- 23 octobre 2003

Que la reine fasse des excuses ou non, cela ne changera en rien le sommeil de nos ancêtres ni des siens. C'est évident. Mais, à mon avis, voici ce que cela peut changer parmi les vivants. La majorité des Canadiens et des Anglais ne savent même pas que les Acadiens ont été déportés. La majorité de ceux qui le savent pensent et disent que c'était la faute de nos ancêtres. À la suite des excuses, tout le monde saurait que nous n'avons rien à nous reprocher ni à nous faire reprocher. Et qu'une déportation comme celle-là est, dans le passé comme aujourd'hui, un crime contre l'humanité. Dans le quotidien, qu'est-ce que des excuses pourraient apporter, par exemple, aux changements à l'assurance-emploi? Rien pour l'instant. Mais, à la longue, nous aurions plusieurs politiciens de la trempe d'Yvon Godin, qui sont sans peur et sans reproches et qui sont capables de faire face à tout. Autrement dit, des excuses nous rendraient plus fiers, plus osés, mieux capables d'avoir notre part de la couverte. Il faut bien se l'avouer. Sous prétexte de bonté, nous sommes même prêts à pardonner ceux qui ne demandent pas pardon. Est-ce bien de la bonté ou de la bonasserie? Anciennement, c'était le clergé qui disait à nos parents de ne pas faire de vagues. Aujourd'hui, on dirait que nos soi-disant leaders s'acoquinent avec la Couronne et semblent vouloir faire taire ceux qui ne flattent pas les gens en place dans le bon sens du poil. Des excuses ne nous apporteraient rien? Ne serait-ce qu'un autre Yvon Godin, ce serait déjà beaucoup.

LOUIS BOUDREAU Saint-Louis-de-Kent