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M-241 FAIT PLUS DE BRUIT MORTE QUE VIVANTE
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RADIO-CANADA - Moncton
Mercredi, le 3 décembre 2003
ATLANTIQUE EN DIRECT - RDI
Animateur - DANIEL POIRIER
DANIEL POIRIER - Bonjour, la dernière session du Cabinet, hier a été l'occasion pour le Cabinet Chrétien de laisser un héritage aux Acadiens. Le Cabinet a adopté la proclamation royale reconnaissant les torts causés aux Acadiens lors de la Déportation et le 28 juillet est retenu comme date commémorative du Grand Dérangement. Pour nous en parler, j'accueille Rosaire L'Italien. Rosaire, qu'est-ce qu'elle dit cette proclamation ? Est-ce que l'on a le libellé ?
ROSAIRE L'ITALIEN - Non, pas encore le libellé comme tel. Il sera connu la semaine prochaine au moment où la gouverneur générale signera la proclamation. Sauf, que l'on sait que cette proclamation là, la proclamation royale adopté hier par le Cabinet, reprend en gros la proposition de la Société nationale de l'Acadie. Une proclamation qui repose sur deux points importants. Le premier, c'est la reconnaissance des torts qui on été causés au peuple acadien par les déportations et puis le 28 juillet de chaque année qui dorénavant va devenir la journée de commémoration du Grand Dérangement pour toute les générations à venir. Et pourquoi le 28 juillet plutôt, par exemple, que le 15 août ? Le 15 août, c'est la fête nationale des Acadiens, le 28 juillet c'est le jour où le gouverneur Lawrence a signé l'acte de la Déportation des Acadiens et l'histoire nous montre que il y a eu des déportations du 28 juillet au 5 septembre (sic), par exemple, le 5 septembre c'est la date où les Acadiens de Grand-Pré ont été enfermés dans l'église et ça regroupe tout ça ce que la Société nationale de l'Acadie demandait au départ, c'est-à-dire, on voulait une reconnaissance plutôt que des excuses. Il y a un ajout par contre à la proposition initiale du nouveau contenu. Il y a une clause qui dit qu'il n'y a pas de responsabilité financière de la part du gouvernement et ça, c'est en fait la position initiale de la SNA.
DANIEL POIRIER - Pas question de compensation, par exemple.
ROSAIRE L'ITALIEN - C'est ça. Et c'est un jour histoire pour le peuple acadien, nous disent les gens avec qui j'ai parlé, parce que c'est la reconnaissance historique des faits entourant la déportation le gouvernement fédéral, provinciaux et surtout par la Couronne britannique, et ça veut dire qu'il y a plus personne maintenant qui pourra remettre en question les faits historiques de la déportation, parce que certaines personnes disaient c'est du folklore, ça n'a jamais eu lieu, maintenant c'est reconnu par une proclamation royale et je vous invite à écouter la ministre Sheila Copps, dont plusieurs disent que hier, c'était sa dernière réunion de Cabinet auquel elle participait et les première réactions du président de la SNA.
SHEILA COPPS - Mais on a eu une belle discussion pour procéder à l'unanimité à une proclamation royale. Qu'est-ce qui se passe maintenant, c'est qu'on faite une réunion du comité spécial du Cabinet pour appuyer la proclamation et on attend d'avoir la signature de la gouverneure générale d'ici quelques jours.
EUCLIDE CHIASSON - Je suis très heureux. Ça été in extremis comme on dit, mais c'était quand même un beau geste pour le gouvernement. Il faut remercier Mme Copps et monsieur Dion qui vraiment jusqu'à la fin ont piloté ce dossier là au sein du Cabinet. Ça pas été facile.
DANIEL POIRIER - Rosaire, une question de jour avant la signature de la proclamation ?
ROSAIRE L'ITALIEN - Probablement que ça sera mardi ou mercredi prochain au cours d'une petite cérémonie où seront invités les principaux acteurs à toute l'événement dans ce dossier, soit les représentants de toutes les partis politiques à Ottawa et bien sur, les dirigeants des principaux organismes acadiens. Le 28 juillet par exemple, ça pourra être un peu spécial, le premier ministre Paul Martin, bien Paul Martin qui sera le premier ministre le 28 juillet prochain ou devrait l'être, utilisons toutes les formules que la langue française nous permet, devrait être celui qui va lire la proclamation royale, l'invitation lui a été faite. Par contre, en 2005, ça pourra être de la grande visite de l'empire britannique. Je vous invite à nouveau à écouter Mme Copps, qui hier n'a parlé qu'aux gens de la radio et non pas de la télévision. On l'écoute :
SHEILA COPPS - La Reine vienne (sic) au Canada en 2005 pour fêter la 100e anniversaire de Saskatchewan et d'Alberta et nous travaillons déjà sur son cédule. Alors, j'ai déjà fait la demande de façon informelle à Buckingham Palace qu'elle soit présente dans cette période en Acadie.
