Le juge en chef Belcher et l'Expulsion des Acadiens

W. C. Milner, des Archives, Ottawa.

Le Moniteur Acadien, le 30 septembre 1915, p. 2

(Du Herald de Halifax)

L'esquisse admirable sur la vie du premier juge en chef de la Nouvelle-Écosse, écrite par Sir Charles Townsbend et publié dans le dix-huitième volume de la Société Royale, contient ce qu'on pourrait appeler la justification officielle de la dispersion des Acadiens par M. Belcher, car il était alors non seulement juge en chef, mais aussi membre du conseil qui décréta l'expulsion de haute position judiciaire et exécutive qu'il occupait, la connaissance qu'il devait avoir des hommes et des événements contemporains, son indubitable patriotisme et son désir pour l'honneur et la sécurité de la couronne, une autorité extraordinaire à sa décision. Une critique de (???) de ses conclusions serait intéressante d'autant plus que les archives publiques à Ottawa nous fournissent une collection très étendue de documents acadiens que l'on rencontre nulle part ailleurs et qui jusqu'aujourd'hui étaient pas à la disposition de l'étudiant.

Il faut remarquer que M. Belcher ne fait aucune distinction entre les Acadiens de Beauséjours et des alentours et ceux d'Annapolis et des environs du Bassin des Mines, une erreur que tous les écrivains après lui ont faite. Quoique ces deux groupes appartenaient à la même race, parlaient la même langue et pratiquaient la même religion, les circonstances environnantes en faisaient deux communautés distinctes, ayant des intérêts différents. Beauséjours était un poste français. C'était le quartier général des Canadiens et des Indiens alliés des Français, comme l'étaient les établissements acadiens de Tantramar, Beaubassin, Laplanche, Napan et Menoudie. C'était un endroit avantageux qui favorisait Boishébert et ses Coureurs de bois, qui de son poste (maintenant Woodman's Point) sur la rivière St-Jean harassait les Anglais. C'était l'endroit principal où on ourdissait toutes les intrigues destinés à molester les Anglais et les chasser de l'Acadie. Quand le colonel Lawrence débarqua à Beaubassin pour la première fois, ils brûlèrent leurs maisons et se réfugièrent de l'autre côté de la rivière Missiquash qui formait la division, afin de se mettre sous la protection des canons de Beauséjour. Ils étaient ouvertement hostiles à la domination anglaise et c'est un acte d'injustice envers les habitants de la vallée d'Annapolis que de les tenir responsables pour leurs actes, et dans l'intérêt de l'histoire, il est nécessaire de les traiter séparément.

Belcher énumère les offenses dont les Canadiens ont été accusés.

La première offense est le combat du Pont de sang, qu'il nous dit avoir eu lieu après le Traité de cession, tandis qu'il eut lieu avant, et il ne nous dit pas qu'un fils du Baron de St-Castin et une troupe d'Indiens de Penobscot en étaient les auteurs véritables. Il tient les Acadiens responsables pour le massacre de Noble à Grand-Pré, tandis que Murdock et Parkman déclarent qu'ils informèrent Noble qu'ils craignaient une attaque parce que les communications étaient interrompues. Les officiers français qui enrôlèrent des guides aux noces de (Ste fulatie ?) se plaignirent qu'on les avait conduits hors de la route. Plus tard le gouvernement leur donna une récompense et loua leur fidélité. Le manque d'espace m'empêche de suivre Belcher dans ses faux rapports, qui sont tellement clairs qu'on croirait qu'ils ont été montés.

M. Belcher donne cinq raisons pour lesquelles on ne devrait pas permettre aux Acadiens de prendre le serment d'allégeance, ni de permettre de demeurer dans le pays.

1 Par leur conduite depuis le traité d'Utrecht, ils ne se sont montrés autrement que des rebelles contre Sa Majesté dont ils devinrent les sujets en vertu de la cession de la province et des habitants par ce traité.

2 Il serait contraire aux ordonnances de Sa Majesté à Cornwallis et encouragerait le déplaisir de la couronne et du parlement.

3 Cela empêchera l'expédition à Beauséjour.

4 Cela mettra un frein au progrès de la colonie, ce qui rendrai nulles les grandes dépenses faites par la Grande-Bretagne dans cette province.

5 Parce que, quand ils recommenceront leurs actes de perfidie et de trahison, comme ils le feront assurément et avec plus de rancune que jamais, après le départ de la flotte et des troupes, la province ne sera plus en état de les chasser de leurs possessions.

