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La rue Moncton ... dans la Capitale nationale !?!
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Source : http://www.vigile.net/999/gervaismonckton.html
Lettre ouverte au maire de la ville de Québec
La rue Moncton ... dans la Capitale nationale !?!
Il y a ignominie, pour la ville de Québec, à maintenir dans sa toponymie le nom de ce « nettoyeur ethnique ».
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M. NET(TOYAGE ETHNIQUE)
Voici copie de la lettre ouverte que je viens d'adresser au maire de la ville de Québec, Jean-Paul L'Allier. Il se trouve que, si le Nouveau-Brunswick honore Moncton en désignant de ce nom une de ses villes, la Vieille Capitale fait de même en en désignant une de ses avenues. Il se trouve aussi qu'à l'occasion du dernier sommet de la Francophonie tenu à Moncton, la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal nous a opportunément rafraîchi la mémoire concernant ce Moncton, bourreau des Acadiens (et dont le nom s'épelait alors Monckton). Ma lettre ouverte s'inscrit donc dans la foulée de ces critiques, dont la SSJBM a pris l'initiative et qui ont eu beaucoup d'écho (reportages dans la Presse Canadienne, Le Monde, L'Express, Libération, des journaux africains, etc.) Puis, en rédigeant mon projet de lettre ouverte au maire L'Allier, j'ai appris que la Société nationale des Québécoises et des Québécois de la Capitale entreprenait une action pour radier Moncton de la toponomie de la ville. Bonne nouvelle.
Lettre ouverte au maire de la ville de Québec, Jean-Paul L'Allier
Québec, le 24 septembre 1999
Monsieur Jean-Paul L’Allier
Maire de Québec
Hôtel de ville
C.P. 700, Haute-Ville
Québec (Québec)
G1R 4S9
Monsieur le Maire,
Une avenue de la ville de Québec porte le nom de Moncton, en l’honneur d’un colonel de l’armée coloniale britannique, Robert Monckton. Comme cet honneur est immérité et qu’au contraire la ville se déshonore en le maintenant, je demande, par la présente, qu’on rebaptise l’actuelle avenue Moncton « avenue des Acadiens ». L’avenue en question, qui va du chemin Sainte-Foy aux Plaines d’Abraham, porte en effet le nom d’un des principaux responsables et exécuteurs du génocide acadien perpétré au milieu du XVIIIe siècle.
C’est en effet de connivence avec le colonel Monckton qu’en 1755, décision fut prise de décimer les Acadiens par le moyen de la déportation (séance du 28 juillet du Conseil de la Nouvelle-Écosse présidé par le gouverneur Charles Lawrence). C’est le colonel Monckton qui dirigea et organisa les premières déportations, notamment celles des 6 500 habitants de Grand-Pré, d’Annapolis, de Beauséjour et de Piziquid, qu’il fit entasser dans des rafiots insalubres à destination de colonies américaines inhospitalières, les vouant ainsi à la misère, à l’errance et à la mort. C’est ce colonel Monckton qui, à partir de décembre de la même année, à titre cette fois de gouverneur de la Nouvelle-Écosse en remplacement de Lawrence, poursuivit cette véritable « solution finale » du « problème acadien ». Cela, en dehors de tout état de guerre déclaré.
Pendant les sept années que dura la déportation, la population acadienne fut décimée aux trois quarts. Des 15 000 Acadiens de 1755, il n’en restera que 2 500 en 1762. Plus du tiers, de 5 000 à 6 000, trouvèrent la mort. Le colonel Robert Monckton est directement responsable d’au moins la moitié de ces déportations, sans parler des exactions, de la terreur, de l’incendie des maisons et des bâtiments de ferme, de la confiscation des terres, des biens, du bétail et des céréales, dont cette déportation s’accompagnait.
