Éditorial : L'Année de l'Acadie

- 9 octobre 2003

Robert Pichette dauphin@nbnet.nb.ca

Décidément, le Sénat du Canada fait mentir La Fontaine en n'adoptant pas le «train de sénateur» qui réussit si bien à la tortue de la fable, victorieuse du lapin. C'est que le Sénat a adopté, le 25 septembre dernier, en un temps record et à l'unanimité, une motion de la sénatrice Rose-Marie Losier-Cool, appuyée par le sénateur Serge Joyal (Kennebec), recommandant que le gouvernement du Canada reconnaisse 2004 comme l'Année de l'Acadie. Avec une élégante sobriété, madame Losier-Cool évoqua à l'appui de sa motion les événements fondateurs de 1604 à l'Île Sainte-Croix, puis la fondation de Port-Royal l'année suivante. Rappelant à ses collègues de la Chambre haute que l'Acadie de la Nouvelle-Écosse organise la plus imposante fête depuis sa fondation, la sénatrice de Tracadie ajouta: «Vous conviendrez, honorables sénateurs, qu'après des siècles de défis et de succès, le peuple acadien ait le coeur à la fête pour célébrer les exploits de ses ancêtres.» Elle a raison. C'est la réussite du peuple acadien, triomphant d'énormes obstacles, qu'il convient de célébrer durant le quadricentenaire de l'Acadie. Elle a raison aussi de souligner qu'en 2004, le peuple acadien «voudra démontrer fièrement à l'ensemble des Canadiens et Canadiennes jusqu'à quel point son dynamisme a contribué de façon importante à la vitalité du Canada et à la vie française en Amérique.» L'initiative de la sénatrice Losier-Cool seconde les aspirations de la Société Nationale de l'Acadie (SNA) qui, lors de son assemblée générale annuelle, avait adopté une résolution en ce sens et que son président, M. Euclide Chiasson, avait dûment communiqué au premier ministre Chrétien. Approchant la fin de son mandat, M. Chrétien, qui a déjà été député de Beauséjour, ne pourra rester insensible à l'appel de la SNA qui lui a soumis son projet en faisant appel à sa «connaissance approfondie de la société acadienne, de son histoire et de sa fidélité à ses origines.» Reconnaître officiellement 2004 comme l'Année de l'Acadie, ce qu'elle sera assurément, serait une façon splendide pour le premier ministre de terminer son mandat. Plus qu'un simple geste symbolique, cette reconnaissance donnerait un cachet spécial aux événements et aux manifestations qui entoureront le quadricentenaire de l'Acadie et le troisième Congrès mondial acadien. En 1996, le gouverneur général Roméo LeBlanc accordait des armoiries à la SNA basées sur les symboles adoptés par les congressistes à la Convention nationale de l'Acadie, en 1884. Par la même occasion, le drapeau de l'Acadie était reconnu officiellement comme symbole national de l'Acadie. L'an dernier, la sénatrice Losier-Cool menait avec brio, au Sénat, la reconnaissance du 15 août comme fête nationale de l'Acadie. Rendons hommage aussi à M. Euclide Chiasson, président de la SNA, qui a mené de main de maître et avec beaucoup d'intelligence, le dossier au départ empoisonné de la reconnaissance des tragiques événements de 1755 qui ont défini l'Acadie contemporaine. Ce dossier est sur le point d'aboutir honorablement grâce au doigté de M. Chiasson et à une volonté politique exprimée par Mme Copps, ministre du Patrimoine canadien. Tous ces symboles importants consacreront dorénavant l'identité d'une Acadie moderne dont le dynamisme repose sur l'appréciation et la compréhension de son passé..

.