Les objections 2, 3, 4 et 5 de M. Belcher ne traitent aucunement des droits de traité des Acadiens que les Anglais étaient obligés de respecter ; elles ne se rapportent pas à la question et ne serait pas considérées par aucun tribunal.

L'insertion, dans ce qu'on prétend être un document légal de matière aussi étrangère nous fait connaître M. Belcher non pas comme un juge, mais plutôt comme un avocat partisan, prétendant que les Acadiens n'avaient aucun droit que les Anglais étaient tenus d'observer, et que ceux-ci pouvaient agir envers eux comme il leur plairait. En éliminant ces quatre points, il ne nous reste que le premier. Pour en arriver à une juste appréhension, il est nécessaire de s'enquérir des droits que le Traité d'Utretch accordait aux Acadiens, et voir ? par leurs actes, ils avaient perdu ces droits par confiscation. Sur ce point, je me propose de citer des documents préparés par les gouverneurs et autres employés.

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M. Belcher commence ses accusations par la déclaration que les Acadiens devinrent sujets britanniques en vertu de la cession et du traité d'Utrecht.

S'il avait lu le traité même, il aurait vu que cette affirmation était entièrement et absolument fausse. Par l'article 14 de ce traité, il était convenu que " les sujets du dit roi de France avaient la liberté de se retirer ailleurs dans l'espace d'un an, avec tous leurs effets mobiliers … Que ceux néanmoins qui voudraient y demeurer et rester sous la domination de la Grande-Bretagne devaient jouir de l'exercice de leur religion autant que le permettraient les lois de la Grande-Bretagne. "

Une lettre supplémentaire de la reine Anne au colonel Nicholson, datée deux mois plus tard (23 juin 1713) ajoute à la clause ci-dessus en permettant aux Acadiens de retenir et posséder leurs terres ou de les vendre s'ils aiment mieux se retirer ailleurs. Ceci a l'effet d'un traité puisque, comme le dit la reine, c'était en considération de ce que le " Roi Très Chrétien, à sa demande avait accordé la liberté à des prisonniers détenus aux galères parcequ'ils professaient la religion protestante.

Il était donc facultatif aux Acadiens de demeurer sujets de France ou de devenir sujets britanniques.

Ils résolurent de demeurer sujets français et de se retirer au Cap-Breton.

On lit dans le procès verbal d'une assemblée du Conseil à Annapolis, daté le 19 août 1714, que Messieurs de la Ronde et de Pensen, deux officiers français du Cap-Breton, vinrent à Annapolis et firent les requêtes suivantes :

1 De rassembler les habitants de la rivière et des environs d'Annapolis pour savoir leur intentions. Ceci fut accordé par le gouverneur.

2 Qu'un officier soit nommé pour s'assurer du nombre de ceux qui désireraient s'en retourner aussi bien que de ceux qui voudraient rester dans le pays. Ceci fut accordé.

3 Que selon le traité, on accorde l'espace d'une année à ceux qui désirent se retirer. Renvoyé à la décision de la Reine.

4 Que durant l'année on leur permette de transporter leurs effets, grains, bestiaux et ustensiles. Renvoyé à la décision de la Reine.

5 Que durant l'année en leur permette de construire les bâtiments pour les transporter avec leurs effets. Décision réservée tel que ci-dessus.

6 Qu'on leur permette de recevoir de la France, les agrès et apparaux pour la construction de ce bateaux et pour ceux qui étaient déjà construits. Décision réservée tel que ci-dessus.

7 Qu'il leur soit permis durant l'année de vendre leurs terres ou de laisser procuration. Décision réservée tel que ci-dessus.

8 Que justice soit rendue pour toutes les vexations auxquelles les a soumis le gouverneur Vetch.

À cette demande, on répondit que le gouverneur ferait une investigation et rendrait toute la justice possible.

Évidemment ces demandes comprenaient les moyens à prendre pour permettre aux Acadiens de quitter le pays avec le moins de perte possible et pour donner de la validité aux Traités. Retenir le consentement ne garantissait rien et la suite reflète un aspect sinistre sur la conduite du gouverneur. Réserver la décision voulait dire qu'une fois l'assemblée terminée, on ne s'en occuperait plus.

