivre afin de voir si une telle chose est possible.

.