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ENTREVUE AVEC EUCLIDE CHIASSON DE LA SNA
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Radio-Canada, Moncton
Le Réveil
Lundi, le 8 décembre 2003, vers 9 h 37
[Le début de l'entrevue manque]
MICHEL DOUCET - … C'est tout une cheminement, il y a quoi environ trois ans que vous étiez là-dessus ?
EUCLIDE CHIASSON - Exactement, je ne sais si vous vous rappelez au mois d'août, il y a trois ans (sic), on avait mis en place un comité d'études (1) qui était présidé par Maurice Basque du Centre d'études acadiennes. Et puis, ils ont reçu 140 soumissions, mémoires, et puis c'est là qu'on a vu qu'il y avait là un intérêt vraiment marqué de la part des Acadiens et des Acadiennes. Et puis, il y avait au-delà cent trente de ces opinions là qui nous disaient oui, c'est important, il faut aller de l'avant. Si on avait eu un autre son de cloche, on aura probablement pas fait la démarche qu'on a fait. On a vue que c'était vraiment (phrase pas terminée). Pis ailleurs on a vu par après, par les opinions du lecteur dans les journaux, en particulier dans l'Acadie Nouvelle que c'était un dossier qui intéressait beaucoup, beaucoup de gens. Et puis, ils nous ont aussi dit à ce moment là, beaucoup de gens nous ont dit bien garde, on est très intéressé à ça, mais par contre on est pas intéressé à ce que vous demandiez pour des compensations financières et puis on a compris ce message là aussi. Alors, ça été depuis le début là, on a maintenu le cap là dessus. Et puis, quand on prit le dossier en main, nous à la SNA, on a essayé de dépolitiser le débat, de ne pas embarquer dans la partisanerie politique, parce qu'il y avait déjà eu des tentatives de d'autres individus. Pis finalement, je pense, ça nous a donné raison en bout de ligne, parce que on a quand même obtenu ce qu'on cherchait.
MICHEL DOUCET - Il faut remonter à une douzaine d'années, à l'époque où l'avocat louisianais Warren Perrin avait demandé des compensations de la Couronne britannique. Plus récemment dans le temps, le député du Bloc québécois, Stéphane Bergeron, de Verchères-les-Patriotes, qui demandait lui des excuses, faisait également allusion à certaines formes possibles, du moins, de compensations. C'est ce qui a fait dire à certaines personnes, monsieur Chiasson, que ce qu'a obtenu la SNA, c'est moins que ce que l'on demandait au départ. Est-ce que vous pensez que ce que vous avez obtenu, c'est une version édulcorer de ce que l'on demandait depuis le début?
EUCLIDE CHIASSON - Pas du tout. Ehhhh. Ce que monsieur Perrin, d'ailleurs monsieur Warren Perrin s'est associé à harmoniser (2) , si vous voulez, sa demande à celle de la SNA en bout de ligne, parce que c'a aboutissait pas. On peut bien demander n'importe quoi. C'est facile, tu sais, assis autour d'un verre de bière (3) dans une taverne. Mais dans ce qui est possible, puis je pense, c'est ce qu'on a obtenu, ce qu'il y avait de mieux. Pis on a pas utilisé le terme excuse, parce que on s'est dit si Sa Majesté veut s'excuser, s'est libre à elle, mais nous ce que l'on voulait, c'était une reconnaissance à la fois, disons de l'événement historique qui entourait le Grand Dérangement. Pis ensuite, une reconnaissance, ces événements historiques là ont causé des torts irréparables au peuple acadien. C'était ça qu'on cherchait. En plus, on a obtenu une journée de commémoration qui va maintenant annuellement, donc le 28 de juillet, commémorer cette activité là. Et puis, pour nous, c'est (sic), on pouvait pas demander beaucoup plus que ça. Comme je vous le sais tantôt, on ne demandait pas autres choses, on ne demandait pas pour des compensations financières. On pense que c'était pas du tout ce que les gens voulait, on considérait pas que c'était sérieux. Donc, on a suivi notre (sic), disons on a écouté, on a écouté les gens, puis on a été conséquent, puis ça donné des résultats. C'est pas du tout à mon avis une version abrégée ou minimalisée, si vous voulez, de ce que d'autres voulaient.
MICHEL DOUCET - On pense à monsieur Bergeron, par exemple, Stéphane Bergeron, qui était en entrevue avec nous vendredi, et qui s'est senti ni plus ni moins exclus. Est-ce que c'est à dessin que la SNA avait exclu monsieur Bergeron de ses démarches des dernières années ?
