Une semaine pas comme les autres

Janice Babineau - 9 décembre 2003

Côté politique, la fin de l'année 2003 s'est avérée riche en événements. Seulement dans la dernière semaine, nous avons eu droit à l'adoption d'une proclamation par le gouvernement fédéral dans le fameux dossier des excuses royales pour la Déportation des Acadiens, et nous avons également eu droit à la naissance d'un nouveau parti politique qui doit enterrer un parti aussi vieux que le pays. Sans oublier que l'année se termine sous la gouvernance d'un nouveau premier ministre et que le règne Chrétien prend fin dès son arrivée d'un voyage à Paris.

Janice Babineau Chroniqueuse j_babineau@hotmail.com

Et comme si ce n'était pas assez, il faut s'attendre à l'annonce prochaine d'un tout nouveau conseil des ministres méconnaissable. Déjà, quelques ministres associés de trop près à Jean Chrétien ont annoncé leur départ. Après John Manley, c'était au tour de Herb Dhaliwal, la semaine dernière, de quitter la vie politique active. D'autres ministres vont demeurer en politique comme simples députés, du moins pour finir leur mandat. Par ailleurs, il ne faudrait pas se surprendre de voir plusieurs nouveaux visages comme candidats pour le parti libéral aux prochaines élections. Quant à l'opposition officielle, les candidats qui afficheront les couleurs du nouveau parti conservateur devront être ni trop alliancistes, ni trop progressistes pour convaincre les électeurs. Certains d'entre eux pourraient se faufiler et faire des gains pour le parti dans les circonscriptions où il y a une lutte à trois. Un récent sondage indique d'ailleurs que dans les régions urbaines, le NPD a vu sa popularité augmenter. C'est sans doute pourquoi Paul Martin va courtiser particulièrement ces électeurs dans les prochains mois avec des initiatives qui répondent à des besoins criants des villes et municipalités. Pour les représentants de la droite au Canada, il faut croire qu'un pas dans la bonne direction est inévitablement accompagné d'un scandale ou d'un commentaire désobligeant. C'était le cas tout récemment avec le député allianciste et critique en matière de famille, Larry Spencer. Il a exprimé un point de vue très offensant envers les gais, non pas en privé, mais à un journaliste. Il y a lieu de se demander si ce n'était pas justement un acte de sabotage contre un parti qui cherche désespérément à faire taire les plus fondamentalistes comme lui à l'approche des élections. Comme quoi la fusion de deux partis n'a pas fait disparaître l'élément radical qui a toujours empêché la percée tant attendue de l'ancien Parti réformiste et l'Alliance canadienne en Ontario et dans l'Est du pays. L'Acadie fait la manchette Cette fois-ci, ce n'est pas le succès de Wilfred dans Star académie qui attire l'attention des médias vers l'Acadie, mais bien l'histoire de ce peuple. In extremis alors que le gouvernement est en pleine période de transition, le cabinet fédéral a adopté une proclamation reconnaissant les torts causés aux Acadiens lors de la Déportation. Le 28 juillet a même été désigné pour commémorer ce triste événement dans notre histoire. Cela met un terme à ce chapitre une fois pour toutes. C'est également une victoire pour la SNA et tous ceux qui travaillent depuis quelque temps déjà pour faire avancer ce dossier. Il reste à voir si Sa Majesté va se déplacer pour livrer les excuses personnellement. Sa présence attirerait certes l'attention du monde entier sur l'histoire du peuple acadien. Par contre, ce qui m'a le plus surpris dans tout cela n'est pas tant la décision du gouvernement fédéral, mais la réaction à cette annonce à l'extérieur de l'Acadie. Le site Internet d'un média national anglophone a même présenté quelques faits saillants sur le peuple acadien, du genre qui sont les Acadiens, à côté d'un article traitant de la proclamation. Il me semble que ce type de traitement accompagne normalement des articles sur un coup d'État ou une grève générale dans un pays lointain. Comme quoi le fait acadien, passé ou présent, n'est pas très bien connu en dehors des provinces Maritimes et des régions francophones. Comme pour confirmer mes soupçons, une discussion avec des collègues de travail anglophones au sujet de cette proclamation royale a révélé une méconnaissance de l'histoire acadienne qui semble généralisée. Même chose lorsque j'affiche ma fierté acadienne avec le drapeau, dont l'origine suscite régulièrement des questions de la part des anglophones. Au moins le cabinet aura été sensibilisé à la chose. Après avoir obtenu la reconnaissance des torts causés pendant la Déportation, un prochain objectif pourrait être de sensibiliser le reste du Canada à l'existence du peuple acadien. Ce n'est là qu'une suggestion… Apparemment, la nouvelle entourant la proclamation royale a fait son chemin jusque l'autre côté de l'Atlantique, en Angleterre et en France. Est-ce une simple curiosité ou y a-t-il un véritable intérêt pour l'Acadie et le rôle des Britanniques dans son histoire? Tant qu'on ne dépeint pas le peuple acadien comme une caricature, on ne peut s'en plaindre.

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