Il y a ignominie, pour la ville de Québec, à maintenir dans sa toponymie le nom de ce « nettoyeur ethnique ». L’odonyme Moncton entache l’honneur de notre capitale nationale et blesse l’amitié historique entre Québécois et Acadiens. De plus, l’odonyme Moncton, arboré précisément devant ce lieu dit des Plaines d’Abraham, choque la mémoire, quand on sait qu’au siège de Québec en 1759, un contingent de 150 déportés acadiens vint défendre la capitale de la Nouvelle-France aux côtés des « Canadiens » et que, du général assiégeant James Wolfe, le « nettoyeur » Robert Monckton était devenu commandant en second. Ce serait donc un juste retour des choses que l’avenue Moncton devienne l’ « avenue des Acadiens ».
Je suggère également que Québec procède à ce changement d’odonyme au cours d’une cérémonie officielle et populaire le 15 août 2000, le 15 août étant le jour de la fête nationale annuelle des Acadiens. La ville devrait aussi, pendant les trois mois qui suivent, faire flotter le drapeau acadien à tous les lampadaires de la nouvelle avenue des Acadiens et, plus visiblement encore, aux lampadaires sis à l’angle de la Grande-Allée, devant les plaines d’Abraham.
Par ces gestes, la ville de Québec corrigerait un tort à l’endroit des Acadiens et contribuerait à sauver la mémoire des victimes de ce bourreau. Et puis, Monsieur le Maire, j’aimerais bien promener mon chien, comme je le fais chaque jour sur l’avenue en question, sans devoir, à chaque coin de rue, passer sous les honteuses pancartes de notre amnésie historique.
Recevez, Monsieur le Maire, avec cette demande, l’assurance de ma haute considération.
Richard Gervais
Résidant de la ville de Québec (#2348)
LE NETTOYEUR NETTOYÉ
C'est parce que Monckton "nettoyait" qu'on doit aujourd'hui nettoyer la toponymie de son nom, pas parce qu'il servait sous la couronne britannique.
La raison pour laquelle je propose à la ville de Québec de supprimer le nom de Moncton de sa toponymie et, en l'occurrence, de changer l'appellation "avenue Moncton" par celle d'"avenue des Acadiens", ne réside pas dans le fait que Robert Monckton appartenait à l'armée coloniale britannique ou qu'il faisait partie des colonisateurs anglais. Non. Ma raison est que ce colonel a commis un génocide et qu'il est honteux pour nous de perpétuer sa mémoire en oubliant son crime.
J'en profite pour ajouter deux choses.
Notre histoire et celle des Acadiens nomment ce génocide le "grand dérangement". Rien que ça, un dérangement ! Un "grand" dérangement, soit, mais enfin rien qu'un dérangement. Et puis, on finit par trouver ça remarquablement créatif, sur le plan de la langue, cette gentille dénomination. Et puis, au fait, a-t-on vraiment tenté d'exterminer les Acadiens? On les a seulement déplacés, non ! Et puis, comme disait l'autre, pourquoi s'intéresser à ces questions du passé : tournons-nous vers l'avenir. Et puis, comme disait Antonine Maillet ---- qui s'imagine sans doute que le martyre acadien avait pour finalité sa propore réussite littéraire et celle de la Sagouine ----, soyons fiers de n'avoir pas tous péris victimes du bourreau Monckton et de survivre aujourd'hui dans la ville même qui porte son nom ! (Émission Le Point, Radio-Canada, 3 septembre 1999). Non. Ce poétique "dérangement" a été une très prosaïque extermination. Et je pense bien qu'il faut voir, dans la gentillette appellation de "grand dérangement", une autre illustration de l'histoire à l'eau de rose qu'on nous conte depuis longtemps, que nous nous contons souvent encore et qui est, effet de la colonisation, inscrite dans notre mémoire collective.
En droit, la "déportation" est une "peine politique perpétuelle, afflictive et infamante, qui consistait à exiler un condamné dans un lieu déterminé". En France, la déportation a été remplacée en 1960 par la détention criminelle. (Voir les dictionnaires Larousse et Robert.) Les Acadiens n'ont été condamnés par aucun tribunal : ils ont été attrapés par ruse, pourchassés directement par la soldatesque et exilés de force.
Richard Gervais
24 septembre 1999 (#2352)
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