EUCLIDE CHIASSON - Ben, c'est que monsieur Bergeron a toujours fait cavalier seul dans ses démarches. On l'a appuyé dans sa première motion, la M-241. Après coup, monsieur Bergeron consultait pas la SNA quant il décidait de partir en croisière, en croisade je veux dire, et puis de faire ses motions et tout ça. On l'apprenait comme tout le monde dans les journaux et tout ça. Donc, on s'est dit, bon lui il a son propre agenda et pis qu'il continue avec ses démarches. Mais pour ce qui est de la SNA, c'était claire, nous ce qu'on faisait on représentait les Acadiens, disons des quatre provinces de l'Atlantique. Et puis, on avait écouté, comme je vous le disais tantôt, ce que les gens nous ont dit. On l'a pas exclu, mais on savait aussi que c'était à cause de la partisanerie politique, d'ailleurs on l'a vue dans la première motion, ç'a été défait par le gouvernement, donc, il fallait trouver une autre façon. En continuant avec monsieur Bergeron, il n'y avait pas d'issue. Ça aura pas abouti à rien. Alors, on l'a fait parallèlement, si vous voulez. On reconnaît que ce que monsieur Bergeron a fait, a probablement pas nuit sur le long terme, si on regarde ça historiquement. Ça peut-être joué dans la décision, mais vraiment ça aurait jamais abouti dans le contexte politique actuel. C'est pour ça qu'on a décidé d'aller voir le gouvernement, par de là à la Couronne britannique, elle nous a référé à ses ministres canadiens. On est aller voir ses ministres canadiens et puis on a dit là maintenant, la balle est dans votre camp. Pis on a bien préparé le dossier, pis finalement ça a pris aussi des politiciens avec un peu de leadership, pis qui ont décidé de prendre ça en main. On a trouvé que c'était légitime ce que l'on demandait.
MICHEL DOUCET - Parlons-en de leadership. Il y a eu une résistance certaine chez les Libéraux, vous pourriez les nommer autant que moi. Certains députés et ministres disaient qu'il fallait regarder vers l'avenir et non pas vers le passé. Où est-ce que ces gens on changé d'opinion là-dessus selon vous.
EUCLIDE CHIASSON - Ben, il y a des gens comme monsieur Stéphane Dion, qui a été, je dirai, le premier à croire que ce que l'on avait à dire comme peuple était légitime et qui valait la peine de (sic). Alors lui, il a consulté ses collègues, il a fait du travail de déblayage, si vous le voulez, à partir du début août cette année, jusqu'à, disons, un mois ou deux avant le dénouement de tout ça. Et puis, c'est peut-être qu'il a réussi à convaincre certaines personnes que ce que l'on demandait c'était pas la fin du monde, et puis c'était tout à fait ce qu'il fallait faire. Puis, après ça madame Copps a embarqué dans le dossier et pis les deux ensemble, ils ont piloté ça. Moi, ce que je dis dans ce temps-là, il y a seulement les fous qui ne changent pas d'idée. Pis, si on a réussi à, disons, convaincre des gens qui ne l'étaient pas au début, ben moi, je dis que c'est tant mieux pour eux. Ça montre un signe d'ouverture de leur part. Pis aussi, en étant persévérant et persistant, comme les Acadiens savent le faire là, je pense que c'est comme ça qu'on réussi ce qu'on a réussi. Comme je vous dis, les autres voix, la voix de monsieur Bergeron, qui étaient peut-être noble, n'aboutissaient pas. Alors, comme je vous dis, c'étais évident, il avait essayé deux trois fois. Pis, c'était évidemment qu'il y avait une polarisation entre le Bloc québécois et le gouvernement. Alors nous, il a fallu que l'on prenne ça en main, pis on décide d'aller dans une autre direction. C'est ce qu'on a fait. Pis, bon, ça donné de bons résultats.
MICHEL DOUCET - Depuis mardi dernier, Euclide Chiasson, vous êtes l'objet, c'est le cas de le dire, d'une foule d'entrevues. Ça attirer l'attention des médias de partout dans le monde, notamment de la British Broscasting Corporation, la prestigieuse BBC. Qu'est-ce qu'il voulait savoir les Anglais lorsqu'ils vous parlaient ?