Les habitants tinrent une assemblée à laquelle assistaient le général, le conseil et les officiers de la garnison, ainsi que de la Ronde et les pères Justinien, Bonaventure et Gaulin. 144 chefs de famille s'étaient rassemblés et ils signèrent la déclaration suivante :

" C'est avec toute la joie et le consentement possible par cet écrit signé par nous, avec la preuve éternelle que nous voulons vivre et mourir de fidèles sujets de Sa Majesté Très Catholique, en nous engageons à aller s'établir dans l'Isle Royale ". Les habitants des Mines au nombre de 125 signèrent une semblable déclaration le 6 septembre suivant ainsi que ceux de Cobequid au nombre de 21 et ceux de Beaubassin.

Ceci répond suffisamment aux déclarations de M. Belcher que par la cession et par le traité les Acadiens devinrent sujets britanniques.

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Les questions réservées par le général Nicholson furent enfouies dans des cassiers à Whitehall et depuis ce temps on a eu aucune réponse sur ce sujet. Le colonel Vetch quitta Annapolis et se rendit à Londres où il présenta aux Lords du Commerce un document qui montre un degré de fourberie attribuée à des officiers diplomatiques de l'empire. Il porte la date du 18 mars 1715.

C'est avec beaucoup de répugnance que plusieurs d'entre eux (Acadiens) surtout les principaux parmi eux, que j'ai vu pleurer, résolurent de quitter le pays. Vous Seigneurs, pouvez être assurés que dans le cas où on leur permettrait de s'en aller, ce ne serait pas difficile pour le gouverneur Caulfield qui est là, de les retenir, s'ils ne sont pas déjà partis. Il est possible de les faire consentir à rester, ce qui serait d'un grand avantage pour cette colonie en particulier pour les autres établissements aussi bien que pour la Grande-Bretagne en général. Mais, s'ils quittent le pays, ce serait une perte sous plusieurs rapports, en premier lieu, si le pays est dépeuplé, la garnison qui sera d'ailleurs de peu d'utilité, souffrira extrêmement, car ils ont l'intention de transporter tous leurs bestiaux et leurs biens meubles par terre jusqu'au gut de Canseaux et de là les transporter au Cap-Breton, et il sera impossible de e procurer des provisions dans le pays. Il faudra alors avoir recours à Boston où on payera bien cher, et dans le cas où deux vaisseaux ne se rendraient pas à bon port, la garnison se trouverait réduite à une très grande extrémité.

En second lieu, on ne pourra réconcilier les Indiens, sur qui les Acadiens ont une puissante influence, ayant contracté mariage avec eux et pour d'autres raisons, et si la guerre éclate, ils seront un tourment continuel pour cette colonie aussi bien que celle de la Nouvelle Angleterre. Tandis que si on encourage les Français, il y a espérance, après quelques temps, de ramener ces Sauvages par des faveurs à Sa Majesté Britannique, autrement aucun Anglais n'osera s'établir dans le pays, et pourtant, si le pays était peuplé de familles anglaises, ceci ne tarderait pas à produire de bons résultats.

Finalement, si les Acadiens émigrent, ils feront du Cap-Breton une colonie forte, et il en coûtera beaucoup à la Grande-Bretagne avant que les habitants Anglais aient parvenu à rendre le pays en état où il est aujourd'hui, et pour quatre ans encore il leur sera impossible de produire les troupeaux et les récoltes que les Français ont actuellement et qui sont presque suffisant pour approvisionner la garnison sans avoir recours ailleurs où il faudrait payer bien plus cher.

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Les Lords du commerce acceptèrent les idées du colonel Vetch qu'ils serait dangereux pour le pouvoir Anglais que de permettre aux Acadiens d'émigrer au Cap-Breton et ceci fut inséré dans un rapport qu'ils firent au roi.

Il est donc évident que les romanciers littéraires qui accusent les Acadiens de rebelles, prétendant que par le traité d'Utrecht leur allégeance passe avec leurs terres aux Anglais, ne traitent que de la fiction.

Il faut observer que le gouverneur général Nicholson en référant au gouvernement les arrangements proposés pour leur départ, prit sur lui-même toute la responsabilité de leur séjour dans la province dans la position de sujet français en attendant une réponse, mais cette réponse ne vint pas.

La position constitutionnelle des Acadiens était donc imprenable, et lorsqu'ils proposèrent de prendre le serment d'allégeance sans prendre les armes contre les Français, ils offrirent un compromis très raisonnable.

St-Ovide, gouverneur à Louisbourg protesta contre cette conduite dans une lettre au capitaine Doucett, datée le 24 juillet 1718.

