VISITE DU DÉPUTÉ BERGERON AU N.-B.

Il réclame des excuses de la Couronne britannique pour la déportation : Stéphane Bergeron en mission en Acadie

23 mai 2001

Gilles Plante - L'Acadie NOUVELLE

CARAQUET - Faisant foi que seuls les idiots ne reconnaissent jamais s'être trompés, le député bloquiste Stéphane Bergeron est de passage au Nouveau-Brunswick depuis quelques jours. Il tente de rallier les principaux porte-parole acadiens à sa démarche pour obtenir des excuses de la Couronne britannique à la suite de la grande déportation de 1755.

Il y a tout près de deux ans que le député de la circonscription de Verchères-Les Patriotes, dans la région de Montréal, a entrepris ses démarches, qui doivent d'abord passer par l'adoption au Parlement canadien de sa motion présentée, insiste-t-il, à titre personnel et non au nom de sa formation politique. Mais les derniers mois, et particulièrement les dernières semaines, ont été difficiles pour le député Bergeron qui, après quelques victoires où il a vu sa motion finalement tirée au sort à la reprise des travaux puis jugée recevable par le sous-comité des affaires émanant des députés, s'est buté à passablement de résistance au sein même de la communauté acadienne des Maritimes. Tout en reconnaissant la valeur de sa démarche, la Société nationale de l'Acadie, par le biais de son président Euclide Chiasson, l'a plus ou mois accusé de jouer dans ses propres plates-bandes alors que l'organisme se préparait à un grand coup d'éclat pour 2005. De son côté, le député libéral de Madawaska-Restigouche, Jeannot Castonguay, s'est montré cinglant lors des discussions qui ont entouré la présentation de la motion à la Chambre des communes, accusant carrément M. Bergeron de faire preuve d'opportunisme politique, voire même d'un «paternalisme dépassé et irrespectueux» à l'égard des Acadiens.

Amende honorable Mais le député du Bloc Québécois affirme ne s'être pas laissé démonter. Il s'est d'abord assuré d'obtenir l'appui dans ses démarches d'un autre député acadien, le néo-démocrate Yvon Godin de la circonscription d'Acadie-Bathurst, avant de s'amener directement au Nouveau-Brunswick, histoire comme il le dit «de faire amende honorable» face aux critiques formulées à son endroit. Tout au moins veut-il corriger une partie de ces critiques. «J'avoue que j'ai été un peu étonné au départ de la réaction des gens. Les gens ont dit d'emblée qu'ils étaient d'accord avec la motion, mais il y avait des ''mais...''», relatait hier M. Bergeron au sujet des réactions parfois tièdes dans les milieux acadiens face à sa démarche. Le député sortait à peine d'une rencontre avec des représentants de la SNA ainsi que de la Société des Acadiens et des Acadiennes du Nouveau-Brunswick. Une rencontre qui lui avait permis, explique-t-il, de jeter des ponts qui devraient éventuellement permettre de «bonifier» la motion qui a été présentée aux Communes le 27 mars dernier. «En fait, deux reproches m'ont principalement été adressés concernant mon initiative. D'une part, certaines personnes déploraient que ce soit un Québécois qui se mêle des démarches. En deuxième lieu, il y avait l'aspect de la consultation auprès des organismes qui représentent les Acadiens. «Sur ce dernier point, je crois être actuellement en train de faire amende honorable. Je suis en mode écoute. Et si je peux intégrer les attentes et préoccupations de tous ces différents intervenants, tout ça en évitant de dénaturer la motion que j'ai présentée, je me dis que j'ai tout intérêt à le faire. «D'ailleurs jusqu'à présent, les contacts sont très positifs, et j'ai le sentiment qu'on est en train de se diriger vers un consensus qui soit satisfaisant pour tout le monde.

Le Québec et l'Acadie «Toutefois, je n'ai jamais été vraiment en accord avec les critiques qui condamnaient mon initiative en se basant sur le fait que je suis Québécois. «Lors de ses premières interventions, le président de la SNA, Euclide Chiasson, avait soulevé un point tout à fait valable en se demandant ce que diraient les Québécois si un Franco-Manitobain, par exemple, ou alors un Franco-Albertain d'origine québécoise débarquait du jour au lendemain dans les affaires du Québec en disant que les choses doivent être faites de telle ou telle façon. «Ce que j'en dis, c'est que je n'ai jamais eu l'intention de jouer le rôle du gars qui débarque en Acadie pour dire aux gens d'ici quoi faire. Je conviens parfaitement que je connais mal la réalité actuelle de l'Acadie et qu'ainsi je ne suis pas habilité à m'exprimer là-dessus. «Une chose est certaine cependant, c'est que je suis habilité à parler d'un événement qui a eu lieu il y a 250 ans et qui a profondément modifié le cours de l'histoire pour ma famille. «Mes ancêtres étaient parmi les familles pionnières du village de Sainte-Anne-des-Pays-Bas, devenu aujourd'hui Fredericton. S'il n'y avait pas eu la déportation, je ne serais possiblement pas aujourd'hui Québécois, comme on m'a parfois accusé d'être, mais plutôt Acadien.»

Gilles Plante L'Acadie NOUVELLE gillesp@acadienouvelle.com