La SNA peut compter sur l'appui de Sheila Copps

- 8 octobre 2003

MONCTON - Les chances que les torts et préjudices causés aux Acadiens lors de la Déportation soient finalement reconnus par la reine d'Angleterre se sont améliorées de beaucoup. La ministre du Patrimoine canadien, Sheila Copps, sera même la principale défenderesse du dossier auprès du conseil des ministres.

Steve Hachey L'Acadie NOUVELLE steve.hachey@acadienouvelle.com

Revirement de situation, hier, dans le dossier de la reconnaissance officielle des torts et préjudices causés au peuple acadien par la Déportation. La ministre Sheila Copps a décidé de défendre l'idée d'une proclamation royale qui, en plus de reconnaître les torts, instituerait le 28 juillet de chaque année comme une journée de commémoration du drame acadien. Mme Copps a fait cette annonce à la suite d'une rencontre qu'elle a eue avec le président de la Société nationale de l'Acadie (SNA), Euclide Chiasson. Récemment, la SNA rendait publique une lettre signée par le secrétaire particulier adjoint de la reine, Stuart Shilson, qui indiquait grosso modo que si la reine devait reconnaître quoi que ce soit, c'était au gouvernement canadien d'en décider. «La reine, en tant que souveraine d'une monarchie constitutionnelle, doit être conseillée par ses ministres canadiens», pouvait-on lire dans la lettre. Hier, M. Chiasson a révélé que Mme Copps lui avait déjà indiqué qu'elle appuierait la démarche acadienne de reconnaissance des torts si elle était faite sous forme de proclamation royale. Sautant sur l'occasion, M. Chiasson a mis une équipe en place afin de préparer un texte qui pourrait servir de proclamation royale au conseil des ministres. Hier, M. Chiasson a présenté «sa» proclamation royale à la ministre Copps et il a obtenu son appui. Si bien que Mme Copps a même promis de la présenter et de la défendre auprès de ses collègues ministres, qui sont ceux qui, en bout de ligne, décident de toutes les interventions de la souveraine au pays. Il a été impossible d'obtenir copie de la proclamation, puisqu'il pourrait y avoir de légères modifications, mais M. Chiasson en a dévoilé les passages principaux. Étrangement, le but principal de ce texte n'est pas la reconnaissance des torts, mais la proclamation par la reine d'une journée de commémoration. La reconnaissance de ces torts par la Couronne est plutôt présentée comme un fait acquis qui justifie la proclamation d'une journée de commémoration. On peut y lire parmi les faits présentés «attendu que le 28 juillet 1755, en temps de paix officielle, les autorités de la colonie britannique de la Nouvelle-Écosse ont pris la décision de déporter de cette région les Acadiens», et que plusieurs périrent en mer et ainsi de suite, et que le Grand Dérangement s'est poursuivi jusqu'en 1764. Plus intéressant encore, on peut lire plus loin qu'il est «attendu que la Couronne britannique reconnaît officiellement les torts historiques infligés en son nom au peuple acadien au moment du Grand Dérangement et qu'elle souhaite permettre au peuple acadien de tourner la page sur cette période sombre de son histoire». En conséquence de tous ces faits présentés, dont la reconnaissance officielle des torts, «Sa Majesté la reine Elisabeth II, sur l'avis de ses ministres canadiens, proclame le 28 juillet de chaque année comme le jour de commémoration du Grand Dérangement». «On fait d'une pierre deux coups, je trouve que nous avons été astucieux», de s'enorgueillir le président de la SNA. Selon Sheila Copps, les deux ministres acadiens, Robert Thibault et Claudette Bradshaw, appuient aussi la démarche.

.