" Vous avez du savoir, Monsieur, l'impossibilité dans laquelle Monsieur de Nicholson et autres commandants de l'Acadie les ont mis de pouvoir exécuter les conventions que l'on avait faites ; les uns en ne voulant pas leur laisser emporter leurs biens et les autres, n'ayant voulu permettre qu'il leur fut par nous, envoyé des apparaux pour gréer leurs petits bâtiments qu'ils avaient construits et dont ils ont été obligés de se défaire presque pour rien aux marchands Anglais.

M. Belcher stigmatise les Acadiens comme étant les auteurs ou les chefs de certains outrages qui eurent lieu durant les années 1724, 1725, 1744 et 1746.

Si les Acadiens eussent été coupables de ces actes, le gouverneur commandant à Annapolis durant ces années-là en aurait eu connaissance - tout autant d'ailleurs que M. Belcher, qui dans le temps n'était pas au pays.

Je présente donc des rapports des gouverneurs Vetch, Phillips, Armstrong et Mascarene.

Les 9 mars 1714-15, le colonel Vetch, lieutenant -gouverneur, écrivait aux Lords du commerce comme suit :

Les habitants français étant en quelque sorte obligés de quitter le pays par suite des traitements qu'ils ont reçus du gouverneur Nicholson… à moins que des ordres prompts ne soient expédiés, les habitants vont émigrer avec leur troupeaux et leurs effets au Cap-Breton, ce qui va dépouiller et ruiner entièrement la Nouvelle-Écosse et en même temps faire du Cap-Breton une colonie populeuse et bien pourvue.

Le même aux mêmes le 2 septembre 1715

M. Nicholson… les a tellement découragés de rester qu'ils ont construit nombre de petits bateaux pour les transporter avec leurs effets au Cap-Breton.

Le même aux mêmes, le 21 février 1714-15

… leur départ des Acadiens pour le Cap-Breton avec leurs troupeaux serait une acquisition pour cette nouvelle colonie et ruinerait entièrement la Nouvelle-Écosse à moins qu'on les remplace par une colonie britannique, ce que plusieurs années n'accompliraient pas.

Le lieutenant gouverneur Armstrong aux lors du commerce, le 24 novembre 1726 :

… No 3 est le serment administratif sur l'avis du conseil de Sa Majesté aux habitants de la rivière Annapolis qui n'avaient jamais consenti à prendre le serment auparavant. Le printemps prochain, j'enverrai aux autres établissements. J'espère, si c'est possible de faire des Français et des Indiens des sujets fidèles et honnêtes.

Le gouverneur Phillips aux Lords du commerce le 3 janvier 1729 :

… Par la réception joyeuse qui m'a été faite, surtout par les habitants français, qu'à la prochaine occasion, je pourrai féliciter Sa Majesté sur leur entière soumission à son gouvernement. Sans avoir été forcés de la faire, prenant le serment d'allégeance comme assurance de leur obéissance. Il faudrait qu'ils eussent la possession de leurs terres par de nouvelles concessions … Les vieilles concessions devraient être rappelées et cancelées.

Le gouverneur Phillips aux Lords du commerce le 2 septembre 1730 :

Persuader nos habitants français à faire leur soumission à la couronne en prenant le serment d'allégeance, ce qui devient de plus en plus nécessaire à cause du grand accroissement de ce peuple qui aujourd'hui, comme la progéniture de Noé, se répand par toute la province. Vos Seigneurs savent que durant les derniers vingt ans, ils ont toujours refusé obstinément de se rendre à toute sommation de cette sorte, n'ayant éprouvé aucun changement de gouvernement pendant mon absence, ils ont signifié leur désir de se rendre à mes ordonnances à mon retour… et vos Seigneurs verront quel succès j'ai remporté par le parchemin qui vous a été transmis, ce qui est un duplicata de ce que tout homme de 16 à 60 ans a assermenté et signé.

Le gouverneur Mascarene à King Gould, Boston, 2 juin 1744 :

Ayant appris que des émissaires avaient été envoyés du Cap-Breton pour susciter une révolte, j'ai rassemblé les députés et les vieux habitants et, dans les termes les plus forts, je leur ai montré leur devoir. Ils m'assurèrent que leur intention était de demeurer fidèles à Sa Majesté britannique. Ils demandèrent de consulter les autres établissements à propos des moyens à prendre pour préserver la tranquillité parmi eux et les Indiens de la province. J'attends le résultat dans quelques jours. Il est certain que nous ne pourrons jamais les forcer à prendre les armes contre les Français… mais si je puis les empêcher de joindre les Indiens ou de les aider, ceci nous favoriserait contre une attaque des Français du Cap-Breton.

