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Éditorial : Pour en finir une fois pour toutes
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- 27 septembre 2003
Gaétan Chiasson gaetan.chiasson@acadienouvelle.com
À une certaine époque, le tennis était le sport favori des membres de la cour royale britannique. C'est connu. La reine Élisabeth II, une habituée du tournoi de Wimbeldon, il n'y a pas si longtemps, en a fait la démonstration, au figuré bien sûr, en effectuant un lob magnifique dans le dossier tortueux de la reconnaissance des torts causés aux Acadiens par la Déportation. Après des mois d'attente, la Couronne britannique a finalement donné signe de vie à la Société nationale de l'Acadie, qui lui avait envoyé une lettre polie, courtoise même, pour lui rappeler que les Acadiens n'avaient toujours pas oublié, ni pardonné, le Grand Dérangement, une action militaire d'une telle cruauté qu'il est toujours d'actualité 250 ans plus tard. Pour bon nombre de descendants de ces Acadiens bafoués dans leurs droits les plus élémentaires, les blessures ne se sont toujours pas cicatrisées. Comme un fardeau, un poids historique, que l'on se lègue d'une génération à une autre. Comme il fallait s'y attendre, et de façon plutôt habile, Sa Majesté a renvoyé la balle dans le camp du gouvernement canadien. «La reine, en tant que Souveraine d'une monarchie constitutionnelle, doit être conseillée par ses ministres canadiens», écrit son secrétaire particulier. Elle suit la procédure, donc. La reine sait jouer ses cartes. En renvoyant le dossier à ses valets canadiens, elle s'assure de ne pas porter l'odieux d'un éventuel refus. Car, il est difficile de s'imaginer la Couronne refusant d'endosser une décision positive du cabinet fédéral sur cette délicate question. Quel tollé cela susciterait mes amis! Si cela devait se produire, mieux vaut ne pas être dans les souliers du lieutenant-gouverneur... Mais avant de crier victoire et de sortir les chaudrons, il faudra se méfier des deux de pique. Et on en retrouve au sein du cabinet fédéral, comme ailleurs. Semble-t-il que des pourparlers ont lieu, du côté de la ministre de Patrimoine Canada, Sheila Copps, et du président du conseil privé, Stéphane Dion. Le premier ministre et les députés acadiens auraient été consultés. Le dossier progresse, affirme, avec assurance, le président de la SNA, Euclide Chiasson. Mais il y a déjà un os. Bien qu'aucun ministre ne se soit encore levé publiquement pour appuyer la démarche de la SNA, la première voix dissidente émanant du Cabinet depuis la réception de la lettre est celle, ô malheur, d'un Acadien! Le ministre des Pêches et des Océans, le Néo-Écossais Robert Thibault, affirme qu'il faut que le dossier se règle à l'intérieur des frontières du pays. «Je suis Canadien», clame-t-il. Il faudra l'inviter à élaborer là-dessus, car de prime abord, ça manque un peu de clarté. N'est-il pas permis d'être Acadien et Canadien à la fois? Comment ne pas impliquer la Couronne dans une telle démarche? Si ses collègues et la reine en viennent ultimement à consentir une reconnaissance des préjudices commis envers les Acadiens, en quoi cela l'empêcherait-il de dormir? Sans aller jusqu'à appuyer l'idée, ne serait-ce pas la moindre des choses, M. Thibault, de ne pas mettre des bâtons dans les roues de vos frères de sang pour qui cette cause a de la valeur? La neutralité, ça vous dit quelque chose? La Déportation a eu lieu. Et ce fut terrible. Même «résolument tournés vers l'avenir», pourquoi refuserait-on aujourd'hui que la Couronne reconnaisse ses responsabilités pour ses erreurs du passé? Elle l'a déjà fait pour d'autres, pourquoi pas pour nous? Si, par une proclamation royale, la Couronne britannique permet aux Acadiens de sceller définitivement ce douloureux épisode, et bien, qu'elle le fasse et le plus rapidement possible. La conjoncture historique actuelle est d'ailleurs propice à la réconciliation. Et ce dossier a déjà trop traîné. Il y a tellement plus à faire du côté de la promotion de notre langue et de notre culture, un défi bien actuel celui-là..
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