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Déclaration : : L'hon. Ronald Duhamel (ministre des Anciens combattants et secrétaire d'État (Diversification de l'économie de l'Ouest canadien) (Francophonie), Lib.)
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37e LÉGISLATURE, 1re SESSION
HANSARD RÉVISÉ - NUMÉRO 129
Le mardi 11 décembre 2001
La Première Guerre mondiale
L'hon. Ronald Duhamel (ministre des Anciens combattants et secrétaire d'État (Diversification de l'économie de l'Ouest canadien) (Francophonie), Lib.):
Monsieur le Président, honorables collègues, je prends la parole aujourd'hui afin de vous parler de la Première Guerre mondiale et du sort qui fut jadis réservé à un certain nombre de Canadiens, un sort qui a ni plus ni moins été effacé des pages de notre histoire.
Le vent d'optimisme qui soufflait sur la jeune nation canadienne à l'aube du XXe siècle fut brusquement arrêté par la Première Guerre mondiale. Nul ne prévoyait un tel carnage. Ou que nous enverrions bientôt de jeunes citoyens dans une guerre à laquelle participèrent soixante-cinq millions d'hommes provenant de 30 pays, une guerre au cours de laquelle 10 millions d'hommes périrent et 29 millions d'autres furent blessés, capturés ou portés disparus.
Ce fut une guerre sans précédent. Tant au niveau du nombre de vies perdues que de la façon dont elles le furent. Les nouvelles armes transformèrent les champs de bataille en véritables boucheries, tandis que les rigueurs de la vie dans les tranchées tuèrent nombre de ceux qui échappèrent aux balles ou aux baïonnettes.
[Français]
Cette «guerre qui devait mettre fin à toutes les guerres» poussa notre petit pays de huit millions d'habitants à son ultime limite. Près de 650 000 Canadiens servirent dans les Forces canadiennes au cours de la Grande Guerre. Plus de 68 000, soit plus de un sur dix, ne rentrèrent jamais au pays. Les pertes totales s'élevèrent à environ un tiers de tous ceux qui portèrent l'uniforme. Des milliers d'hommes revinrent au pays brisés dans leur corps et dans leur âme.
Les soldats canadiens accomplirent un service remarquable et distingué. L'histoire nous rappelle les sacrifices qu'ils consentirent dans des lieux dont les noms résonnent encore aujourd'hui dans nos coeurs: Ypres, la Somme, la crête de Vimy, Passchendaele et Amiens.
Ceux qui vivaient à l'époque et les historiens qui ont suivi ont affirmé que lors de la Première Guerre mondiale, les réalisations et l'ingéniosité de nos compatriotes firent entrer le Canada dans une nouvelle ère.
L'histoire rend compte du sacrifice et des réalisations de notre pays, mais témoigne trop peu souvent des triomphes, des tragédies et des horreurs que vécurent ceux qui combattirent et périrent sur les terribles champs de bataille, en France et en Belgique.
[Traduction]
Ceux qui sont allés à la guerre à la demande de leur pays ne pouvaient savoir ce qui les attendait. Car ce fut une guerre d'une fureur et d'une horreur indicibles.
Nous savons peu de choses des derniers moments de vie de la majorité des Canadiens qui prirent les armes et consentirent le sacrifice ultime. Sauf qu'ils sont morts pour la défense de la liberté.
Aujourd'hui, je veux parler à la Chambre de l'histoire unique de 23 de nos compatriotes tombés au combat. Ces 23 soldats du Corps expéditionnaire canadien occupent une place inhabituelle dans notre histoire militaire. Ils furent exécutés légalement pour des infractions militaires comme la désertion et la lâcheté dans un cas.
Nous ne pouvons évidemment changer le passé. Nous ne pouvons revivre ces terribles années d'une nation en péril dans une guerre totale, et la culture de cette époque nous est par conséquent difficile à comprendre vraiment.
Nous pouvons toutefois poser un geste solennel, plus conscients aujourd'hui que nous l'étions jadis, que les gens peuvent flancher pour des raisons sur lesquelles ils n'ont pas de contrôle. Aujourd'hui, pour certains de ces soldats, on parlerait sans doute du syndrome de stress post-traumatique.
Dans le but de donner à ces 23 soldats la dignité qu'ils méritent et de permettre aux membres de leurs familles de tourner la page, à titre de ministre des Anciens Combattants et au nom du gouvernement du Canada, je tiens à exprimer ma peine profonde à l'égard de la mort de ces hommes, non pas à cause de ce qu'ils ont fait ou n'ont pas fait, mais parce qu'ils reposent aussi en terres lointaines là où les coquelicots poussent entre les rangées de petites croix.
[Français]
Bien que ces 23 soldats venaient de diverses régions du Canada, ils s'étaient tous portés volontaires pour servir leur pays dans cette armée de citoyens. Le service qu'ils ont accompli ainsi que les difficultés auxquelles ils durent faire face avant leurs infractions seront désormais commémorés et ne seront jamais oubliés.
[Traduction]
Permettez-moi de faire connaître leur nom à la Chambre: Le sergent quartier-maître William Alexander, le bombardier Frederick Arnold, le soldat Fortunat Auger, le soldat Harold Carter, le soldat Gustave Comte, le soldat Arthur Dagesse, le soldat Léopold Délisle, le soldat Edward Fairburn, le soldat Stephen Fowles, le soldat John Higgins, le soldat Henry Kerr, le soldat Joseph Lalancette, le soldat Come Laliberté, le soldat W. Norman Ling, le soldat Harold Lodge, le soldat Thomas Moles, le soldat Eugene Perr, le soldat Edward Reynolds, le soldat John Roberts, le soldat Dimitro Sinizki, le soldat Charles Welsh, le soldat James Wilson et le soldat Elsworth Young.
[Français]
Nous rappelons le souvenir de ces hommes qui ont été grandement oubliés. Depuis plus de 80 ans, ils reposent auprès de leurs camarades tombés au combat, dans des cimetières en France et en Belgique.
[Traduction]
J'annonce aujourd'hui à la Chambre que les noms de ces 23 volontaires seront inscrits dans le Livre du Souvenir de la Première Guerre mondiale, à côté de ceux de leurs compagnons d'armes. En ajoutant les noms de ces citoyens-soldats dans les pages de ce livre sacré qui se trouve dans la Chapelle du Souvenir, tout près d'ici, nous rendrons à jamais un juste hommage au service qu'ils ont accompli et au sacrifice qu'ils ont consenti.
Nous nous souviendrons d'eux.
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