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Le 28 juilllet est désormais la Journée de commémoration du Grand Dérangement : Une cérémonie forte en émotions à Ottawa
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- 11 décembre 2003
OTTAWA - Il ne s'agit peut-être pas d'excuses officielles, mais les Acadiens présents à la cérémonie de dévoilement de la proclamation royale instaurant une journée de commémoration de la Déportation de 1755 avaient les larmes aux yeux et de l'émotion dans la voix.
Steve Hachey L'Acadie NOUVELLE à Ottawa steve.hachey@acadienouvelle.com
L'ensemble de la députation libérale acadienne fédérale s'est joint à Euclide Chiasson, à la ministre Sheila Copps et au ministre Stéphane Dion, hier, sur l'estrade aménagée à l'intérieur de l'édifice central de la Colline parlementaire pour partager les honneurs de la dernière décision du conseil des ministres de Jean Chrétien. Le 2 décembre, le conseil a accepté la proclamation royale qui prévoit que, à partir de 2005, le 28 juillet sera Journée de commémoration du Grand Dérangement et fait reconnaître les faits historiques entourant la Déportation par la Couronne du Canada.
En premier plan de la cérémonie figuraient les députés acadiens Jeannot Castonguay et Dominic LeBLanc, la ministre acadienne Claudette Bradshaw, ainsi que les ministres séniors Sheila Copps et Stephane Dion, qui se sont fait les portes étendards de la proclamation royale. De plus, on retrouvait les sénatrices acadiennes Viola Léger et Rose-Marie Losier-Cool, de même que le président de la Société nationale de l'Acadie, Euclide Chiasson, qui a porté à bout de bras la démarche acadienne.
La présence enjouée et fière de la députation libérale faisait contraste aux plus virulentes critiques de la première motion, qui demandait des excuses officielles à la Couronne britannique.
Ce geste, qualifié d'historique, les Acadiens l'attendaient depuis près de 250 ans.
«Le peuple acadien est bien connu pour sa patience et sa persévérance, deux grandes qualités qui ont été très utiles dans ce dossier», a noté Euclide Chiasson, président de la Société nationale de l'Acadie, qui a fait pression auprès du gouvernement fédéral pour obtenir cette reconnaissance. «Les gens qui étaient contre pendant longtemps se sont ralliés. Selon moi, c'est ça la grandeur de ce mouvement. On a réussi à rallier les gens en maintenant le cap. Je me souviens de certains commentaires faits par certains politiciens que ce n'était pas digne. Aujourd'hui, ces mêmes personnes sont ici et ils célèbrent avec nous», a remarqué, tout souriant, le président de la SNA.
Le député de Beauséjour-Petitcodiac, Dominic LeBlanc, était sans contredit l'un des plus critiques de la première heure. Résolument converti, M. LeBlanc explique qu'avec cette proclamation la nation canadienne reconnaît élégamment la Déportation sans «quêter des excuses à Londres».
«On n'est pas allé à genoux demander des excuses à une reine lointaine. On reconnaît au Canada un événement tragique dans l'histoire du peuple acadien. Je trouve beaucoup plus approprié de faire ce qu'on a fait aujourd'hui, qu'une démarche où on exige quelque chose d'un pays lointain», a commenté M. LeBlanc.
La ministre du Travail et députée de Riverview-Dieppe-Moncton, Claudette Bradshaw, a pour sa part commenté que les libéraux n'ont jamais été opposés à la démarche de la SNA. Selon elle, la forme proposée était impossible «à l'intérieur du système».
«C'était une question de ce qui pouvait se faire à l'intérieur du système. Lorsqu'on prend une décision comme celle-là, il faut protéger le gouvernement du Canada et il y a telles choses qu'on peut faire et d'autres non, explique Mme Bradshaw.
On n'acceptait plus de se faire dire que ça ne pouvait plus se faire, on voulait savoir comment le faire.»
La ministre Copps a indiqué qu'il s'agissait probablement de son dernier geste en tant que ministre et qu'ayant elle-même des racines acadiennes elle avait à coeur à voir à l'aboutissement de la démarche.
Dans son discours, Mme Copps a indiqué que le but de cette proclamation était de rappeler des événements tragiques pour que plus jamais ils ne se reproduisent. Selon elle, la proclamation permettra aux Acadiens de tourner la page et permettra finalement, après presque 250 ans, une réconciliation.
À preuve que la Déportation est toujours omniprésente pour les Acadiens, l'émotion était forte lors de la cérémonie. Lors de l'intonation de l'hymne national acadien, Ave Mari Stella, par la chanteuse Lina Boudreau, de nombreuses personnes présentes ont laissé échapper une larme.
Le texte de la proclamation précise que le document ne peut servir de «reconnaissance de responsabilité juridique ou financière» du gouvernement envers une ou des personnes, ce qui protège le gouvernement de toute éventuelle poursuite. L'affaire ne choque pas la SNA, qui ne recherchait pas cet objectif.
«C'est une question d'honneur, pas une question d'argent, a martelé M. Chiasson. Les Acadiens, après 250 ans, ne cherchaient pas d'argent.»
- Avec des extraits de la Presse Canadienne
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