EUCLIDE CHIASSON - Nous sommes en train de travailler là dessus. Du côté de la SNA, on aimerait bien de ça soit conjoint avec le gouvernement canadien, pis qu'en 2005 que la Reine puisse venir à Grand-Pré faire la lecture de cette proclamation là.
DANIEL POIRIER - Rosaire, rapidement, une autre précision.
ROSAIRE L'ITALIEN - C'est ça. Il y a déjà des discussion qui sont entreprises avec la représentante de la reine au Canada pour planifier la visite de la reine en 2005. Il faut dire que ce dossier là, ça ne remonte pas à hier, ça remonte aux années 1990 avec l'avocat louisianais Warren Perrin à qui le fils avait demandé si c'était vrai que les Acadiens étaient des criminels. Et lui, dans son esprit de juriste avait parti toute une recherche juridique là dessus. Et puis, il y avait Stéphane Bergeron, le député bloquiste, qui lui, avait demandé des excuses de la Reine. C'était devenu une reconnaissance des torts. La SNA, la Société nationale de l'Acadie, avait pris le contrôle de toutes les discussions avec les politiciens et ça nous amène à aujourd'hui où on a la proclamation royale.
DANIEL POIRIER - Merci Rosaire. On va justement aller voir ce qu'on pense la SNA. D'ailleurs, on l'a entendu dans les interventions précédentes, monsieur Euclide Chiasson, président de la Société nationale de l'Acadie, que l'on rejoint à Bathurst. Alors, c'est presque historique ça monsieur Chiasson ?
EUCLIDE CHIASSON - Oui, disons que ça arrive pas souvent, ça arrive seulement une fois à toutes les 250 ans. Non, ça été vraiment, jusqu'à la dernière minute. Hier, on n'était pas certain. À un moment donné, on se demandait si l'allait être à l'ordre du jour. J'ai parlé à Mme Copps avant la réunion du Cabinet et tout de suite après la réunion, évidemment, quand elle a annoncé la nouvelle, on était extrêmement content. C'est un grand jour, parce que dans le fond, c'était un dossier qui n'a pas été facile à piloter. Pis, il y a beaucoup de peuples ou de groupes au Canada qui cherche aussi des reconnaissances de différentes sortes. Mais, que l'on aie réussi du côté du peuple acadien, je pense que c'est un grand jour, pis je pense que tout le monde devrait être fier de ça.
DANIEL POIRIER - Oui. Surtout pour mieux mettre en contexte l'histoire et pour les enfants, pour ceux qui sont plus jeunes également, je crois que c'est important monsieur Chiasson.
EUCLIDE CHIASSON - Exactement, et puis le faite que se soit annuellement le 28 juillet que l'on va commémorer le Grand Dérangement, je pense que c'est important, parce que on oublie des fois d'une génération à l'autre et puis le faite aussi que noir sur blanc on reconnaît les événements qui ont eu lieu entre 1755 et 1763, on ne peut plus nier cela maintenant. Ça été scruté à la loupe, ça été analysé. Le document que nous avons, il y a des gens qui ont tout fait pour pas que ça marche, mais ça a marché. Maintenant, c'est sur papier et puis ça va être là pour l'éternité.
DANIEL POIRIER - Oui. Sa Majesté la reine vient au Canada en 2005. Ça serait important qu'elle fasse la lecture elle-même de cette proclamation ?
EUCLIDE CHIASSON - Ben là, ça sera vraiment pour couronner le tout et ça sera très bien si la reine pourra lire la proclamation elle-même. Il y a de très bonnes chances que ça soit possible. Ça serait un très beau geste de la part de la Couronne évidemment. Aussi, pour Grand-Pré, vous vous imaginez si la reine vient à Grand-Pré en 2005 pour marquer le 250e, ça serait très très bien. Et pour le peuple acadien, ça serait vraiment tourner la page parce que pour plusieurs cet événement là ou ces événements là ont jamais été reconnus
DANIEL POIRIER - Tourner la page, mais quand même le 28 juillet, journée commémorative et ça égalemeny, c'est important.