Le lieutenant-gouverneur Mascarene au gouverneur Phillips, le 9 mai 1744 :

J'ai appris la triste nouvelle que les Français avaient forcé quatre compagnies de votre régiment à Canso de se rendre.

J'ai fait tout en mon pouvoir pour tenir les habitants français fidèles, ils m'ont donné leur promesse et jusqu'ici ils nous aident dans nos travaux de réparation.

Même date aux Lords du commerce :

Ils, les Français, ont rassemblé non seulement les Indiens qui sont sous leur domination, mais aussi tous les Indiens résidant dans la province, et ils ont cherché à corrompre nos habitants français. Ceux-ci m'ont assuré qu'ils étaient résolus de demeurer fidèles, et jusqu'ici, ils nous ont témoigné leur fidélité en nous aidant à réparer le fort… Je considère que notre salut dépend de se que l'on empêchera nos habitants Français de se ranger du côté de nos voisins Français.

Mascarene au gouverneur Shirley, 4 juin 1744.

Je supplie Votre Excellence d'empêcher les guerriers de molester les habitants Français de cette province, car le contraire nous serait fâcheux. Notre salut dépend en grande partie de leur bonne volonté, tandis qu'ils nous sont fidèles et ils semblent vouloir continuer de l'être.

Mascarène au secrétaire de la guerre, le 2 juillet 1744 :

Les habitant Français de la rivière ont jusqu'ici demeurés fidèles et se sont en aucune façon alliés à l'ennemi qui ont tué la plus grande partie de leurs bestiaux, le prêtre qui demeure avec eux a aussi agi jusqu'ici comme un honnête homme. Ils nous ont aidés dans la réparation du fort jusqu'au jour précédant l'attaque.

Mascarene au gouverneur Shirley, 28 juillet 1744 :

Ces habitants Français sont certainement dans une situation très périlleuse. Ceux qui prétendent être leurs amis et leurs anciens maîtres ont lâché une troupe de brigands pour les piller, tandis que d'un autre côté, ils envisagent la ruine et la destruction s'ils manquent à leur allégeance à la couronne britannique.

Mascarene à King Gould, 28 juillet 1744 :

L'arrivée de renforts de Boston force les Indiens de nous laisser pour le présent et de se retirer aux Mines ou ils vivent au dépens des habitants Français, tuant leurs moutons et jeunes volailles. Ces habitants Français tiennent toujours forme dans leur allégeance et n'ont aucune façon joint l'ennemi.

Mascarene à M. de Gallisonière, 27 avril 1749 :

Je n'ai jamais manqué de faire connaître et respecter l'autorité de Sa Majesté toutes les fois qu'il a été en mon pouvoir de le faire ;

c'est pour cette raison que j'ai envoyé des agents aux Mines et à Chignectou afin de rétablir l'ordre et de faire rendre compte à ceux qui auraient manqué à la fidélité qu'ils doivent au souverain.

Le gouvernement ordonne aux missionnaires de venir ici et d'obtenir la permission de résider dans la province, et il leur fait demeurer à l'endroit qui leur est assigné. Quand on les trouve en devoir d'aliéner l'affection des gens contre leur souverain, ou leur fidélité et leur devoir contre le gouvernement, on les ordonne de se retirer des territoires de Sa Majesté. Ceux qui n'ont pas commis ces fautes sont restées et ils n'ont pas été molestés.

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La correspondance de 1710 à 1757 est très volumineuse, mais il n'est pas nécessaire de donner des citations datant après 1749, lorsque Cornwallis vint avec une force suffisante pour terrifier aucun soulèvement. De 1715 à 1719, les Acadiens furent presque toujours suffisamment nombreux pour écraser la poignée d'homme gardée à Annapolis, s'ils eussent été disposés à le faire. Plus grand étant leur attachement au drapeau de leurs pères, plus grand doit être leur mérite en s'abstenant de se soulever, et on ne doit pas oublier cela quand on les traite de rebelles et de traîtres avant le décret de l'expulsion.

La présentation de M. Belcher que les ordonnances du gouvernement d'Angleterre à Cornwallis autorisaient l'expulsion est contraire à toute évidence. Le gouvernement anglais n'a jamais autorisé, ni même suggéré un tel acte ; de fait ce n'est qu'après l'expulsion qu'ils en ont eu connaissance.

Tandis qu'une mesure aussi déplorable et inhumaine est un viol dans le cours de la justice britannique, la réflexion serait plus grande si elle était peinte de faux rapports et d'apologies spécieuses.

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