EUCLIDE CHIASSON - C'est intéressant. Je calcule que j'ai fait à peu près quarante entrevues dans deux jours. Dans ces quarante là, il y en a quelques-uns qui sont de l'extérieur de pays, dont la BBC comme vous dites, aussi le London Daily Telegraph. Celui-là était vraiment intéressant aussi, parce qu'il a appelé, le journaliste était déjà rendu à Wolfville. Il avait pris l'avion de New York à Halifax aussitôt qu'il a entendu parler de ça. Et puis, le lendemain matin, on organisait une visite pour lui au site historique de Grand-Pré. Alors lui, évidemment, c'était toute la partie (sic) Pis, le type de la BBC s'était, puisque l'on parle de l'histoire britannique quant on parle du Grand Dérangement. Ç'a les intrigue beaucoup. Quant on parle aussi de la Couronne, évidemment, ça aussi ajoute un élément (sic). Évidemment, les British sont très friand de tout ce qui entour la royauté. Ça été pour moi extrêmement intéressant, parce qu'il y avait (sic), il a fallu un petit peu de cours d'histoire, alors que je ne suis pas historien et puis un petit peu de science politique aussi, alors que ma formation est plutôt en philosophie, mais quand même, j'ai fait le mieux que j'ai pu et j'ai été très patient. J'ai pris le temps qu'il fallait pour expliquer c'était qui les Acadiens. Puis, le Grand Dérangement, c'est tellement central dans notre histoire que, par exemple, si y a des Cadiens en Louisiane, pis si y a des Français d'origine acadiennes en Belle-Isle-en-Mer, à Archigny, pis à Châtellerault, pis qu'il y en a 1.5 millions au Québec, etc. Bon ben, c'est à cause du Grand Dérangement. Alors, que cet événement là n'a jamais eu sa place qu'elle devait dans des livres d'histoire, parce que l'on a appris dans nos livres d'histoire, c'était la British History, finalement, c'était l'histoire vu par ceux qui nous ont déporté. Et puis évidemment, c'était pas tout à fait la même version. Moi, je me rappelle, quand j'allais à la petite école, c'était un petit paragraphe en passant. Et puis, on nous faisait passé comme si on l'avait mérité. Alors, cette reconnaissance là, maintenant qu'on dit que historiquement est reconnue, que y a des milliers de personnes qui ont été déportés, que plusieurs sont morts dans des bateaux, qu'il y a eu des naufrages, ça c'est dans le texte de la proclamation. Pour moi, juste ça, pour tout ceux qui ont essayé de nier cet événement là, ça vaut son pesant en or. C'est extrêmement important. C'est comme si on prenait un livre d'histoire, pis on y ajoutait une page. Pis dans le fond, tout ce qu'on fait, on ne réécrit pas l'histoire, on ne fait qu'attester d'une réalité historique, que tout les Acadiens connaissaient, mais qui est très très méconnu, très mal connu à travers le monde, pis à travers le le (sic). Alors, tout ces entrevues là que j'ai faits, ça été peut-être, pour certains (sic), vraiment, une révélation. Parce que c'est aussi l'histoire du Canada, c'est aussi l'histoire britannique. Ça fait partie de l'histoire mondiale, si vous voulez, mais à cause du fait (sic). Tous les peuples, à un moment donnée doivent écrire leur propre histoire, pis jusqu'à date, c'était d'autres peuples qui ont écrit la nôtre.
MICHEL DOUCET - En terminant, Euclide Chiasson, vous serez là, mercredi à Ottawa, au moment où madame Clarkson, la gouverneure générale, va signer la proclamation ?
EUCLIDE CHIASSON - Bon, j'espère, elle va être signée avant, je pense. Elle est peut-être déjà signée, je ne sais pas. Mais la cérémonie pour entourer la remise de la proclamation à la SNA, oui, je vais être là pour sûr, et puis ça va être un grand jour pour l'Acadie. Pis aussi, il va avoir beaucoup beaucoup de gens. Il y a beaucoup d'Acadiens qui viennent aussi, de nos membres, de la SANB, de la FANE, etc. Donc, ça va être une belle journée pour le peuple acadien.
MICHEL DOUCET - Euclide Chiasson, président de la Société nationale de l'Acadie, merci beaucoup et bon séjours à Ottawa. Euclide Chiasson nous parlait depuis son domicile à Pointe-Verte.
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1. Ce n'était pas un Comité d'études, mais un Comité de consultation qui avait formé par la SNA au mois d'août 2001. Cela ne fait donc que 2 ans et non trois comme l'affirme le président. FT.
2. Cela ne semble pas avoir été fait.
3. Dominic LeBlanc disait autour d'un capucino.
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