EUCLIDE CHIASSON - C'est très important. Alors, finalement, on a fait d'une pierre deux coups : on a la reconnaissance des torts et aussi une le jour du 28 juillet comme journée de commémoration. C'est que la proclamation finalement, je trouvais que c'était une belle façon de marquer ça. C'était pas juste dans une lettre quelconque ou dans un coup de téléphone. C'est vraiment un document, un parchemin qui va être dûment signé et puis j'espère que ça va être très bien présenté, que l'on pourra reproduire, que ça fera parti des livres d'histoire dorénavant. Peut-être que la copie originale pourra aller à Grand-Pré ou au Centre d'études acadiennes, je ne sais pas trop. Ça va faire parti maintenant de notre histoire collective.
DANIEL POIRIER - Merci beaucoup monsieur Chiasson. Tout de suite, on va rejoindre à Ottawa monsieur Stéphane Bergeron. Monsieur Bergeron, député du Bloc québécois qui a piloté le dossier depuis quand même un bon bout de temps à la Chambre des Communes. Monsieur Bergeron vous devez être soulager aujourd'hui et content également.
STÉPHANE BERGERON - Ben, oui, quoique, je dois vous dire que vous semblez d'avantage être dans le secret des dieux que moi-même. On m'a tenu dans l'ignorance la plus complète de ce qui se passe exactement. Alors, j'entendais monsieur Chiasson dire, il y a quelques instants, que c'est un grand jour pour le peuple acadien. J'aime à le croire, mais pour moi, il s'agit d'un jour important, mais tant que je n'aurais pas vu le détail de cette proclamation là, il ne me sera pas possible de pouvoir affirmer hors de tout doute raisonnables qu'il s'agit d'un grand jour pour le peuple acadien.
DANIEL POIRIER - Je sens un peu d'amertume dans vos propos monsieur Bergeron.
STÉPHANE BERGERON - Ben, je vous dirais que ce dossier depuis le début, a été teinté d'un peu de mesquineries politique, et je pense que ça se poursuit au moment où on se parle. Ceci dit, je ne voudrais pas d'aucunes façons entacher, je dirais le côté positif de la journée en ressassant ce genre de truc. Ceci dit, il faut quand même reconnaître qu'il y a un peu, comment dirais-je, d'imprécisions quant à cette proclamations royale. On se pose la question. S'agit-il d'une proclamation royale venant de la Couronne du Canada ? Si tant que c'est le cas, ç'a atténue un peu la porté de la proclamation parce que s'il s'agit d'une proclamation qui vient du Canada, ben c'est sympathique somme toute, mais ça laisse la question totalement ouverte, parce que s'il s'agissait d'une proclamation venant de la Couronne de laNouvelle-Zélande ou d'Australie, ça n'est pas l'autorité qui doit assumer toutes les responsabilités morales des événements produits à ce moment là qui reconnaît les événements. Ceci dit, il faut également reconnaître que la Société nationale de l'Acadie conjointement avec la ministre, semble-t-il, vont inviter Sa Majesté à venir lire la proclamation royale à Grand-Pré en 2005, ce qui moi m'apparaîtrait éminemment positif et ce serait pour moi le grand jour tant attendu.
DANIEL POIRIER - Donc, pour vous cette reconnaissance des torts doit venir avant tout de la Couronne britannique ?
STÉPHANE BERGERON - De la Couronne britannique évidemment, parce que la Couronne britannique est l'autorité politique constitué et qui existe encore aujourd'hui qui doit assumer la responsabilité, ne serait-ce que morale des événements s'étant produits à ce moment là. Alors que, la législature de la Louisiane, de celle du Maine ou qu'éventuellement du Congrès américain, ou tout autre pays dans le monde, la France, la Nouvelle-Zélande ou l'Australie reconnaissent ces faits là et même le Canada, c'est sympathiques, mais ça laisse la question complètement ouverte. Alors, moi, ce que je dis, si effectivement Sa Majesté accepte l'invitation de la SNA et du gouvernement canadien pour venir participer à la proclamation en 2005, de venir lire la proclamation, pour moi c'est le couronnement, pour reprendre les termes de monsieur Chiasson, le couronnement de toutes ces années de démarches parce que à ce moment là ça serait définitivement un geste posé par la Couronne britannique et non seulement par la Couronne du Canada.
DANIEL POIRIER - Merci beaucoup monsieur Bergeron.
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