Le gouvernement fédéral accepte la proclamation royale

Philippe Ricard - 3 décembre 2003

MONCTON - Le conseil des ministres fédéral a finalement donné son aval à une proclamation royale qui reconnaîtra officiellement les torts causés aux Acadiens lors de la Déportation et instituera le 28 juillet, de chaque année, comme une journée de commémoration du Grand Dérangement.

Philippe Ricard L'Acadie NOUVELLE philippe.ricard@acadienouvelle.com

Après être passé devant le conseil des ministres, le texte de la proclamation royale a été adopté par le comité du conseil spécial présidé par le député Don Boudrias. Dans les prochains jours, la proclamation devrait être signée officiellement par la représentante de Sa Majesté au Canada, la gouverneure générale, Adrienne Clarkson. Le texte en question sera dévoilé publiquement la semaine prochaine, à Ottawa, lors d'une célébration qui devrait avoir lieu mardi ou mercredi. Lors d'un entretien avec le journal, hier, le président de la SNA, Euclide Chiasson, a avoué que la tâche aura été difficile. M. Chiasson pilote ce dossier depuis trois ans déjà. «C'est une grande journée pour le peuple acadien. Si vous saviez comment ç'a été difficile et combien il y a de gens qui n'ont pas voulu que ça fonctionne. Ç'a pris de la volonté politique, de la persévérance, de la persistance et de la patience pour y arriver», a affirmer M. Chiasson. De son côté, la ministre de Patrimoine canadien, Sheila Copps, soutient qu'elle a eu la frousse jusqu'à la dernière minute. «Jusqu'à la dernière minute, j'ai pensé qu'il pouvait y avoir des petits accrochages. Je suis très contente, d'autant plus que ça représente un pas dans l'histoire de ma famille. C'est assez significatif pour moi, personnellement», a-t-elle commenté. «On a eu beaucoup d'appuis de Claudette (Bradshaw), de Robert (Thibault) et de Stéphane (Dion). Le problème, c'est que cela est difficile pour un gouvernement de regarder dans le rétroviseur. On a eu beaucoup de discussions avec le ministère de la Justice. On avait toujours espoir, mais en politique le temps s'écoule vite», explique Mme Copps. La ministre du Patrimoine canadien avance qu'Élisabeth II a déjà été invitée lors des commémorations du 250e anniversaire de la Déportation, en 2005. «On a déjà fait une demande auprès de la reine pour qu'elle puisse venir en 2005. Elle vient déjà pour les anniversaires de fondation de l'Alberta et de la Saskatchewan, alors on va l'inviter à Grand-Pré pour lire la proclamation», indique Mme Copps. À genoux Pour certains Acadiens, l'adoption de la proclamation royale par le conseil des ministres ne constitue pas une victoire, mais plutôt un recul par rapport à la position initiale de la SNA, qui constituait à demander des excuses à la Couronne britannique pour les torts causés par le Grand Dérangement. Euclide Chiasson est toutefois convaincu d'avoir fait le bon choix. «Il y a des gens qui ne seront pas contents tant que la reine ne se mettra pas à genoux pour monter les marches de l'oratoire Saint-Joseph. L'idée, ce n'est pas d'essayer d'humilier (la Couronne), mais plutôt de reconnaître des choses et de mettre ça au clair. Les gens ont le droit à leur opinion, mais je crois qu'ils sont une minorité», a-t-il répondu. M. Chiasson quittera la présidence de la SNA au printemps, après deux mandats à la tête de l'organisme. «Mon mandat (comme président de la SNA) se termine en juin. Je suis très content parce que ce dossier-là est clos», souligne-t-il.e

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