Gaétan Chiasson - gaetan.chiasson@acadienouvelle.com

L’année politique qui s’achève n’aura pas été des plus prolifiques au Nouveau-Brunswick. Quelques dossiers (les assurances, Bennett, les fermetures d’hôpitaux et Énergie NB) ont occupé toute la place. Les programmes des deux principaux partis manquent encore de fini et la vision fait toujours défaut. Il y a trop de ministres sans étoffe, de députés incapables de tenir un discours cohérent ou qui ne sont pas en mesure de défendre une position claire. Nous avons subi une campagne électorale sans éclat, qui s’est terminée par une victoire... sans éclat. Le premier ministre réélu, qui a sous-estimé son plus grand rival, soit la grogne populaire dans le dossier de l’assurance-automobile, a été condamné par les électeurs à une faible majorité, ce qui l’incite à tendre l’oreille plus attentivement à ceux qui tentent de l’attirer dans l’arène fédérale. Voici un petit exercice bien subjectif: le bulletin de fin d’année de quelques élus.

Bernard Lord: C Deux mille trois aura été une année en demi-teinte pour Bernard Lord. Courtisé en haut lieu par ceux qui voient en lui le sauveur de la droite canadienne, le premier ministre a frôlé la catastrophe dans sa propre province, en se faisant réélire avec une majorité d’un seul siège. Pour une raison encore difficile à expliquer, il a refusé de prendre le parti de la population dans le dossier de l’assurance-automobile. Le bon sens aurait voulu que l’on décrète un moratoire sur les hausses de tarifs bien avant la tenue des élections. Des dossiers, comme celui de la gouverne locale, n’ont pas été menés à bon port et d’autres, comme celui de Bennett, auraient gagné à être mieux expliqués. On ne peut toutefois lui reprocher de ne pas respecter ses promesses et de faire preuve d’un courage certain en procédant à des restructurations nécessaires à Énergie NB et dans le système hospitalier.

Shawn Graham: B Contre toute attente, le chef inexpérimenté des libéraux a tenu tête à Bernard Lord pendant la campagne électorale et lui a quasiment ravi le pouvoir. Il faut admettre qu’il avait quand même réussi à tirer son épingle du jeu à quelques occasions à l’Assemblée législative, même s’il n’a jamais vraiment pu sortir de l’ombre de son prédécesseur, Bernard Richard. Shawn Graham devra polir son style, mettre la pédale douce sur les critiques et offrir plus de solutions. Son ambiguïté sur la question des assurances, par exemple, n’a fait que compliquer un dossier déjà trop embrouillé.

Bernard Richard: A Dernier lieutenant de l’ère McKenna à l’Assemblée législative, M. Richard a assuré avec brio l’intérim à la direction du Parti libéral. Ses connaissances de la joute politique l’ont bien servi comme chef de l’opposition. Ses interventions étaient bien ficelées et ont touché souvent la cible. Dommage, il est parti. Il a obtenu le poste d’ombudsman de la province et les excellentes conditions salariales qui viennent avec. Que demander de mieux?

Claudette Bradshaw: B+ La ministre du Travail et représentante du Nouveau-Brunswick au cabinet fédéral a réussi à garder son poste malgré le changement de garde à la tête du Parti libéral. C’est tout à son honneur. Elle a obtenu des investissements majeurs pour sa région et son travail auprès des sans-logis a été cité en exemple. Elle a aussi le mérite d’avoir rapidement reconnu sa faute dans l’affaire Air Irving. Elle s’est par contre beaucoup moins bien débrouillée dans le dossier des excuses de la reine pour la Déportation. Ses explications sur son vote de rejet de la motion du député bloquiste Stéphane Bergeron tenaient de la politicaillerie. Elle s’est toutefois reprise pour obtenir du gouvernement canadien la proclamation royale que l’on connaît. Une autre épine: elle n’a pas encore réussi à faire reconnaître auprès de ses pairs la situation singulière des employés saisonniers aux prises avec les «petites semaines».